cicéron
c'est poincarré
Dossier
Parfois épinglée pour son cynisme, la finance évolue vers des investissements plus responsables. Finance et environnement sont-ils vraiment « des mots qui vont si bien ensemble » ?
La crise du Covid-19 a démontré le manque de résilience de nos sociétés face à des aléas que nous ne maîtrisons pas, et nous invite à regarder d’un nouvel œil le monde qui nous entoure. Le domaine de la finance n’échappe pas à ce mouvement de fond. Si les concepts « d’investissements verts » ou de « critères environnementaux » pour les produits financiers ont longtemps pu être jugés comme marginaux au sein de la profession, ils sont désormais langage courant. Signe d’une finance en phase avec son temps ?
L’enjeu est de taille, et le secteur financier a un rôle majeur à jouer dans l’allocation des ressources vers une économie plus durable et plus résiliente : qu’il s’agisse de financements publics allant vers des projets de terrain ou d’achat d’actifs (actions, obligations, …) sur les marchés financiers.
Car le dérèglement climatique peut avoir, en plus de graves conséquences humaines et environnementales, de sévères conséquences pour la stabilité économique et financière !
Comme pour les citoyens, de nombreux acteurs du secteur estiment donc qu’il est urgent de se transformer pour accompagner une transition rapide vers une économie bas carbone et plus largement, vers une économie respectueuse de l'environnement et des hommes.
Sous la pression de l’opinion publique et des ONG, le gouvernement français a déjà placé la transition écologique au cœur de la relance du pays, en promettant d’y consacrer 30 Md€ sur les 100 Md€ du plan de relance global. L’enjeu est désormais de relancer l’économie tout en respectant les engagements nationaux sur le climat, ainsi que ceux relevant de la préservation de la biodiversité.
Je ne vois aucune opposition entre croissance et écologie.
source : Novethic
… Et la « trajectoire sous les 2° » ? Le monde enregistre déjà 1°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle (1880), avec pour effets visibles : canicules, inondations, mégafeux, fonte des glaciers, compromettant la vie ou les conditions de vie de nombreuses populations. Au-delà de 2°C, les climatologues redoutent que ce réchauffement suscite des répercussions en chaîne aux effets dramatiques et irréversibles.
La plupart des pays de la planète ont donc entamé une transition vers une économie à faible émission de gaz à effet de serre (GES) pour tenter de limiter ce réchauffement à 2°, voire 1,5°C d'ici 2100 par rapport à l'ère préindustrielle. C’est l’objectif que se sont fixé les Etats en signant et ratifiant l’Accord de Paris en 2015 (dont seuls les Etats-Unis se sont retirés).
Pour cela, les émissions de gaz à effet de serre (carbone, méthane…) mondiales doivent atteindre un pic cette année puis décliner jusqu’à atteindre la neutralité en 2050. L’accent est mis sur les secteurs très émissifs que sont le bâtiment, l’énergie, le transport, l’industrie et l’agriculture, mais c’est l’ensemble des secteurs qui doivent en réalité s’ajuster.
Sans changement radical de nos pratiques, les simulations des experts montrent que le réchauffement de la planète sera compris entre 3,7° et 4,8° en 2100 (source : GIEC 2014).
La COP26 pour le climat, prévue fin 2021 en Ecosse, est la conférence de l'ONU sur le climat la plus importante depuis la COP21. Les États devraient y revoir leurs engagements pour le climat afin de se rapprocher de l'objectif de l'Accord de Paris … mais qu’en sera-t-il après la crise ?
Sans actions majeures de notre part à tous, les changements climatiques provoqués par les émissions de gaz à effet de serre vont modifier profondément notre cadre de vie (et ont d'ailleurs commencé à le faire). L’inaction climatique a aussi, et déjà, des effets négatifs sur l’économie mondiale.
Impact du changement climatique sur l’économie mondiale : de 0 à −30 % de perte de PIB mondial pour des scénarios de réchauffement compris entre 3 et 5° C (source : Ministère de l’économie et des finances, juillet 2020)
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Economiste et écrivain président de la fondation Positive Planet, Jacques Attali promeut l’économie positive depuis plus de 20 ans. Il répond à nos questions sur la finance verte.
Depuis l’Accord de Paris sur le climat, le débat a changé. La finance publique comme privée a partiellement entamé sa transition en intégrant dans ses analyses le risque climatique et en se détournant peu à peu des entreprises dont le modèle de développement n’est pas soutenable pour chercher à réorienter ses financements vers des projets plus respectueux de l'environnement à long terme. Trop timidement pour certains, car c’est l’ensemble du système financier qui doit basculer au plus vite dans une autre dimension…
Climate finance day le 29 octobre 2020. Chaque année, Finance for Tomorrow réunit l’ensemble des acteurs privés, publics et institutionnels de la Place de Paris désireux de s’engager pour une finance qui mise sur un avenir durable et conjugue investissement de long terme et prise en compte des défis environnementaux et sociaux. La thématique de cette édition : comment relancer l'économie réelle européenne ?
Côté économie réelle, les choses ne bougent toujours pas assez vite. En France, les investissements des ménages, des entreprises, et des collectivités pour le climat ne sont pas suffisants, d’après le Panorama 2019 des financements climat.*
*Panorama réalisé par l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE), think-tank expert sur les questions économiques et financières liées à la transition écologique fondé par la Caisse des Dépôts et l’Agence Française du Développement.
Après les investisseurs institutionnels, les banques et les entreprises, les Etats commencent à verdir leur économie en se tournant par exemple vers le marché des obligations vertes. La France est en pointe au niveau de ces émissions de dette « verte », destinées à financer des investissements en faveur de la transition écologique (en troisième position derrière les USA et la Chine, selon Climate bonds initiative).
D'autres outils de dette, tels que les prêts verts (comme par exemple l’Eco Prêt ou le Prêt croissance verte de la Banque des Territoires), se renforcent. Les acteurs financiers peuvent aussi intervenir en fonds propre dans les entreprises, les infrastructures et les projets de transition. Ils établissent des critères pour s’assurer que les fonds levés servent bien à financer des activités à impact positif sur la TEE.
L’obligation verte, nouvel outil de la finance verte
Les « green bonds » sont des emprunts émis sur le marché en vue de financer des projets contribuant à la transition écologique (énergies renouvelables, efficacité énergétique, gestion durable des déchets et de l’eau, etc.)
Apparus au milieu des années 2000, ces obligations vertes se sont fortement développées mais ne représentent encore que 2% des émissions obligataires mondiales (selon HSBC).
La Caisse des Dépôts s’est engagée dans le développement de ce marché. Le Groupe vient d’ailleurs de lancer sa 2e obligation durable et garantit que les fonds levés permettront de financer des projets verts (à 90%) et sociaux (à 10%) dans des secteurs cruciaux.
Icade, filiale de la Caisse des Dépôts, a fait de même en 2017 pour financer des projets « verts » de son parc de bureaux (pour un montant de 600 M€ et d’une maturité de 10 ans).
Eric Giacometti,
scénariste français du dernier diptyque paru de la bande dessinée Largo Winch,
L’Etoile du matin et Les Voiles écarlates (aux éditions Dupuis), nous explique en quoi le héros est un patron responsable et nous fait quelques révélations sur le prochain tome à venir…
En tant qu’institution financière publique, c’est au quotidien, et depuis plus de 10 ans, que la Caisse des Dépôts s’engage en tant qu’investisseur responsable et agit en faveur du climat tout en soutenant le développement de l’économie. Son rôle, dit « contracyclique », est de pallier les défaillances ponctuelles et structurelles du marché –comme en temps de crise– tout en gardant une perspective de long terme.
Le Groupe, qui a intégré en 2019 certains des Objectifs de développement durable de l’ONU dans ses prises de décisions, est en phase avec les objectifs chiffrés de l’Accord de Paris et s’engage pour la neutralité carbone de ses activités d’ici à 2050.
Pas du tout ! C’est un objectif très ambitieux, mais la Caisse des Dépôts a déjà avancé sur cette trajectoire.
La preuve par l'exemple : entre 2014 et 2019, l’empreinte carbone des portefeuilles d’actions cotées détenues en direct par le Groupe a diminué de 44% (Rapport d’activité et de développement durable groupe Caisse des Dépôts 2019).
Pour y parvenir, tous les leviers d’action doivent être mobilisés. Parmi lesquels :
1. Financer des actifs verts
Le Groupe s’est engagé à financer la transition écologique et énergétique à hauteur de 20 Md € entre 2018 et 2020 (voir la Politique climat du Groupe).
La Caisse des Dépôts s'efforce de faire en sorte que l’épargne des Français provenant du Livret Développement Durable et Solidaire (LDDS) soit fléchée vers des actifs verts.
Sur la période 2017-2019, 1€ placé sur le LDDS = 1€ pour un projet vert
Ainsi, sur cette période, ce sont 7,46 milliards d’euros de prêts TEE et près de 1 milliard d’euros de green bonds qui ont été accordés sur épargne réglementée (Rapport d'activité et de développement durable 2019 et Rapport annuel fonds d’épargne 2019).
2. Susciter le changement
Le secteur financier n’est pas qu’un simple porte-monnaie… Son rôle ne se limite pas à fournir des capitaux, mais aussi à inciter de l’intérieur les acteurs financés à s’engager dans la transition.
L’engagement actionnarial consiste à développer un dialogue sur les questions environnementales avec les sociétés, et mener une politique active de vote pendant les Assemblées générales des entreprises cotées dont la Caisse des Dépôts est actionnaire.
La preuve par l'exemple : la Caisse des Dépôts a voté en faveur de 76% des résolutions déposés par des actionnaires sur des thématiques environnementales, sociales ou éthiques.
Et si le dialogue ne débouche sur aucun changement de pratique….
3. le Groupe peut aller jusqu’à se désinvestir d’une entreprise.
Par principe, elle exclut déjà tout investissement dans les entreprises minières et énergétiques exposées au charbon thermique, l’une des principales énergies responsable du changement climatique.
Au 1er plan de la relance économique du pays
En complément des objectifs qu’elle s’était fixés avant la crise du Covid-19, le groupe Caisse des Dépôts a pleinement intégré les impératifs écologiques dans son plan de soutien à la relance de l’économie du pays. Il s’agit d’un moment-clé pour réorienter les financements vers la transition écologique et économique.
Le Groupe est un acteur majeur du plan de relance gouvernemental et mobilise au total plus de 26 Md€ de fonds propres sur 5 ans, dont 6,3 Md€ spécifiquement dédiés à la transition écologique.
Au total, ce sont 40 Md€ qui seront mobilisés (principalement par la Banque des Territoires et Bpifrance) en prêts et en investissement pour financer la rénovation thermique des logements et bâtiments publics, les transports durables dans les territoires (dont des bornes de recharges pour véhicules électriques, des transports plus propres, etc).
En matière d’énergies renouvelables, la Banque des Territoires accentuera son action pour couvrir davantage les besoins des Français en énergie via des sources vertes. Elle favorisera également l’essor des secteurs de l’hydrogène vert et de la biomasse.
L’institution poursuivra également sa démarche en faveur du développement de l’économie circulaire, avec pour cible notamment l’assainissement de l’eau et le recyclage des déchets.
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