cicéron
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Crédit ©Iuliia Sokolovska - Adobe stock
La crise environnementale avait déjà mis au centre des débats sur la transition écologique le concept de ville productive, notamment à travers des opérations particulières[1]. En France, le PUCA a rejoint le mouvement en lançant en 2020 le programme Ville productive. Avec la crise sanitaire de 2020-2021, la problématique a pris une dimension nouvelle, faisant souvent écho au défi de la souveraineté industrielle et à l’enjeu du maintien de l’activité productive sur le territoire national.
Malgré un usage intensif, cette notion reste à définir, l’absence de conception théorique univoque ou d’auteur référent tel que Sassen pour les villes globales ou Ellison et Glaeser pour les métropoles, donnant à la ville productive un statut hybride et variant selon les champs disciplinaires. Suivant le contexte, quatre conceptions, de portée inégale, s’imposent :
L'avenir des villes dépend d'une transformation profonde du modèle productif et économique et la fabrication peut jouer un rôle fondamental en fournissant les capacités, les compétences et les technologies nécessaires pour les réinventer à partir de nouvelles perspectives écologiques et humaines. L’industrie a un rôle clé à jouer dans ce changement. C’est en cela que la Chaire Ville, Industrie Transition Ecologique portée par EconomiX et l’Ecole des Ponts en partenariat avec l’Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts propose une approche novatrice de la ville productive.
En effet, si le retour d’activités industrielles concentrées correspondant au modèle de production de masse n’est plus envisageable, les nouveaux modes d’organisation de la production rendent possible la présence d’activités de fabrication, de maintenance et de services liés à l’industrie dans les milieux urbains. FabLabs, espaces de co-working et tiers lieux sont les figures emblématiques mais aussi restrictives des villes qui voient leur avenir dans le productif.
En outre, si des expérimentations nombreuses ont pu naître et se développer sous l’égide de l’économie circulaire, le passage à l’échelle via la création de nouveaux opérateurs, de nouvelles filières ou de nouveaux marchés s’avère plus difficile à organiser. Enfin, au-delà des nouveaux espaces de « production artisanale » permis par les progrès du numérique, la notion de ville productive appelle également des questionnements sur le maintien, voire le développement, d’activités intensives en capital et souvent consommatrices d’espace, dans des territoires où le foncier apparaît de plus en plus difficile à mobiliser pour ce type d’activités.
Les travaux portés par les membres de la chaire partent de situations concrètes (Flers, Vire, Brest, La Métropole européenne de Lille, etc.) dont ils analysent en profondeur la structuration, ce travail de fond leur permettant de proposer des actions en vue de la relocalisation de la production et du rapprochement des lieux de production et de consommation des biens rendue nécessaire par la transition écologique.
Par cette action de médiation scientifique, la chaire « Ville, Industrie et Transition Ecologique » offre un cadre de structuration des réflexions sur la ville productive tout en éclairant les décideurs sur les conditions permissives de la présence des activités de production dans les territoires urbains, et les formes industrielles au sens large compatibles avec cette réorganisation des espaces économiques.
[1] (Bruxelles ville productive en 2012, Thématique du concours Europan en 2015 ou la Biennale de Rotterdam 2015-2016).