Bou'Sol, est bien plus qu’une histoire de production de pains. Il s’agit d’un réseau de boulangeries solidaires issu de l’initiative Pain et Partage, structuré sous l’impulsion de Samuel Mougin et Benjamin Borel. Leur objectif ? Donner accès au plus grand nombre à une alimentation saine, tout en participant à la création d’emplois pérennes.

Accompagnés d’acteurs des filières blé, farine et pain, ils ont consolidé un véritable Pôle territorial de coopération économique (PTCE). S’imposer parmi une concurrence aux prix potentiellement plus avantageux, et accroître son impact tout en évitant une industrialisation de son modèle, sont autant de défis que Samuel Mougin et Benjamin Borel se sont attachés à relever.

 

Une vocation initiale : du « bio» pour tous

Faire le choix d’une alimentation de qualité, c’est garantir des produits sans pesticides, engrais chimiques de synthèse ni organismes génétiquement modifiés. « Opter pour le bio, cela demande plus de travail, de contrôle et d’observation. Toute une rigueur vectrice de qualité, résume Benjamin Borel. Au sein de chacune des boulangeries solidaires, les modes de production et les méthodes de panification artisanales, ainsi que la sélection des fournisseurs sont donc respectueuses des réglementations en vigueur

Citation Benjamin Borel

 

« À Montpellier, le taux de gaspillage du pain a ainsi diminué de 20 %», poursuit-il. Historiques viviers de gaspillages, les établissements de restauration collective ont tout intérêt à veiller à la qualité des produits distribués. Alors que le prix était un argument central dans le choix d’approvisionnement des établissements de restauration collective, Benjamin Borel reconnaît  avoir bénéficié d’une conjoncture propice à articuler plus harmonieusement et durablement le cadre réglementaire et les aspirations sociétales des salariés sensibilisés à la RSE. Le Pacte Ambition Biologie revu à la hausse puis la loi Egalim imposant en 2022 l’intégration de davantage de produits certifiés et bio dans les marchés publics, ont ainsi participé à la sensibilisation des acteurs de la restauration collective. 

L’approvisionnement en circuit court vecteur d’intégration sur le territoire

Citation Samuel Mougin

Bou'Sol est signataire de la charte des Circuits Courts Économiques et Solidaires. Restaurants d’entreprise, associations caritatives, établissements scolaires et médico-sociaux, crèches et foyers, maisons de retraites… Ce sont chaque jour environ 10 000 personnes qui profitent des pains bio issus de ces boulangeries solidaires. « Il y a un besoin de retrouver de la qualité dans l’assiette, et au-delà de retrouver de l’engagement dans son acte d’achat et répondre à des aspirations sociétales. » précise Samuel Mougin. 

Des entrepôts mutualisés avec d’autres producteurs, des zones de stockage proches du centre-ville, une livraison du dernier kilomètre en mobilité douce : tout est pensé pour approvisionner la farine puis distribuer le pain en circuit court. A la clé, la création de liens sociaux et de coopérations entre les différents acteurs de la filière. 

En prime, l'agriculture biologique permet de limiter les rejets polluants dans l’environnement et contribue à une gestion plus durable de la terre.

Favoriser la réinsertion sociale 

Certains et certaines se découvrent une vocation. Pour d’autres, il s’agit d’une expérience qui participe à la construction de repères pour rebondir vers des métiers en tension. Qu’ils ou elles soient primo-arrivants, sortant de détention ou en rupture dans leur parcours professionnel, chaque salarié qui intègre une boulangerie du réseau Bou'Sol bénéficie d’un accompagnement social et technique qui lui permet de construire son projet professionnel.

La pédagogie déployée au sein des boulangeries solidaires s’appuie sur le fait que toute personne, quel que soit son parcours et son histoire, peut révéler des compétences individuelles ou collectives. « On a plein de personnes qui ont du potentiel et qui, pour un tas de raisons, n’arrivent pas à grandir dans leurs parcours professionnel et personnel… » complète Samuel Mougin.

Des boulangeries solidaires au pôle alimentaire d’excellence

Avec Pastis, Bou'Sol s’est engagé dans un projet de territoire encore plus ambitieux. Plus qu’une référence au célèbre breuvage aromatisé à l’anis, les lettres Pastis sont révélatrices d’une ambition plus poussée la société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) : créer un véritable pôle alimentaire solidaire territorial et d’innovation sociétale dans les quartiers Nord de Marseille. Centre de formation, lieu de recherche et d’innovation voire de production, ce tiers-lieu agroalimentaire urbain a le mérite d’offrir un cadre de coopération autour des thématiques de l’alimentation et de la solidarité.

Parce que les actes sont plus impactants que les mots, Bou'Sol s’est donné deux premières actions à mener en priorité. D’une part le lancement d’une initiative de vente de produits bio en vrac dans trois quartiers identifiés comme prioritaires. D’autre part la création d'une filière de recyclage du pain, produit particulièrement périssable, en biscuits sucrés. L’occasion de consolider l’écosystème déjà existant à Marseille, dans les quartiers Nord. « Notre vision c’est qu’il soit construit pour et par toutes ses parties prenantes dans une démarche citoyenne et inclusive », insiste Samuel Mougin

 

Carte des implantations de Bou'sol

Marseille, Montpellier, Calais, Lyon, Toulouse, Nice… Le modèle « bio, solidaire, et local » de Bou'Sol a fait ses preuves et ne cesse de trouver de nouveaux territoires où consolider de nouveaux écosystèmes responsables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet article a été produit pour le blog en parallèle des témoignages recueillis pour le mook  Adapter/Adaptez, des solutions pour les territoires face au changement climatique.

Cette publication de la Caisse des Dépôts fait suite à un cycle de recherche sur l’adaptation au changement climatique des territoires, dirigé par l’Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts avec l’appui de 5 think tanks : la Fondation Jean-Jaurès, la Fondation pour l’innovation politique, Terra Nova, La Fabrique Écologique et le Comité 21.

 

 

 

Il retrace deux ans d’une collaboration au plus près des territoires, Nîmes, Marseille, Paris, La Bresse, Noirmoutier, pour découvrir les solutions déjà mises en place ou à mettre en place pour s’adapter aux nouveaux risques  :
- chaleur en ville
- circuits courts et écologie industrielle
- épisodes météorologiques extrêmes, inondations et aménagement
- érosion du trait de côte 
- perte d’enneigement en moyenne montagne
- ressource en eau et conflits d’usages
- forêts et réchauffement
- modèle assurantiel face aux risques climatiques.