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30% des Français vivent dans un désert médical (IRDES, 2022). Derrière ce chiffre alarmant, un temps d’attente allongé pour avoir des rendez-vous médicaux - voire un renoncement à l’accès aux soins pour certains -, une prise en charge tardive des pathologies, des interventions plus lourdes et plus coûteuses, sans compter la mise sous pression du personnel de santé[1]. Depuis la crise sanitaire a émergé une tendance qui apporte des solutions concrètes pour lutter contre les déserts médicaux, et qui n’est pourtant pas nouvelle : la médecine à distance via les technologies numériques.

Alors, la santé numérique[2] : solution magique ou effet gadget ?

Qu’est-ce que la santé numérique ?

Le terme de « santé numérique » est utilisé de plus en plus fréquemment. Derrière ce mot-valise, se trouve une large variété d’applications d’outils numériques au service de l’accès au soin. Surtout, la santé numérique s’adresse à plusieurs cibles : les professionnels de santé grâce à des logiciels de pointe (logiciels permettant de faire gagner du temps médical), les patients grâce notamment à la télémédecine (téléconsultation, téléexpertise), les personnes âgées grâce au télésoin, etc. Explications sur les principaux outils qui permettent un accompagnement plus complet du patient :

De plus en plus de médecins utilisent des logiciels « métiers », outils numériques facilitant la prise en charge des patients et la constitution de leur dossier comprenant des données cliniques, grâce à des fonctionnalités variées.

La télésanté englobe plusieurs prestations, dont les deux principales :

    • La télémédecine est une pratique de la médecine à distance, grâce à l’utilisation d’outils numériques. Elle facilite une prise en charge rapide et efficace des patients, notamment dans les déserts médicaux, afin de livrer un diagnostic médical au patient sans que celui-ci ait besoin de se déplacer de chez lui. Les médecins ont de plus en plus recours à la télémédecine depuis l’épidémie de Covid-19 (trois médecins sur quatre fin 2020[3]).
    • Le télésoin permet la prise en charge à distance du patient par un auxiliaire médical ou un pharmacien, en utilisant les technologies de l'information et de la communication.

Les différentes prestations proposées par la télésanté :

©Direction générale de l’offre de soins (DGOS)

Les objectifs de la santé numérique ?

Premièrement, pallier la distance entre patients et praticiens de santé qui a augmenté en raison de la multiplication des déserts médicaux : les médecins, auxiliaires de santé, pharmaciens et personnels médicaux, de moins en moins disponibles pour les patients, peuvent au contraire gagner du temps médical grâce à la santé numérique. Cela leur permet de retrouver une proximité avec des patients éloignés géographiquement du lieu de prise en charge, ou bien qui peinent habituellement à trouver un rendez-vous. Cet objectif est partiellement atteint, puisque pour 58,6% des consultations à distance, le médecin exerce dans la commune de résidence du patient ou à moins de 5 kilomètres[4]. Sept téléconsultations sur dix sont d’ailleurs réalisées avec des patients résidant dans les grands pôles urbains, là où les transports en commun sont les plus développés et où il est donc le plus facile de se déplacer. Un praticien sur trois estime malgré tout que la téléconsultation peut constituer une solution de prise en charge des patients résidant dans des zones à faible densité médicale.

Deuxième objectif de la santé numérique, les praticiens de santé peuvent assurer un suivi beaucoup plus précis et affiné des pathologies de leurs patients, certaines technologies prédictives permettant même d’anticiper les risques.

Le numérique est ainsi devenu l’un des principaux leviers de la transformation du système de santé, dont la télémédecine est un exemple.

Un recours à la santé numérique qui se généralise depuis la crise sanitaire

Pourtant il n’est pas facile de changer ses habitudes, tant la culture du « médecin de famille » est parfois ancrée dans les habitudes , malgré les difficultés croissantes à programmer des rendez-vous sur le lieu de prise en charge. La crise sanitaire a cependant fortement contribué à la généralisation du recours à ces pratiques qui ne sont pas nouvelles : dès 2012, le gouvernement avait lancé le « Pacte territoire santé 2012-2015 » afin de résoudre le problème des déserts médicaux, et le développement de la télémédecine faisait partie des douze engagements.

Depuis l’épidémie de Covid-19, patients et personnels médicaux ont pris de nouvelles habitudes, même si le recours à la santé numérique est plutôt en baisse depuis lors : une enquête publiée début 2020 (Harris Interactive, Baromètre : les Français et la téléconsultation, vague 2, janvier 2020) met en lumière que la perception de la télémédecine a évolué. En effet, 58% des usagers se déclarent prêts à recourir à la téléconsultation, en particulier les plus jeunes (69%), les plus aisés (67%) et les résidents de la région parisienne (66%). Les plus âgés se montrent plus réticents (52%). Les médecins généralistes libéraux ont effectué 13,5 millions de consultations à distance en 2020 et 9,4 millions en 2021, contre 80 000 en 2019. Par ailleurs, de nombreuses téléconsultations ont aussi été réalisées par des médecins généralistes salariés de centres de santé : 600 000 en 2020 et 1,1 million en 2021, en majorité dans des centres effectuant l’essentiel de leur activité en téléconsultation.

De plus, la télémédecine favorise l’activité des professionnels de santé en réseau, ce qui peut aider à renforcer l’attractivité de la médecine libérale, aujourd’hui en déclin. Une enquête réalisée en 2019 par le Conseil national de l’ordre des médecins[5] a ainsi révélé que 62% des jeunes praticiens choisissent de devenir salariés, et 12% d’exercer exclusivement en libéral.

Cependant, on observe un recul important du recours à ces pratiques depuis la fin de la crise sanitaire : alors que l’on recensait 18,4 millions d’actes de téléconsultation remboursés par l’Assurance Maladie en 2020 (contre 0,1 en 2019), ce chiffre stagne autour de 13 millions depuis 2021 (13,5 en 2022 et 13,0 en 2023)[6]. Malgré tout, si les consultations au cabinet sont encore largement privilégiées, la téléconsultation fait à présent partie des pratiques médicales communes. Ce sont néanmoins les plus jeunes, médecins (4,8 % de l’activité des médecins généralistes libéraux de moins de 40 ans en 2021) comme patients (45,2 % des téléconsultations de médecins généralistes libéraux sont réalisées avec des patients de 15 à 44 ans), qui ont davantage recours à la téléconsultation[7], notamment dans les centres urbains[8]. Finalement, le recours à la télémédecine a certes évolué, mais il reste marginal pour plus de la moitié de la population.

Des outils innovants au plus près des besoins des praticiens de santé et des patients : zoom sur Rofim et Semeia

Offrir un service de santé de qualité et accessible pour tous, partout sur le territoire, est un enjeu majeur de société. C’est pourquoi la Banque des Territoires a fait de la lutte contre les déserts médicaux l’une de ses priorités stratégiques, et qu’elle est fermement convaincue que l’innovation numérique ne peut s’inscrire que dans un parcours de santé et des innovations organisationnelles, comme c’est le cas de Semeia et Rofim. En matière d’investissements dans la santé numérique, son action se concentre sur des entreprises proposant des services numériques et des usages liés à la santé, à la lutte contre les déserts médicaux, à la prévention et aux repérage des fragilités, à la dépendance, au médico-social. Cela inclut des start-ups innovantes qui ont à cœur de proposer une vision différenciée et plus complète du parcours de soins, comme Rofim et Sêmeia.

Rofim, start-up fondée en 2018 par le chirurgien vasculaire David Bensoussan à Marseille, est une plateforme de télémédecine qui connecte les professionnels de santé pour faciliter le diagnostic et améliorer la prise en charge des patients. Elle propose des outils numériques à destination des professionnels de santé : une solution complète de téléexpertise médicale et de téléconsultation assistée, via une plateforme sécurisée. Celle-ci permet à plusieurs praticiens de suivre un dossier patient à distance, d’en discuter afin de proposer les soins les plus adéquats et de travailler ensemble en visio-conférence. Rofim a également développé au cours de la crise sanitaire un module de téléconsultation sécurisé : le praticien peut décider de l’éligibilité des patients ou du mode de règlement. Ces solutions numériques, complémentaires, dessinent un parcours de soins plus complet pour le patient dont le dossier est étudié par plusieurs confrères à distance. Elles permettent ainsi d’adresser directement la problématique des déserts médicaux.

Sêmeia propose aux établissements et aux professionnels de santé un service innovant de télésuivi appuyé par l’intelligence artificielle pour améliorer la prise en charge des patients et simplifier la vie des soignants. Fondé en 2017, Sêmeia propose aux équipes de soin un service de télésuivi clef en main et leur offre les moyens d’accéder de manière simple et efficace aux informations pertinentes pour le suivi de leur patient sans perte de temps consacrée àla saisie des données grâce à sa technologie de collecte automatique des données de santé en ville et à l’hôpital (parcours de soins, données de remboursement analyses biologiques, objets connectés…). Au-delà de la collecte et de la restitution de données, Sêmeia leur permet de recevoir des notifications et alertes à partir de règles médicales et d’algorithmes d’intelligence artificielle constitués à partir des données massives de l’Assurance Maladie (SNDS) chaînées avec des données cliniques, issues de cohortes et de registres nationaux.

 
Références