Quelles sont les caractéristiques du mix énergétique du parc Hlm sur le territoire hexagonal ? Existe-t-il des différences avec le logement privé ? Le cas échéant, comment expliquer de telles différences et quelles en sont les répercussions sur les niveaux de performances énergétiques respectifs de ces deux parcs ? Ce billet se propose de répondre à cet ensemble de questions.

Un mix énergétique dans le parc Hlm principalement composé de gaz et de chaleur urbaine

Le service des études économiques de la Banque des Territoires a mené en 2023 une étude Eclairages qui a consisté à dresser un état descriptif du mix énergétique du logement Hlm. Parmi les conclusions, on peut retenir cette idée-force selon laquelle le gaz et le chauffage urbain pèsent plus de deux fois plus dans le parc Hlm que dans le parc libre. Le graphique ci-après, qui donne la répartition de la surface m² en fonction du combustible utilisé pour le chauffage, en donne les ordres de grandeur.

Ainsi, on retient que plus de la moitié des surfaces m² dans le parc Hlm est chauffé au gaz, contre un tiers dans le parc libre. De plus, on note que l’énergie consommée dans le domaine résidentiel par l’intermédiaire du chauffage urbain l’est presque intégralement par le parc de logement social. Enfin, le bois-énergie et le fioul sont consommés de façon marginale dans le logement Hlm, à la différence du parc privé où près d’un tiers des surfaces m² sont chauffées par ces deux combustibles.

La nature du bâti comme explication majeure à la singularité du mix énergétique du parc Hlm

Il existe de nombreux facteurs qui concourent à la singularité du mix énergétique du parc Hlm. L’explication majeure réside dans la nature du bâti : près de 85 % des logements dans le parc social sont des appartements, alors que dans le parc privé trois-quarts des logements sont des maisons. Ces différences sur le plan de la nature du bâti ont des incidences importantes sur la structuration du mix énergétique propre à ces deux parcs.

En effet, au niveau national, d’après les données du Centre d’études et de recherche économiques sur l’énergie (Ceren), près de 60 % des appartements sont chauffés au gaz, contre 1/3 des maisons. Environ 1/5 des maisons sont chauffées au fioul et 4 maisons sur 10 recourent à du chauffage électrique, tandis que 4 % des appartements utilisent du fioul et un quart d’entre eux font appel à du chauffage électrique. Pour le formuler autrement, c’est parce qu’il est largement dominé par le logement collectif que le parc Hlm présente une part du gaz aussi élevée dans son mix énergétique. La place importante occupée par le chauffage urbain dans le mix énergétique du parc Hlm s’explique notamment par le fait que ce parc présente une densité du bâti plus élevée, par opposition au logement privé dont l’importance relative des logements individuels se traduit par une densité thermique beaucoup plus faible.

50 Twh d’énergie consommée dans le parc Hlm, soit la consommation de fioul dans le parc libre

Sur le plan des volumes consommés, la contribution du logement Hlm au niveau de consommation énergétique du pays est plutôt modeste, du fait notamment de la place qu’occupe ce parc de logements dans le domaine résidentiel (14 % des logements en France sont des logements sociaux). A climat corrigé, comme on peut le noter sur le graphique ci-après, 400 térawattheures sont consommés dans le secteur libre contre 50 térawattheures dans le logement Hlm.

Si le parc Hlm est engagé dans des opérations ambitieuses de réhabilitation thermique, qui visent à limiter les niveaux de consommation énergétique résidentielle, ces résultats soulignent l’ampleur des efforts de réhabilitation à mener dans le parc libre étant donné les écarts de volume qu’il y a entre ces deux parcs. Le logement Hlm consomme une quantité d’énergie qui équivaut « seulement » à la consommation de fioul du logement privé, soit 1/3 de la consommation d’électricité de ce parc ou encore la moitié de sa consommation de gaz.

1/5ème de la consommation énergétique du parc Hlm dans la métropole du grand Paris

Parmi les caractéristiques territoriales du mix énergétique du parc Hlm mis en exergue dans l’étude, on peut citer le fait que les logements sociaux localisés dans le quart nord-est du pays ont une performance énergétique moindre, liée aux températures froides, estimé à 20 % d’énergie en plus par m². On peut également citer le fait que les villes localisées dans l’ouest et le sud de l’Hexagone ont tendance à moins recourir à du chauffage urbain. En outre, du fait de la prépondérance des appartements dans les grandes villes, ce sont plutôt ces dernières qui présentent au niveau de leur parc social une dépendance plus forte au chauffage urbain et au gaz, alors que l’électricité est plus prononcée dans les zones rurales ou faiblement urbanisées dans lesquelles on relève un habitat social plus dispersé.

Pour compléter ce bilan qui dresse certaines caractéristiques territoriales du mix énergétique du parc Hlm, on peut souligner à la lecture de la carte ci-dessous que les bassins d’implantation historique du logement social apparaissent comme les territoires où les niveaux de consommation énergétique sont parmi les plus élevés.

Parmi ces bassins d’implantation historique du logement social, on peut citer la région parisienne avec en particulier la métropole du Grand Paris, où l’on relève un niveau de consommation énergétique finale équivalant à 9 térawattheures, soit près d’un cinquième de la consommation énergétique totale du parc Hlm mesurée à l’échelle de la France hexagonale. On peut également citer la métropole européenne de Lille ainsi que les intercommunalités de Béthune-Bruay, Lens-Hénin, Douai et Valenciennes, ces territoires atteignant des niveaux cumulés de consommation énergétique qui sont proches de la métropole parisienne. Outre les grandes agglomérations localisées dans la partie sud de l’Hexagone, telles que les métropoles lyonnaise, marseillaise, toulousaine et bordelaise, où l’on relève des niveaux de consommation énergétique d’environ 1 à 2 térawattheures, on peut citer des villes de plus petite taille où les niveaux de consommation sont équivalents, comme Strasbourg, Rouen et Reims.

Une consommation énergétique par logement plus faible de 30 % dans le parc Hlm

En matière de performance énergétique, la consommation énergétique du logement Hlm est estimée dans l’étude à 12 % de la consommation énergétique de l’ensemble du parc résidentiel. Cela signifie qu’il y a une plus faible consommation énergétique par logement dans le parc Hlm que dans le secteur libre. D’après l’étude, un logement privé consomme en moyenne près de 16 mégawattheures d’énergie finale, contre moins de 12 mégawattheures pour un logement Hlm, soit une consommation énergétique inférieure de près de 30 % à celle du privé.

En s’appuyant sur les données sur Ceren, ces écarts entre parc privé et Hlm tiennent au fait que les logements collectifs (soit, pour rappel, 85 % des logements sociaux) consomment moins d’énergie par m² que les maisons lorsqu’ils ont été construits avant 2000, tandis qu’ils ont une surface moyenne de 34 m² par habitant contre 46 m² par habitant pour le logement individuel (qui représente 75 % du parc privé). Il s’explique également par le fait que le logement social, caractérisé par une part plus forte de logements construits après les premières réglementations thermiques, contient en proportion moins de passoires thermiques[1] que dans le parc privé, soit près de 10 % des logements contre près de 20 % dans le privé. Enfin, même si l’électricité est majoritairement utilisée dans le parc privé, celui-ci recourt plus à des combustibles associés à une consommation au m² élevée, tels que le fioul et le bois-énergie.

 

Télécharger l'étude pour aller plus loin

 

Éclairages n°29

La performance énergétique du logement Hlm

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Les passoires thermiques qualifient les logements « énergivores », c’est-à-dire des logements dont l’étiquette énergétique est classée en « F » ou « G » et qui se caractérisent donc par des niveaux de consommation énergétique par m² importants.