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L’année 2020 aurait dû être une année phare d’engagements forts en faveur de la biodiversité avec le Congrès Mondial de la Nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature prévu en juin à Marseille et la quinzième Conférence des Parties COP15 de la Convention sur la diversité biologique en novembre, durant laquelle devait être adopté le cadre mondial post-2020 pour la biodiversité. Nous nous étions préparés pour cela !
La pandémie de Covid-19 est venue bouleverser l’agenda reportant en 2021 ces deux réunions internationales majeures. La crise que nous connaissons actuellement souligne encore d’avantage l’urgence de lutter contre la dynamique d’effondrement de la biodiversité et d’identifier ses causes principales pour avancer vers un modèle de société plus durable.

Pour contribuer à mettre fin à la perte de biodiversité, les entreprises ont besoin de cibles, de scénarios et d'outils. Et elles sont aussi besoin de partenaires crédibles, pour développer et mettre en œuvre dans la durée leur stratégie. Nous souhaitons être l’un d’entre eux en contribuant aux développements des outils nécessaires à l’intégration de la biodiversité dans tous les secteurs, ainsi que pour impliquer plus particulièrement les entreprises et l'industrie. En mesurant les impacts des entreprises et des actifs financiers à travers les chaînes de valeur, ces outils peuvent mettre en évidence des actions visant à réduire efficacement les pressions sur la biodiversité.

Au cours de ces dernières années, les liens entre les entreprises et la biodiversité ont été explorés par plusieurs projets de recherche dans le cadre de la Mission Économie de la Biodiversité - MEB. En 2015, d’importants travaux ont été menés afin de comparer les inconvénients et les limites des outils existants, et tenter de guider les entreprises dans leur choix d’outil de mesure de la biodiversité. Le constat du besoin impérieux d’un outil axé sur la biodiversité elle-même et pas seulement sur les services écosystémiques a été mis en évidence. Cet outil devrait utilise une mesure agrégée compréhensible par tous, et mesurer l’empreinte de la biodiversité des entreprises de divers secteurs à l’échelle de l’ensemble de la chaîne de valeur. Il est important de noter que, les secteurs économiques les plus avancés et réglementés en termes d’atténuation de leurs impacts ne sont pas ceux qui représentent les impacts les plus importants.

Dans ce contexte, la MEB a lancé le développement d’un outil dédié, le Global Biodiversity Score - GBS, en étroite collaboration avec les membres du club B4B+ (Business for Positive Biodiversity Club). Ce dernier regroupe 25 entreprises et 10 institutions financières prêtes à soutenir l’émergence du GBS, à le tester sur leurs données, et mesurer quantitativement et qualitativement leur impact sur la biodiversité.

Une dizaine de pilote ont été réalisés par CDC Biodiversité avec les membres du Club B4B+, permettant d’anticiper le besoin de données et la compréhension de l’outil par les financeurs et entreprises issues de différents secteurs économiques.

Afin d’évaluer l’empreinte de la biodiversité des entreprises, l’approche principale du GBS est de lier les données sur l’activité économique aux pressions sur la biodiversité, et ainsi traduire ces pressions en impacts sur la biodiversité. Une approche hybride est utilisée, pour extraire une partie des données disponibles à chaque étape de l’évaluation. Les données concernant les achats ou bien celles liées aux pressions (telles que les changements d’utilisation des terres ou les émissions de gaz à effet de serre) peuvent ainsi être utilisées dans le but d’affiner les évaluations. En l’absence de données précises, un calcul par défaut évalue les impacts en fonction des données du chiffre d’affaires financier.

Le GBS peut être utilisé pour évaluer l’impact ou l’empreinte des entreprises et les footprint investissements sur la biodiversité. Les résultats des évaluations menées avec le GBS sont exprimés en MSA.km2 unité de mesure dans laquelle la MSA est l’abondance moyenne des espèces, une mesure exprimée en pourcentage et caractérisant l’état des écosystèmes. Les valeurs de la MSA varient de 0 % à 100 %, où 100 % représentent un écosystème vierge ou intact. Les parties prenantes peuvent ensuite établir des indicateurs basés sur les résultats d’évaluation du GBS.

La version 1.0 du GBS a été officiellement lancée le 12 mai 2020.

 

Cadre post-2020 et mesure d’empreinte

En perspective de l’Accord de Paris (2015), les objectifs scientifiques ont joué un rôle clé pour les États et les entreprises afin d’établir l’atténuation du changement climatique comme priorité de la gouvernance mondiale. Les objectifs quantitatifs permettent aux acteurs volontaires du secteur privé de mesurer, de surveiller et de s’entendre sur des objectifs cohérents, en tenant compte de leur juste part des efforts nécessaires à l’atténuation du changement climatique. Ces objectifs ont la particularité de découler des frontières planétaires, comme la limite climatique de 2°C associé à son budget carbone, dont l’optique est d’allouer un tel budget à d’autres acteurs.

La limite planétaire de la perte de biodiversité est estimée à 72 MSA% (Lucas et Wilting 2018),alors que nous sommes aujourd’hui à 63 MSA% et continuons à perdre environ 0,3 MSA% chaque année. Les nouveaux objectifs pour les périodes 2020-2030 seront fixés lors de la Conférence des Parties de la Convention sur la diversité biologique (COP15) début 2021.

Au moment de la rédaction de cet article, le cadre concernant l’après-2020 pour la biodiversité se concentre sur la négociation d’objectifs relatifs à :

1) L’état de la biodiversité ;

2) Les facteurs de perte de biodiversité ;

3) Les outils et les solutions pour piloter l’action (CBD 2019).

En effet, si la définition des objectifs de l’état de la biodiversité est nécessaire pour la décennie 2020-2030, elle ne peut être atteinte sans tenir compte des profondes causes (directes et indirectes) responsables de son déclin. Par conséquent, préserver la biodiversité signifie qu’il faut réduire les facteurs de son érosion et permettre aux acteurs des secteurs privé et public de mener des actions en sa faveur, sans être pénalisés sur le plan compétitif. Dans ce contexte, le Global Biodiversity Score est un outil d’autonomisation pour le secteur privé qui permet de traduire les objectifs internationaux en leviers, afin de contrer la perte de biodiversité.

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