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Dans le contexte de changement climatique, la transition de l’économie et des usages vers une trajectoire bas-carbone constituent un immense défi. Si les pouvoirs publics multiplient les scénarios, dans le sillage de l’Union Européenne, leur mise en œuvre bute sur des obstacles opérationnels.
Il existe de nombreuses études prospectives top down (de haut en bas) qui proposent des trajectoires de décarbonation à l’horizon 2050, réalisées tant au niveau international (GIEC, AIE…) qu’à l’échelle nationale par les organismes publics (France Stratégie, CGEDD, ADEME, RTE…), les think-tanks (négaWatt, the Shift Project…) ou les acteurs privés. Mais les résultats sont décevants en dépit de nombreuses avancées sur le terrain (bottom up, c’est-à-dire de bas en haut). Il est temps de passer à l’action !
Constatant le décalage entre les objectifs ambitieux de décarbonation et les résultats, les partenaires de la Chaire Énergie et Prospérité ont souhaité :
Au cours de nos deux ateliers et des échanges qui ont suivis, nous avons analysé en détails plusieurs études de terrain. Dans ce cadre, nous avons étudié la décarbonisation des territoires à travers la mobilité dans la périphérie des grandes métropoles. Le déploiement de la mobilité électrique pour les transports du quotidien est exemplaire des difficultés à articuler les approches top down et bottom up et à les traduire en transformation concrète des systèmes économiques. L’approche globale se traduit par des dispositifs normatifs et légaux contraignants pour les véhicules thermiques et des aides importantes face aux prix plus élevés des véhicules électriques. Cependant, la transition vers le véhicule électrique, à l’échelle des territoires, reste insuffisante pour deux raisons principales :
Notre rapport présente notamment une analyse de projet d’innovation conduit par la Métropole de Rouen (MRN) « Mobilités Intelligentes pour tous », un projet qui porte sur l’organisation de la mobilité de son territoire pour répondre aux enjeux climatiques, de cohésion sociale, d’attractivité et de soutenabilité économique[1].
En outre, nous avons également étudié la décarbonation des secteurs industriels, dit fortement carbonés (hard to abate). Dans ces derniers, la transition énergétique doit s’appuyer sur des innovations non matures. Il est alors nécessaire de les développer grandeur nature dans des unités pilotes, mais une telle démarche a plusieurs caractéristiques :
L’étude a porté spécifiquement sur l’industrie verrière, à partir d’un travail mené au sein d’ENGIE. Nous avons notamment mis à jour les problèmes posés par l’évaluation de ce type d’opérations, ce qui nuit considérablement à leur financement par les pouvoirs publics. La principale difficulté rencontrée a trait à la faible appropriation de la connaissance. De fait, bien souvent, les retombées sont non seulement techniques, mais organisationnelles et elles vont se diffuser sur l’ensemble du secteur sous la forme d’effets d’apprentissage et de débordement (spillovers) sans qu’il soit possible de les protéger par des brevets.
Enfin, d’autres études menées au sein de l’ADEME et de la Banque des Territoires ont été analysées : l’Extrême défi où comment collaborer pour une nouvelle offre de véhicules ; la Zero Emission Valley consistant à développer un écosystème hydrogène pour la mobilité dans la Région Auvergne-Rhône-Alpes ; Logivolt qui ambitionne de lever les freins pour l’installation des bornes de recharge dédiées à la mobilité électrique dans l’habitat collectif.
À partir des études de terrain mentionnées précédemment, le rapport dégage trois grandes recommandations.
[1] L’étude a été animée par la Direction de la Recherche du Groupe Renault.
« Mettre en œuvre la transition énergétique : les enjeux de la planification et de la politique industrielle » [1]
[1] Le rapport a été rédigé par Dominique Bureau, Yann Chazal, Elodie Le Cadre-Loret, Matthieu Petiteville (rapporteur), Jean-Pierre Ponssard, Jean-Michel Trochet et Murès Zarea. Il a également bénéficié de la collaboration de l’Association Nationale de Recherche Technologique (ANRT), représentée par Clarisse Angelier et Olivier Appert.