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étude

CD'enjeux

17 fév. 2022

Formations financées par le CPF des salariés en contrats courts ou au Smic, en 2019 et 2020

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En matière de formation professionnelle, les années 2019 et 2020 correspondent à un tournant majeur. Depuis le 1er janvier 2019, la gouvernance du système et l’interaction entre les acteurs, désormais désintermédiée, sont profondément modifiées. Le lancement de la plateforme Mon Compte Formation, en novembre 2019, a en outre considérablement simplifié la procédure de recherche et d’inscription en formation. Par ailleurs, la crise sanitaire a bouleversé la demande de formation.

Le recours à la formation professionnelle financée par le CPF a ainsi fortement progressé entre 2019 et 2020, passant de 1,36 % des personnes ayant acquis des droits en tant que salariés en 2019 qui ont suivi une formation à 2,08 % en 2020. Cette progression touche toutes les catégories de salariés, quels que soient le sexe, la tranche d’âge, la profession et catégorie socioprofessionnelle ou encore le niveau de rémunération.

Cette forte hausse du recours doit naturellement beaucoup à la désintermédiation, mais aussi à l’augmentation des soldes de droits entre 2019 et 2020 (de 350 euros en moyenne) et la baisse du coût des formations suivies (de 970 euros en moyenne) : alors que le coût moyen des formations excédait de beaucoup les soldes de droits en 2019 (sauf pour les intérimaires), le niveau moyen des soldes de droits est comparable en 2020 au coût moyen des formations souscrites pour toutes les catégories de salariés (graphique 1). Les organismes de formation professionnelle semblent avoir adapté leur offre de formation à la capacité de financement CPF des salariés en jouant principalement sur la durée des formations, le coût horaire moyen de ces dernières affichant une relative stabilité (27 euros en 2020 après 26 euros en 2019).

 

Graphique 1. Coût moyen de la formation et solde de droits CPF en début d’année

@Direction des politiques sociales - Caisse des Dépôts

Si la désintermédiation de l’accès à la formation professionnelle a induit une forte hausse du taux de recours, la saisonnalité des formations change en revanche peu, avec globalement plus de formations en fin d’année et un pic en septembre-octobre (correspondant au début d’année scolaire ou universitaire) consécutif à un net ralentissement en août (graphique 2). Le recours a malgré tout visiblement souffert de la première période de confinement au printemps 2020.

 

Graphique 2. Taux de recours mensuels (en %) et niveau emploi salarié (en millions) janvier 2019 à décembre 2020

©Direction des politiques sociales - Caisse des Dépôts

Le taux de recours au CPF des salariés précaires (en CDD ou en intérim), plus vulnérables aux évolutions du marché du travail, progresse lui aussi entre 2019 et 2020. Néanmoins, il stagne à partir de l’été 2020 alors que le taux de recours de l’ensemble des salariés continue de progresser fortement. Une analyse économétrique confirme que leur probabilité relative de recourir à la formation professionnelle financée par le CPF en 2020, toutes choses égales par ailleurs, est significativement plus faible que celle des salariés en CDI : de 41 % pour les salariés en CDD comme pour les salariés en Intérim (graphique 3). En outre, les formations qu’ils suivent sont plus courtes et moins coûteuses que celles suivies par les autres salariés.

Par ailleurs, les formations au permis de conduire sont, de très loin, celles qui mobilisent le plus les droits CPF. Ce phénomène est toutefois particulièrement marqué chez les salariés précaires puisque les formations au permis B représentent 19,8 % des formations suivies par les salariés en CDD ou en intérim (19,8 % des formations) et même 22,3 % chez les salariés rémunérés au Smic (22,3 % des formations), contre seulement 12,8 % chez les salariés en CDI et rémunérés au-delà du Smic.

 

Graphique 3. Déterminants de la probabilité de recours au CPF évalués séparément sur 2019 et 2020 (analyse économétrique, modèle logit, odds ratio)

©Direction des politiques sociales - Caisse des Dépôts

 

Vous pouvez retrouver l’étude complète réalisée par Gabin Langevin sur les formations financées par le CPF des salariés en contrats courts ou au Smic en 2019 et 2020 dans Questions Politiques Sociales – Les études n°36, ainsi que les données des graphiques et des tableaux sur le site https://politiques-sociales.caissedesdepots.fr/ à la rubrique Publications et statistiques.

Y sont disponibles l’ensemble des publications de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts. QPS – Les études a vocation à faire connaître les résultats des travaux d’études dans l’ensemble des domaines de la protection sociale (retraite, vieillissement, handicap…) et de la formation professionnelle. Elle est complétée par QPS – Les cahiers, qui est une série de documents de travail diffusant des études approfondies, et QPS – Les brèves, qui propose des éclairages statistiques.