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Crédit © Myroslava / Adobe Stock
La dépense publique en faveur des territoires ultramarins est difficile à quantifier dans sa globalité. Au niveau de l’Etat, elle représente 27,3 Mds€ en 2021, (+ 11 % par rapport à 2020) auxquels s’ajoutent les moyens mobilisés par les opérateurs de l’Etat, AFD, Caisse des Dépôts et Banque des Territoires, Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, ainsi que les financements européens, soit un montant estimé au global à ~30 Mds€ annuels.
Pourtant, les tensions sociales répétées qui traversent les territoires ultramarins de plus en plus fréquemment révèlent un sentiment global d’inachèvement qui s’enracine dans des constats factuels en termes d’écarts de développements : écarts économiques, sociaux, écarts concernant la qualité des infrastructures,etc.
Tout d’abord, celui de l’absence ou l’insuffisance de cadre stratégique global. Si certains territoires possèdent un ou deux secteurs « forts », les entretiens menés pour l’élaboration du livre blanc ont systématiquement conclu à l’absence de vision globale à moyen et long terme pour le développement du territoire.
Le second constat est celui d’une maîtrise insuffisante du destin des territoires par les exécutifs locaux ; on recense en effet un foisonnement d’interventions d’acteurs externes, au premier chef l’État et ses operateurs, et une absence de mise en cohérence. Ceci a un effet cacophonique et fait courir un risque de sous-criticité systématique.
Troisième constat : les marges de manœuvre des territoires sont limitées pour jouer à armes égales dans leur environnement local ou pour jouer la carte de l’intégration régionale. Une triple contrainte apparait : le fait de privilégier la relation à la métropole sur l’environnement immédiat ; l’absence de marges de manœuvre pour adapter le cadre législatif, règlementaire et social venu de métropole (et souvent partiellement inadapté) ; le fait de ne pas jouer le jeu d’une intégration régionale où des actifs pourraient être valorisés (niveau et la qualité de vie, stabilité politique, système de santé et d’éducation).
Le quatrième et dernier grand constat concerne des fondamentaux insuffisamment déployés, par manque de coordination, d’ingénierie de projet et de compétences internes aux territoires. Et ce, malgré la présence de ressources, qu’il s’agisse de dispositifs d’appui, de financement et de soutien public. Mais la dispersion des efforts et le manque d’orientation amènent souvent des initiatives insuffisantes en termes de dimensionnement et de masse critique, d’ambition et de rapidité.
Pour identifier les leviers de développement applicables aux territoires ultra-marin, nous nous sommes appuyés sur des exemples vertueux recensés hors de France. Le livre blanc « Territoires ultramarins : pour un leadership économique territorial que nous venons de publier propose l’analyse des stratégies d’émergence économique de huit pays (Belize, Costa Rica, Croatie, Éthiopie, Île Maurice, Malaisie, Maroc et Rwanda).
8 territoires ultra-marins inspirants
Des stratégies qui se sont avérées fructueuses et ont eu des retombées économiques significatives. Bien que diverses, elles recèlent cependant un paradigme commun, fondé sur quelques fondamentaux : une gouvernance forte, inclusive, à même de produire une stratégie explicite, mobilisatrice et focalisée ; et une mobilisation de ressources financières et humaines à taille critique, pour maintenir la dynamique sur le long terme.
Pour assurer la réussite de ces stratégies, les leviers identifiés sont : l’investissement soutenu dans la montée en puissance du capital humain, à travers l’éducation et la formation professionnelle ; la libération des énergies via le soutien à l’entrepreneuriat dans une optique d’inclusion sociale ; la montée en gamme des infrastructures physiques et digitales permettant de stimuler les exportations et d’améliorer l’attractivité du cadre de vie ; et des approches prônant de plus en plus un développement plus durable et résiliant, notamment à travers des efforts de décarbonation et de protection des actifs naturels et de la biodiversité.
Le livre blanc établit ensuite une évaluation détaillée de la situation des territoires d’outre-mer, en cernant à chaque fois trois priorités pour conforter le développement, que ce soit en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. De ces analyses découlent quatre proposions pour changer de paradigme et accélérer le développement ultramarin :
Télécharger le livre blanc « Territoires ultramarins : pour un leadership économique territorial » publié par la SCET.