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Dossier
Le besoin de nature est devenu majeur dans les métropoles. Or, à mesure que la planète se réchauffe, la nature dépérit. Il est temps de se saisir de cette cause universelle pour la préserver et la restaurer !
Trop longtemps en opposition, ville et nature doivent trouver un moyen de coexister. La prise de conscience grandissante des questions environnementales et les confinements successifs ont montré l’importance de retrouver des éléments naturels en milieu urbain, et les bénéfices qui peuvent en être tirés.
En ville, la biodiversité rend des services écosystémiques essentiels. Pourtant, à l’échelle de la planète, elle est tellement malmenée qu’elle ne peut souvent plus rendre ces services. En cause, une surexploitation des ressources par l’Homme et une inertie politique trop ancienne.
Malgré l’état d’urgence, des solutions en faveur du vivant existent.
La nature en ville contribue au bien-être des citadins et permet de répondre au défi du réchauffement climatique. Les infrastructures dites « vertes » (en opposition aux infrastructures « grises » de type parking) peuvent avoir un impact sur l’économie locale avec la création d’emplois directs, une hausse de la valeur du foncier, des coûts évités dans le domaine de la santé, etc. Leurs bienfaits sont multiples et de plus en plus reconnus.
La nature ne peut plus seulement être considérée comme un élément décoratif de la ville. C’est aussi une forte demande sociale.
54 %
des urbains souhaitaient quitter la ville en France avant la pandémie (sondage IFOP de 2019)
Pendant longtemps, les citadins se sont fait une fausse représentation de la nature, qui se rapprochait plutôt dans l’imaginaire d’un « jardin à la française » bien ordonné. Qui dit nature en ville ne dit pas uniquement ruches sur le toit, pelouses bien taillées et parterres de jolies fleurs.
L'animateur-jardinier Stéphane Marie de « Silence, ça pousse ! » est notre Grand Témoin du mois.
Les espaces naturels sont aujourd’hui plus diversifiés, et prennent la forme de jachères fleuries ou encore de prairies mellifères pour préserver et restaurer la biodiversité ordinaire. Les espèces exotiques sont aussi bannies au profit de plantes locales vivaces et plus économes en eau. Il faut aussi être prêt à assumer en retour la présence d’espèces dites « indésirables » et d’herbes folles, favorables aux pollinisateurs.
Pour tenter d’inverser l’érosion de la biodiversité, il est temps de changer notre vision de la nature en ville. Il s’agit désormais de penser les écosystèmes dans leur ensemble et les liens qui existent entre eux. C'est la définition-même de la biodiversité, qui regroupe les espèces vivantes animales ou végétales, leurs interactions entre elles et avec leur milieu, selon l’Office français de la biodiversité.
L’étalement urbain a accéléré la disparition des infrastructures vertes (forêts, champs, zones humides, etc). En effet, les zones urbaines ont plus que doublé dans le monde depuis 1992. En France, plus de 80 % de la population vit en ville.
Pendant le premier confinement de 2020, on a vu resurgir des espèces sauvages en pleine ville : un renard dans les beaux quartiers londoniens, des paons à Madrid, des chèvres au Pays-de-Galles, un cerf au Japon, etc. De quoi surprendre les citadins du monde entier !
« Pourtant, ces animaux n'étaient pas bien loin et pas vraiment cachés », comme l'affirme Joëlle Zask dans Zoocities (éditions Premier parallèle, 2020). Simplement, personne n'y prêtait plus attention. Ces incursions ponctuelles montrent certes, que la nature peut vite profiter d’une baisse des perturbations humaines, mais elles ne prouvent pas un renforcement de la biodiversité. Au contraire, car si les animaux en sont à venir chasser jusqu’en centre-ville, c’est bien souvent parce que leur habitat naturel a été détruit par une construction ou une agriculture intensive…
Service rendu n°1 : améliorer la qualité de vie des habitants
La présence de nature en ville répond à des enjeux de qualité de vie des populations. Dans leur majorité, les citadins expriment régulièrement un besoin de proximité plus grande avec la nature.
53 %
des Français considèrent que la ville de demain devrait être celle « qui remet la nature au cœur de la ville » (sondage NewCorp conseil de 2018).
Pendant la pandémie due au Covid-19, de nombreuses voix ont exprimé ce besoin de nature, des scientifiques réclamant la réouverture des parcs et jardins en ville pour le « bien-être individuel et social » des populations, ou de simples citoyens demandant l’autorisation d’accéder aux espaces naturels sauvages via une pétition qui a recueilli près de 200 000 signatures.
Préserver la biodiversité, voire la reconstruire, est une nécessité de santé publique et de bien-être collectif. Une solution viable pour apporter un début de réponse aux questions sociales et environnementales de notre époque. En France, le secteur de la biodiversité contribue au PIB national à hauteur de 2,5 Md€. (source : CDC Biodiversité)
Service rendu n°2 : contrer les effets de la chaleur en ville
Le climat des villes est plus chaud que celui des espaces naturels environnants : trop de bâtiments, de véhicules polluants, sols trop minéralisés, etc. L’effet d’îlot de chaleur urbain se fait particulièrement sentir lors des épisodes de canicule.
Le retour du « vert », outre ses bénéfices visuels et sur la santé, est un moyen efficace de diminuer les risques lors de ces épisodes. Avec la hausse des températures qui s’annonce, une régulation par la nature devient plus que jamais nécessaire. Elle renforce la résilience des territoires face aux effets du réchauffement climatique.
On le sait, l’effondrement de la biodiversité est accentué par le réchauffement climatique. Si cette corrélation est connue depuis longtemps, les deux aspects sont encore trop souvent traités séparément, tant du point de vue de la recherche que des politiques publiques. Penser ensemble ces deux défis est d'autant plus essentiel que des actions trop ciblées sur le climat peuvent être dangereuses pour les écosystèmes et vice-versa.
Zoom sur...
Une expérimentation originale menée dans le parc d’activités Icade Paris-Orly-Rungis pour annihiler les effets d’îlots de chaleur urbain.
Service rendu n°3 : améliorer la santé des citadins
La nature en ville contribue à la baisse de la pollution atmosphérique grâce à la séquestration du carbone dans les arbres et les plantes. Quand ils fonctionnent correctement, les écosystèmes terrestres et marins absorbent près de la moitié des émissions de CO2 générées par l’Homme sur la planète.
Il aura fallu une crise sanitaire d’ampleur mondiale pour que nous réalisions que la santé animale, la santé humaine et l’état des écosystèmes sont intrinsèquement liés. Il s’agit en fait d’une seule et même santé planétaire commune. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que 23 % des décès et 25 % des pathologies chroniques dans le monde peuvent être attribués à des facteurs environnementaux et comportementaux qui contribuent à l’apparition de maladies d’origine souvent multi-factorielles : cancers, pathologies respiratoires, allergies, asthmes, maladies cardiovasculaires, diabète, obésité, etc.
La transformation de la friche industrielle anciennement occupée par Kodak dans la commune de Sevran (Seine-Saint-Denis) en un îlot de biodiversité est un programme emblématique mené par CDC Biodiversité depuis 2015 dans le cadre du programme Nature 2050. A terme, cet ancien site désindustrialisé accueillera même un projet d’agriculture urbaine hors-sol et un centre de formation sur les métiers de l’horticulture. Un bon exemple de « ménagement » du territoire plutôt que d’aménagement.
Faire en sorte que les espaces qui existent soient fonctionnels pour les espèces terrestres comme aquatiques, et créer une connexion entre ces différents espaces. L'objectif est de préserver certaines espèces en danger, comme ici avec l'installation de crapauducs à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
Ce type d'initiatives rapprochent la nature des lieux de vie afin d’en optimiser les impacts positifs sur les citoyens. Via la Mission Economie de la Biodiversité confiée à CDC Biodiversité, la Caisse des Dépôts va également consacrer 8 M€ sur la période 2020-2024 à la recherche et l’innovation en faveur de la préservation et de la restauration de la biodiversité.
Mieux comprendre les facteurs clés d’une intégration réussie de la nature en ville
Service rendu n°4 : limiter les risques naturels
Le sol, quand il fonctionne bien, participe entre autres à une meilleure gestion de l’eau de pluie. Une végétation raisonnée et une désartificialisation des sols permettent par exemple de réduire les risques d’inondations.
Au sein du groupe Caisse des Dépôts, dont l’activité d’une partie des filiales consiste à financer et construire des projets immobiliers, et donc contribue à l’artificialisation des sols, des solutions concrètes sont mises en œuvre pour compenser cet impact. C’est par exemple le cas avec la compensation écologique, qui permet de restaurer de l’habitat éventuellement dégradé par une infrastructure de type logement ou transports.
Voir un exemple de compensation écologique à Saint-Marcel (Saône-et-Loire)
En France, 3,5 millions d’hectares du territoire sont artificialisés, ce qui nuit à la biodiversité et à la lutte contre le changement climatique en perturbant et en appauvrissant les sols.
Les politiques d’urbanisme et d’aménagement commercial sont ainsi réétudiées depuis plusieurs années afin de réduire le nombre de surfaces artificialisées. L’objectif est désormais de favoriser un urbanisme sobre en consommation d’espace et d’améliorer la mise en œuvre du principe « éviter – réduire – compenser », qui date de la loi relative à la protection de la nature de 1976. La récente loi Climat Résilience apporte des contraintes réglementaires supplémentaires en matière d’artificialisation des sols, avec un objectif de zéro artificialisation nette en 2050.
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Nous sommes aujourd’hui face à un effondrement du vivant. L’Homme a sérieusement entaillé le filet de sécurité que représente pour lui la biodiversité, et pour cause : nous sommes face à la 6e grande extinction de masse !
Le déclin de la biodiversité remet en cause la survie des espèces vivantes, et in fine, de l’espèce humaine. Car elle est responsable de la fertilité des sols qui produisent notre alimentation, de la pollinisation des végétaux qui permettent leur reproduction (donc la production de fruits, graines, etc), d’une partie de la qualité de l’air que nous respirons, la biodiversité est essentielle à l’existence humaine.
Même s’il a tendance à l’oublier, l’Homme moderne hyperconnecté est toujours dépendant de la Nature et de ses ressources. Dès qu’il interfère avec les écosystèmes naturels, il s’expose à des conséquences. Autant nos ancêtres en avaient conscience, autant l’Homme moderne a mis du temps à l’intégrer, d’où une certaine forme d’inertie pendant des années, et sa tendance à d’abord privilégier son « bien-être » (à travers l’exploitation à outrance des richesses, les loisirs de masse, etc) dans une gestion court-termiste.
Crédit © Novethic
Comme dans la lutte contre le réchauffement climatique, États et entreprises ont besoin de cibles et d’outils pour prendre la mesure de leur impact sur la biodiversité et agir face à l’urgence. Outre les solutions déjà évoquée dans ce dossier, la Caisse des Dépôts s’engage officiellement pour la préservation de la biodiversité.
Tout comme elle s’est emparée de l’importance d’investir dans des produits moins polluants pour tenter de respecter l’Accord de Paris pour le climat, la finance se saisit désormais de la question cruciale de la biodiversité.
La Caisse des Dépôts, en tant que grand pôle financier public responsable, agit pour que la préservation de la biodiversité devienne un nouvel axe de mobilisation de la communauté internationale face à l’extinction accélérée de nombreuses espèces. Car si la limite de réchauffement des températures est connue depuis l’Accord de Paris sur le climat (ne pas dépasser +1,5°C), sur la biodiversité, le seuil n’est pas clairement défini, ce qui ralentit la mise en place de leviers véritablement efficaces pour la préserver. La Caisse des Dépôts se mobilise pour que soit fixée une limite à ne pas franchir concernant l’érosion de la biodiversité.
CDC Biodiversité, filiale du groupe CDC qui a pour mission de concilier biodiversité et développement économique au service de l’intérêt général, a élaboré, avec le Club des entreprises B4B+, le Global Biodiversity Score (GBS). Cet outil de mesure standardisé permet aux entreprises et aux investisseurs d'évaluer leur empreinte sur la biodiversité. Plusieurs entreprises françaises et internationales, dont le groupe de luxe Hermès International ou encore l'énergéticien suédois Vattenfall, ont décidé de se faire accompagner par CDC Biodiversité pour limiter l’impact de leurs activités sur la nature d’ici 2030.
Dans son devoir d’exemplarité, le groupe Caisse des Dépôts a ainsi adopté un plan d’action en faveur de la biodiversité lors du One planet summit 2021, dans lequel il s’engage à mesurer l’empreinte de l’ensemble de ses portefeuilles d’actifs (immobiliers, actions, obligations) d’ici 2024. Le Groupe interrogera également les entreprises dont il est actionnaire sur leur stratégie de préservation de la biodiversité à raison de deux secteurs par an (en commençant par l’agro-alimentaire et la chimie).
L’appel international en faveur de la biodiversité dans le cadre de la coalition Finance for Biodiversity du 25 septembre 2020
La demande du retour de la nature en ville s’inscrit en articulation avec les politiques territoriales dans leur ensemble, telles que le déploiement des mobilités douces, la gestion des friches industrielles, la promotion de l’agriculture urbaine… Pour agir, élus et acteurs locaux sont en première ligne. Le Groupe leur propose des solutions clés en main qu’il s’applique aussi à lui-même !
Déconstruction, dépollution, permis de végétaliser, etc. : la restauration de la nature en milieu urbain vient avant tout d’une volonté politique. Les collectivités locales sont au cœur du changement à impulser en faveur de la préservation de la biodiversité. La Caisse des Dépôts les accompagne pour tenter de rendre les territoires plus résilients grâce à des solutions inspirées par la nature.
Certaines collectivités ne savent d’ailleurs pas trop comment mettre en œuvre le changement pour faire face aux nouvelles attentes des citoyens sur la question de la préservation de la biodiversité. Les villes manquent d’une vision systémique pour appréhender la place de la nature en ville, d’où l’émergence de petits projets sans cohérence globale. Une offre Groupe est d’ailleurs en cours d’élaboration pour répondre à cette attente.
Outre le programme Nature 2050 (la carte des réalisations), basé sur le volontariat des collectivités et des entreprises qui souhaitent s’engager au-delà de leurs simples obligations légales, certaines offres portées par le Groupe ont déjà fait leur preuve, telles que les méthodes S’Green et S’Green +. Elles proposent respectivement, dans le cadre du programme national Action cœur de ville, de définir une feuille de route d’action en faveur de la biodiversité et de financer les travaux qu’elle engendre. Une quarantaine de collectivités françaises sont déjà accompagnées par ces offres. Elles permettent aussi d’évaluer la performance des chantiers mis en place dans un souci d’amélioration.
Dans le cadre de son plan de relance, le groupe Caisse des Dépôts prévoit de mobiliser 3 Md€ sur la période 2020-2024 en faveur de projets pour la préservation de la biodiversité, aussi bien pour la maîtrise des ressources (rénovation des réseaux d’eau et d’assainissement de la ville d’Hourtin en Nouvelle-Aquitaine), le traitement et recyclage des déchets (rénovation du centre de tri à Noidans-le-Ferroux en région Bourgogne-Franche-Comté) que pour la limitation de l’artificialisation des sols. La crise sanitaire du Covid-19 est l’occasion rêvée d’intégrer la biodiversité dans les paramètres de relance de l’économie. La Mission Économie de la biodiversité (MEB) a élaboré 35 propositions concrètes pour intégrer pleinement la biodiversité dans le système économique post-Covid.
Dans l’écosystème local, la place des citoyens est centrale. Parfois, certains projets de sauvegarde de la biodiversité passent mal car ils n’en perçoivent que les contraintes (comme par exemple l’arrêt forcé d’un chantier de rénovation pour cause d’espèce animale nichant en façade). D’où l’intérêt de les embarquer pour qu’ils se sentent concernés. CDC Biodiversité développe pour cela des partenariats avec les parties prenantes (citoyens, associations locales, etc) et propose des outils de formation, d’information et de communication pour accompagner les populations et les impliquer, comme à travers les applications de sciences participatives. Celles-ci permettent d’améliorer la connaissance des scientifiques via des protocoles de collecte de données issues de l’observation de la nature.
Ainsi, CDC Biodiversité a développé entièrement sur fonds propres Hortilio, une nouvelle application qui permet aux jardiniers amateurs ou avertis de mieux gérer leur jardin en accord avec la nature (valoriser le recyclage des déchets verts, améliorer le compostage). Cette application est d’abord destinée à être achetée par les collectivités pour qu’elles la mettent ensuite à disposition des citoyens. Le département de l’Essonne vient d’investir dans le dispositif.
Préserver l’espace commun, c’est aussi créer du lien social. 78 % des habitants des quartiers prioritaires de la ville estiment que pour améliorer leur vie, il est prioritaire d'y développer la transition écologique (selon le baromètre de l'institut Harris Interactive pour l’Anru en juillet 2021). Les nombreux projets de rénovation thermique du Groupe dans les logements sociaux vont également dans ce sens.
À Choisy-le-Roi, CDC Habitat a développé en 2018 un système de gestion durable des espaces verts dans laquelle les habitants sont pleinement intégrés à la suite d’une expérimentation menée avec CDC Biodiversité. Une baisse des incivilités a été constatée et 70 % des résidents estiment que leur cadre de vie s’est amélioré. Aujourd’hui, la filiale de la CDC consacrée au logement social va plus loin en créant une micro-ferme urbaine avec installation d’un composteur électro-mécanique dans la résidence Les Orteaux, à Paris 20e pour mieux gérer les déchets. Ce programme recueille une forte adhésion des locataires.
Il n’est plus l’heure de convaincre de la place de la nature en ville, mais de passer à la mise en œuvre concrète et ambitieuse. Le groupe Caisse des Dépôts mène des actions de grande ampleur sur l’ensemble du territoire français, en Métropole comme en Outre-mer.
Il faut revoir notre rapport à la nature pour qu’il soit plus responsable et s’inscrive dans la durée. Les solutions peuvent être peu coûteuses et s’inspirer du fonctionnement de la nature elle-même. Une des solutions pour régler le problème du financement des projets est de créer de la gestion de la nature « low-tech », soit revenir à une nature « plus naturelle », moins humanisée, moins standardisée. Nombre d'écologues plaident d’ailleurs aujourd'hui pour un « ré-ensauvagement » de la ville.
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