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Les plans de relance verts, de la Caisse des Dépôts et d'autres acteurs financiers sont-ils des catalyseurs de l’engagement citoyen dans les transitions ou des révélateurs d’une rupture avec les dynamiques locales ? Permettent-ils aux territoires de renouveler ou d’accélérer leur vision locale de la transition ainsi que de travailler leur coopération sur des combats communs ?
Dans le cadre des masters “Stratégies Territoriales et Urbaines” et “Governing Ecological Transitions in European Cities” de l’école urbaine de Sciences Po Paris, notre groupe composé de six étudiant·e·s a réalisé un projet collectif avec le soutien de l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, sur le thème des modalités d’engagement des citoyennes et citoyens dans le développement et le déploiement des plans de relance verts, notamment de la Caisse des Dépôts. Ce projet, qui s’est déroulé d’octobre 2020 à juin 2021, a été réalisé sous le tutorat de Patrick Beauvillard, co-fondateur de l’Institut des Territoires Coopératifs.
Notre travail s’est par définition inscrit dans le contexte de crise sanitaire lié à la Covid-19, dans lequel des dispositifs de relance budgétaire, dont un plan de relance national de 100 milliards d’euros (soit ⅓ du budget annuel étatique), ont été proposés par le gouvernement. 30 milliards des 100 milliards d’euros du plan national France relance ont été alloués à la décarbonation de l’économie, dont 26 milliards pris en charge par la Caisse des Dépôts pour relancer la transition écologique dans les territoires (en particulier via des prêts aux collectivités territoriales ou investissements directs de projets). En plus de ces crises sanitaire et économique en cours, le travail réalisé a également souhaité s’inscrire dans le contexte des crises écologique et démocratique que la société française traverse aujourd’hui.
L’étude s’appuie sur quatre voyages d’études réalisés de mars à juin 2021 sur les territoires du Pays de Redon, du Pays du Grand Briançonnais, du département de la Gironde et de la Métropole de Barcelone.
Ces voyages ont eu pour objectif de décortiquer le terreau d’engagement citoyen ainsi que de tester les hypothèses de recherches sur place. Les visites et rencontres faites sur le terrain sont pour une grande partie à la base de ce rapport. Durant ces huit mois de travail, nous avons réalisé une cinquantaine d’entretiens en majorité avec des acteurs territoriaux mais aussi avec des membres de la Banque des Territoires.
Plans de relance verts : catalyseurs de l’engagement citoyen dans les transitions ou révélateurs d’une rupture avec les dynamiques locales ? Afin de répondre à cette problématique, notre rapport propose plusieurs axes de réflexions : un état des lieux de l’engagement dans ses formes variées, leurs résonances dans les actions territoriales de transition écologique ainsi qu’une réflexion plus profonde sur les manières, pour une institution comme la Caisse des Dépôts, de mieux comprendre les dynamiques d'engagement locales, en questionnant son rôle dans les territoires.
Il s’agissait avant tout de décortiquer les composantes de l’engagement au local pour mieux comprendre les réalités, besoins et visions de la transition écologique des territoires - l’objectif sous-jacent étant pour la Caisse des Dépôts de proposer des projets non seulement efficaces mais également cohérents à travers ses plans de relance.
Parmi les grandes conclusions et enseignements de cette étude, nous avons souligné l’importance d’intégrer les réalités et les spécificités locales des territoires dans les financements de transition, en adoptant une approche co-construite sur des échelles temporelles longues et nourries d’un effacement institutionnel.
Pour ce faire, l’échelle de proximité est selon nous à privilégier dans la pensée du financement de l’ingénierie humaine, dans la formation des agents ou encore dans la réflexion sur ses grilles de mesure. Nous proposons par ailleurs de prendre davantage en compte la diversité des postures et besoins des acteurs du territoire et de pouvoir ouvrir le débat sur un certain nombre de dialogies développées dans le rapport, telles que la tension entre la vision sectorialisée et technique de la transition et la vision transversale de cette dernière.
En outre, le travail réalisé nous a amenés à questionner la notion de relance verte, perçue par le gouvernement et une partie des acteurs institutionnels comme un retour à l’équilibre de la période pré-covid. Cette vision est venue en contradiction avec le récit de rupture prôné par des acteurs et actrices du territoire de plus en plus nombreux et engagés dans une transition sociale, démocratique et écologique, dont le rapport fait état.
Le rapport a également questionné la posture des acteurs institutionnels, soulignant la nécessité du développement de la posture de co-responsabilité entre acteurs institutionnels et non-institutionnels, en jouant sur différents niveaux de responsabilité.
Enfin, l’étude propose deux pistes de réflexion à destination des acteurs : premièrement, elle invite à questionner l’articulation des financements au niveau local et leur résonance avec les besoins spécifiques des territoires, plutôt qu’un fléchage par grand secteur identifié dans la transition écologique. Elle incite ensuite à repenser l’approche humaine du financement et notamment l’implication citoyenne en amont de la construction d’offres de financement. C’est dans cette optique que l’idée d’un fléchage budgétaire consacré à de l'ingénierie humaine, dynamisée par les besoins du local, a été soulignée comme une piste intéressante pour favoriser un engagement cohérent dans les territoires, et ainsi, augmenter l’efficacité des affres financières.
Les plans de relance verts, de la Caisse des Dépôts et d'autres acteurs financiers, pourraient aujourd’hui offrir une chance historique aux territoires de renouveler ou accélérer leur vision locale de la transition, aussi bien écologique que sociale et démocratique, ainsi que de travailler leur coopération sur des combats communs. Bien que ces plans soient ambitieux, l’étude montre donc que la vision sectorielle des plans dans leur volet écologique freine l'opportunité de façonner un engagement plein. In fine, il est moins question de savoir comment engager les habitants que de comprendre comment l’engagement s’illustre dans différents territoires afin de mieux répondre aux besoins locaux et ainsi, s’en inspirer pour le développement de financements de la transition de manière efficace, cohérente et honnête.
L’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts soutient annuellement un projet collectif d’étudiants du Master Stratégies territoriales et urbaines de l’Ecole urbaine de Sciences Po. En 2020-2021, le projet collectif soutenu a porté sur le thème « Plans de relance verts : catalyseurs de l’engagement citoyen dans les transitions ou révélateurs d’une rupture avec les dynamiques locales ? ». Le projet a été produit par Pia Benguigui, Marianne Carre, Cécile Drouet d’Aubigny, Esther Lasar, Morgane Ollier et Hugo Terrasse, avec le pilotage de Patrick Beauvillard, co-fondateur de l’Institut des Territoires Coopératifs.
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