Dossier

Handicap : « Plus simple la vie » ?

Qu’il soit visible ou invisible, le handicap est la 1ère source de discrimination en France. Les personnes en situation de handicap souffrent souvent d’isolement, voire de précarité. Pourtant, avec l’âge, nous pourrions tous un jour nous retrouver dans cette situation...

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Le tour de la question

Taux de chômage important, pourcentage élevé de personnes en situation de handicap non-diplômées, voire vivant sous le seuil de pauvreté : les conséquences des discriminations subies ont des effets invalidants pour les personnes concernées. L’inclusion dans la société des personnes atteintes d’un handicap constitue un sujet majeur qui interroge la citoyenneté, l’altérité et la solidarité. 

Bien que les pathologies n’aient aucun lien entre elles, un constat s’impose : le handicap est source de discrimination sociale. Dans certains cas, il peut même générer des coûts financiers relativement important (aménagements à domicile, soins non remboursés par la Sécurité sociale car alternatifs ou dispensés à l’étranger, etc.), entraînant parfois des situations de précarité.

 

 

Le champion de tennis paralympique Michaël Jérémiasz est notre Grand Témoin.

Crédit © Julien de Rosa / AFP

Voir l'interview

 

Le peuple des invisibles

 

Les personnes en situation de handicap sont des populations rendues socialement « invisibles » depuis longtemps. La notion de handicap renvoie à un jugement de vulnérabilité, « d’incapacité » faisant souvent référence au travail. Pourtant, les situations sont toutes différentes, en termes de mode de vie ou de rapport au monde.

 

80 

 % des handicaps sont invisibles en France.

Le terme « handicap invisible » recouvre des réalités très diverses, qui ont pour seul point commun de ne pas être détectables « à l’œil nu » mais qui ont tout de même un impact sur la personne qui en souffre, en la privant de certaines capacités ou en diminuant sensiblement ces dernières. Il recouvre également les maladies invalidantes (chroniques ou non) et les troubles psychiques. L’absence de manifestations physiques engendre souvent moins de bienveillance envers les personnes qui en sont atteintes. Pourtant, offrir une protection aux membres les plus vulnérables de la société fait partie du pacte républicain auquel les citoyens français restent très attachés.

Infographie mettant en scène des Français lambda dans la rue : 
5,2M de personnes ont au moins un droit ouvert à la MDPH (maisons départementales des personnes handicapées) en France au 31 décembre 2020 (source : Les chiffres clés de l’aide à l’autonomie 2022, CNSA)
Et 1,5M de Français sont atteints d’une déficience visuelle, 
850 000 ont une mobilité réduite (enquête Handicaps-Incapacités-Dépendance de l’Insee, 2001)

© Groupe Caisse des Dépôts / IgoVitomirov Adobestock

*maisons départementales des personnes handicapées (Sources : CNSA et Insee, 2001)

Une société inclusive : vraiment ? 

 

Des réseaux sociaux aux services numériques mis en place par les pouvoirs publics en passant par les médias, le terme « inclusion » se retrouve régulièrement employé par divers acteurs. Si le Gouvernement et l’administration ont manifesté leur intention de s’emparer sérieusement du sujet et qu’une volonté d’accéder à une société plus adaptée aux « minorités » émerge au sein de l’opinion publique et s’intensifie, un long chemin reste encore à parcourir pour parvenir à ce que l’on nomme parfois abusivement une « société inclusive ».

 

L'incapacité dans laquelle nous sommes de faire face au problème de l'accessibilité des lieux publics et des moyens de transport par les handicapés est une véritable honte pour notre pays.

Jacques Chirac, en 1997

 

Un idéal est ainsi revendiqué : celui d’une société dans laquelle les personnes handicapées trouveraient leur place sans être perpétuellement renvoyées à leur condition. En somme, il s’agit d’imaginer une société dans laquelle chacun aurait sa place. Comment, alors, parvenir à cette société inclusive dont la quête, malgré des progrès certains, rencontre tant de défis ? 
 

4 schémas montrant des groupes de personnes en situation de handicap en situation d'exclusion, de ségrégation, d'intégration et d'inclusion

© Groupe Caisse des Dépôts

Un peu d'histoire ... des lois sur le handicap existent

L’intégration des personnes handicapées dans la société française est définie comme une obligation nationale par la loi d’orientation du 30 juin 1975. Elle fixe par exemple le maintien des personnes handicapées chaque fois que possible dans un cadre ordinaire de travail et de vie.
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées prend acte de l’évolution du regard de la société sur le handicap. Ses deux principaux piliers sont l’instauration du droit à compensation et l’objectif d’une accessibilité totale de la société à tous les handicaps. 
Beaucoup dénoncent pourtant une inadaptabilité des lois en vigueur, un manque de moyens et des problèmes de précarité des métiers relatifs à l’accompagnement des personnes handicapées ou en perte d’autonomie, ne favorisant pas une véritable inclusion.  

L’accès à tout, pour tous

 

Quand on pense accessibilité, on pense souvent aux transports et aux difficultés que les personnes en fauteuil roulant rencontrent pour se déplacer. Or, l’accessibilité va bien au-delà : il peut s’agir d’accéder aux droits (à la citoyenneté pleine et entière), à l’éducation, à l’emploi (donc, à la retraite), au logement, et même au numérique. Elle touche tous les domaines de la vie. L’accessibilité est un droit. 
La loi dite « Loi handicap » de 2005 donnait dix ans aux établissements recevant du public (ERP) pour devenir accessibles. Preuve que cela n’est pas encore le cas partout, un collectif de 52 associations a récemment plaidé pour que le Gouvernement accélère ses efforts en termes d’accès aux bâtiments, aux biens et aux services.
Cette notion suppose de penser la conception des espaces publics comme privés en partant des besoins de tous les utilisateurs, y compris ceux en situation de handicap. Car c’est en observant la situation des personnes et de leurs proches que l’on peut les évaluer au mieux. La qualité de vie de tous les habitants en est améliorée.

L’association Simon de Cyrène gère trois maisons partagées, où vivent ensemble des colocataires valides et non valides, à Nantes (Loire-Atlantique), grâce au soutien de CDC Habitat, qui s’engage ainsi au service des publics fragiles. Reportage réalisé en 2021. Jeunes partageant un moment de convivialité

© Laurence Geai - Caisse des Dépôts

L’association Simon de Cyrène gère trois maisons partagées, où vivent ensemble des colocataires valides et non valides, à Nantes (Loire-Atlantique), grâce au soutien de CDC Habitat, qui s’engage ainsi au service des publics fragiles.

En route vers l'accessibilité universelle

Certains projets d’habitat inclusif vont même plus loin que les normes obligatoires. Sur le chantier du Village des athlètes en construction au nord de Paris en vue de 2024, le mot d’ordre est l’accessibilité universelle, c’est-à-dire « l’accès à tout, pour tous ». Avec sa signalétique inclusive multisensorielle et ses logements 100 % accessibles, le Village des athlètes construit sur les communes de Saint-Denis, Saint-Ouen-sur-Seine et l’île Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), est le principal emblème des aménagements prévus pour l’événement. L’héritage qui en découlera profitera à toutes les populations qui s’y installeront par la suite et sera duplicable à d’autres projets de construction ou d’aménagement. 

L’accessibilité universelle est un véritable levier d’innovation et un vecteur de progrès social pour tous.

Cette question de l’accessibilité universelle est cruciale dans la transformation de notre manière de faire la ville, de construire les bâtiments, les espaces publics de demain. On veut tirer profit des Jeux paralympiques pour faire avancer la prise en compte sociale et sociétale des enjeux liés au handicap.

Antoine du Souich

directeur de la stratégie et de l’innovation de la SOLIDEO , société de livraison des ouvrages olympiques

L'accessibilité numérique : une priorité

Depuis 2012, tous les sites et applications des collectivités devraient être accessibles, quel que soit le handicap. Or, 10 ans plus tard, seuls 4% d’entre eux le sont réellement… Comme pour le RGPD, une directive européenne pourrait changer la donne en créant un organisme qui délivrerait des amendes.

Toutes ces démarches concourent à rompre l’isolement des personnes en situation de handicap, leur faire atteindre l’autonomie et les faire participer à la vie de la société, comme tout citoyen. La nécessité de faire reconnaître leurs besoins et ceux de leurs aidants est urgent ! 
 

 

8M de Français

prennent soin d’un proche soit en raison de son âge,
de la maladie ou d’un handicap

Le Grand témoin : Michaël Jérémiasz

Rendre la société accessible à tous servira à tout le monde. 

 

L’ancien champion de tennis en fauteuil, quadruple médaillé paralympique, donne de la voix pour faire respecter les droits des personnes handicapées. Son association « Comme les autres » propose des défis sportifs mixant valides et non valides.

 

 

LIRE L'INTERVIEW

 

 

En action !

De l’éducation à l’accès à l’emploi, des solutions sont mises en œuvre pour que les personnes en situation de handicap puissent se sentir pleinement intégrées et autonomes. La Caisse des Dépôts agit pour une société qui respecte et valorise la diversité au service de la lutte contre les fractures territoriales et les inégalités sociales.

Pour lutter contre l’isolement et participer à la construction d’une société plus égalitaire, la Caisse des Dépôts, via sa direction des politiques sociales, accompagne les personnes en situation de handicap dans leur parcours de vie.

La façon de gérer le handicap a évolué. Si, auparavant, les personnes en situation de handicap étaient majoritairement exclues de la cité car placées dans des établissements spécialisés, on essaie désormais de partir de leurs besoins pour leur proposer des services adéquats. Cela demande un engagement de tous les partenaires du parcours de vie.

 

Bâtir une réponse, c’est partir du besoin et des attentes, autrement dit de la vie ordinaire.

Denis Piveteau 
rapport « Zéro sans solution » (2014)

Une première brique : l'éducation

 

L’autonomisation passe d’abord par l’accès à l’éducation qui doit être facilité. En France, le parcours scolaire d’un enfant en situation de handicap peut se dérouler en milieu ordinaire, avec l’appui d’un auxiliaire de vie scolaire et des aménagements spécifiques, par exemple, ou dans un établissement médico-social ou spécialisé. Il est également possible d’effectuer une scolarité à domicile ou à l’hôpital. Apprendre à vivre ensemble sert à sensibiliser dès le plus jeune âge sur la question de la différence.
 

Les dispositifs d’accompagnement présentés dans ce Grand dossier sont destinés aux personnes en situation de handicap qui peuvent accéder à l’école et à l’emploi, en ce qu’ils possèdent les capacités et fonctions cognitives qui le leur permettent.

Un élève et son professeur devant un tableau numérique dans une section ULIS (unité localisée pour l’inclusion scolaire). Plus de 400 000 enfants handicapés étaient scolarisés en milieu ordinaire en France à la rentrée 2021, soit +19% en 5 ans (source : Education nationale)

© Mathilde Mazars/ REA

Plus de 400 000 enfants handicapés étaient scolarisés en milieu ordinaire en France à la rentrée 2021, soit +19% en 5 ans (source : Education nationale)

Ayant encore trop souvent des difficultés à accéder à une scolarisation en milieu ordinaire, les enfants en situation de handicap ne bénéficient pas toujours du pouvoir émancipateur de l’éducation. Ainsi, les jeunes handicapés moteurs scolarisés en milieu spécialisé sont trois fois plus nombreux à se plaindre de discriminations que ceux qui effectuent leur cursus en milieu « ordinaire » (selon Insee Première en 2010). La Défenseure des droits a récemment épinglé l'État sur le manque récurrent d’AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap).

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Crédit © Groupe Caisse des Dépôts

Pour en savoir plus sur les différentes étapes du diagnostic du handicap à la scolarisation, lire le Dossier consacré à ce sujet.

Mon Parcours handicap : une voie vers la simplicité 

 

La plateforme numérique Mon Parcours Handicap, développée par la Caisse des Dépôts et la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) pour le compte de l’État, a été mise en service au mois de mai 2020. Cette plateforme officielle et 100 % accessible accompagne les parcours de vie des personnes en situation de handicap et ceux de leurs proches. Cet outil du quotidien co-construit avec une communauté d’usagers fournit des informations précises et des repères clairs pour favoriser l’orientation et les démarches des personnes en situation de handicap.

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Crédit © Datagora / Groupe Caisse des Dépôts

Il centralise en un point unique de multiples ressources nationales ou locales. Sa création a mobilisé de nombreux partenaires comme l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées), le Fiphfp (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique), Cap emploi, etc. L’ouverture de cette plateforme évolutive à laquelle chacun peut contribuer a été accélérée au moment de la crise sanitaire. La communauté qui s’est construite grâce à Mon Parcours Handicap est fortement dynamique et compte à date 3845 inscrits.

Le volet « Scolarité » de Mon Parcours Handicap accompagne les parents dans l’orientation de leur enfant pour lui assurer une bonne scolarité. 

« Il n’est pas facile pour les parents de s’y retrouver dans ce maquis, au début. Être aidé par des sites qui vous donnent des clés de lecture plus rapides, ça fait gagner du temps, ça sécurise. » Nathalie, parent d’un jeune travaillant en Ésat (établissement ou service d'aide par le travail) ; a pu faire ses démarches grâce à Mon Parcours Handicap.

L’innovation au service de l’inclusion scolaire 

Afin d’identifier, de faire émerger et d’appuyer le développement de services innovants dans le domaine du handicap et spécifiquement en matière de scolarité et d’éducation, la direction des politiques sociales (DPS) a lancé en 2021 ENVI Handicap & Education, un appel à projets doté de 396 000€ ayant pour ambition de favoriser l’intégration des élèves grâce à une meilleure connaissance, par l’expérience notamment, du handicap et de ses conséquences. Fin novembre 2021, six projets ont été sélectionnés au terme d’une rigoureuse instruction, par un jury de personnalités représentatives des principales institutions du handicap et de l’éducation nationale.

 

Entendons-nous bien !

 

Parmi eux, l’association Adèle de Glaubitz et son projet « Entendons-nous bien », visant à faire expérimenter la surdité et d’autres handicaps auditifs à des personnes entendantes. Via un serious game mettant en scène des situations quotidiennes pouvant paraître banales aux personnes entendantes, le contenu permet de sensibiliser le joueur aux difficultés rencontrées par les personnes sourdes ou malentendantes. Grâce au concours de la Caisse des Dépôts à hauteur de 80 000€, l’association souhaite développer un escape game, plus immersif, dans lequel le participant sera soumis à une simulation de déficience auditive, et devra résoudre des énigmes. 

Développer l’empathie collective et mieux comprendre le quotidien des personnes sourdes ou malentendantes est un premier pas essentiel à leur meilleure inclusion dans la société. 

Bpifrance organise chaque année le Handitech Trophy, le premier concours national récompensant des start-up, étudiants, laboratoires de recherche ou associations qui développent des solutions innovantes au profit des personnes en situation de handicap dans le domaine de l’emploi comme celui des mobilités, du sport ou de la santé.

 

Les lauréats de l’édition 2022

En chemin vers l’emploi

 

Les personnes en situation de handicap sont sur-représentées parmi les demandeurs d’emploi, en particulier de longue durée. Or, un emploi, en plus de constituer une source de revenus, facilite l’accès à un logement et réduit le risque d’isolement et de discrimination.

Photographie présentant une patronne et sa salariée handicapée cognitif :
2,7M de personnes en âge de travailler (15-65 ans) ont une reconnaissance administrative d’un handicap ou d’une perte d’autonomie
14 % : c’est le taux de chômage des personnes en situation de handicap, soit deux fois plus que la moyenne nationale (T1 2022)
63 % de demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi sont en chômage longue durée 
Source : Insee enquête emploi 2020, Agefiph

© Groupe Caisse des Dépôts - Jacob Lund Photography / Adobestock

Sources : Insee enquête emploi 2020, Agefiph

La loi « Avenir professionnel », entrée en vigueur en 2020, doit favoriser l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap. Les entreprises de 20 salariés et plus sont tenues d’embaucher 6 % de travailleurs bénéficiant de la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH). Les employeurs du secteur privé qui ne respectent pas ce quota versent une contribution à l'Agefiph et ceux du service publique au Fiphfp. La plupart des handicaps invisibles donnent droit à la RQTH. 

Pourtant, le taux d’emploi des personnes en situation de handicap, même très diplômées, est bien inférieur que pour les diplômés valides. 

Heureusement, certaines expériences sont plus encourageantes...

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Crédit © Mon Parcours Handicap / Caisse des Dépôts

Bonjour, je suis Manon Scherer, je viens de la Moselle et je travaille en tant qu’architecte après 7 ans d’études. 

Je suis sourde de naissance et je suis appareillée des deux côtés. Je suis sourde profonde d'un côté et sévère de l'autre. Je sais lire sur les lèvres depuis toute petite, donc je communique assez facilement avec tout le monde. Rentrer dans une école d’archi étant sourde était quand même très difficile. Comme ils ne connaissaient pas d'avoir un étudiant sourd, donc il fallait faire les démarches et que j'ai le niveau pour rentrer en école d'archi. J'ai eu des aides pendant quelques années. J'ai pu avoir quelqu'un qui vient à côté de moi, qui traduit un petit peu les cours en langue des signes ou bien éventuellement la prise des notes qui me permettra de relire le cours, sachant que je ne sais pas prendre des notes. Donc c’était un avantage d'avoir cet accompagnement. Il m'a quand même accompagné quasiment tout au long du parcours. 

Il faut juste croire en toi et il faut avoir le courage et la niaque de dépasser les limites. Moi, je suis assez contente de mon parcours. Je suis même assez fière. Et le fait de dire ça, ça montre qu'on est capable de tout faire étant handicapé. Mais c'est dur, mais il faut y aller. Il faut y croire.

En 2019, les entreprises privées affichaient en moyenne un taux d’emploi de personnes handicapées de

 

4.5 (sources : Agefiph et Dares)

 

Les volets « études supérieures », « formation en alternance » , emploi et vie professionnelle » et « formation professionnelle » de Mon Parcours Handicap proposent des réponses pour trouver sa voie professionnelle, conserver son emploi, se former, et même se reconvertir.
La complexité des démarches, les demandes récurrentes de pièces justificatives, le défaut d’informations ou la difficulté à contacter les bons interlocuteurs peuvent décourager et conduire certains à ne pas faire valoir leurs droits plutôt que de se battre en vain pour les obtenir. Mon Parcours Handicap est aussi un outil d’information ayant pour objectif de réduire le non-recours au droit.

Le monde du travail doit s’adapter

Le manque d’aménagement des postes de travail empêche les personnes handicapées d’accomplir les mêmes activités que leurs collègues, leur imposant parfois un surcroît de travail qui s’avère préjudiciable à l’exercice de leurs tâches et est source de fatigue supplémentaire. Intégrer un travailleur handicapé, c’est s’adapter à ses besoins spécifiques. Il faut par exemple penser à rendre les outils accessibles dès leur conception et former les managers et les équipes pour que chacun se sente à l’aise. Les candidats en situation de handicap, notamment invisible, font souvent face à la méconnaissance des recruteurs qui ne savent pas comment appréhender le handicap, qui génère encore beaucoup d’idées reçues. 

 

L'exemple du Café Joyeux, une expérience positive :

Afficher la retranscription textuelle du Podcast 

 

Comme l’a montré Adrien Taquet dans son rapport parlementaire de 2018, les personnes handicapées en quête d’emploi ont longtemps pâti de devoir suivre un parcours compliqué.

Il est temps de montrer les personnes handicapées comme des personnes autrement capables, de ne plus cacher les innovations dont elles sont à l’origine, d’expliquer les sources d’emplois non délocalisables que permet la mise en accessibilité de nos villes.

tribune du collectif Handicaps

dans le Journal du Dimanche, le 8 février 2020

Un espoir existe cependant : on constate qu’au niveau managérial, les entreprises misent de plus en plus sur l’agilité et sur de nouveaux outils de travail plus collaboratifs, permettant aux salariés aux besoins différents de trouver leur place dans le collectif. La mise en place du télétravail, favorable aux personnes à mobilité réduite, va également en ce sens. De nouveaux dispositifs légaux existent pour faciliter l’embauche, tels que l’emploi accompagné, le CDD tremplin, etc. Le réseau des associations de personnes handicapées et le monde éducatif encouragent davantage les personnes concernées à se tourner vers les entreprises.

 

Zoom sur... un restaurant (pas) comme les autres

Atout Cœur, un restaurant qui emploie des salariés en situation de handicap mental et cognitif, vient d'ouvrir à Annecy. Une initiative soutenue par la Banque des Territoires grâce à un prêt de 200 000€ et par un prêt France Active du même montant garanti par Bpifrance.

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Crédit © Grand Angle / Groupe Caisse des Dépôts

L'engagement des
équipiers pour leur poste de travail dans le restaurant l’Atout Cœur,
je pense qu'il est assez fort parce que
pour beaucoup, ils ont eu d'autres emplois à un moment
donné dans lesquels ça ne s'est pas très bien passé.
Dans lesquels, d'après ce qu'ils en disent,
ils n'ont pas été très bien accompagnés,
ils ne se sont pas sentis bien entourés dans la bienveillance.
Et du coup, la possibilité de travailler ici à l’Atout Cœur pour eux,
c'est se dire qu'on a réfléchi et pensé ce concept de telle façon
qu'ils soient accompagnés par une équipe qui va prendre
en compte leurs besoins, leurs attentes, leurs spécificités
et donc s'adapter au quotidien à ce dont ils ont besoin.
Avant, j'étais
plus dans l'entretien des locaux
dans les EHPAD, dans les maisons de retraite ou dans les hôpitaux. Et suite à un accident de travail,
je n'ai pu continuer mon travail et du coup, je me suis reconvertie
dans la restauration
où j'ai appris ce travail-là.
On est dans un esprit de bienveillance,
quand il y en a un en difficulté, il y en a un autre qui est là pour l'aider et ça nous permet
d'avancer à notre rythme
sans avoir de difficultés au niveau du travail.

-Là, je pense que c'est bon.
-Yes, tu peux y aller.
-Très bien !

J'ai effectivement ici une double casquette de formateur
et de chef de cuisine.
Ils viennent se former, mais ils viennent aussi prendre du plaisir à travailler.
Leur point fort, c'est de toujours être prêts
et dispos pour travailler.
Ils ont toujours envie.
Il y a des difficultés, certes, mais on le sait et on est là pour
les faire progresser et évoluer dans leurs professions.
Mais ils ont toujours envie.

-Au milieu, au milieu...
Voilà, c'est bon, tu te sens bien ?
-Oui oui, ça va.

-Je suis presque posée, je ne bouge pas et j'appuie sur ma poche.
Et là, je lâche...

J'aime bien aider
dans la cuisine pour aider ce qu'il y a à faire.
Et ce que je préfère le plus, c'est les entrées
et les desserts.

Ici, j'aime bien l'esprit d'équipe.
J'avoue que c'est agréable.
Ce qui me plait dans le service,
c'est avoir des contacts avec les clients.
J'adore présenter les plats de l'entrée au dessert,
J'adore !

Nous avons un engagement
que nous avons pris auprès des personnes que nous recrutons,
c'est de pouvoir leur proposer des emplois adaptés et, en même temps,
en milieu classique, puisque nous sommes une entreprise, un restaurant
qui accueillons une clientèle de passage avec une belle cuisine.
Et en même temps, pouvoir aider nos équipiers
à monter en compétences pour pouvoir évoluer comme tout un chacun,
soit dans leurs métiers propres, soit avec l'objectif
d'évoluer vers d'autres emplois chez d'autres restaurateurs.
Je trouve ça super.

C'est vraiment une chouette idée.
Pour eux, je trouve que c'est bien.
C'est la première fois que nous venons ici.
Nous sommes très satisfaits de ce qui s'est passé et
nous sommes prêts à revenir.

Une fonction publique exemplaire

La Caisse des Dépôts assure la gestion administrative du Fiphfp depuis sa création par la loi pour l'égalité des droits et des chances en 2005. Aides techniques, aides aux déplacements, aides à l’aménagement du poste de travail, aides à la formation, etc. Autant de solutions qui participent concrètement à l’embauche et au maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap ainsi qu’à leur évolution professionnelle

Chaque année, plus de 30 000 personnes handicapées sont recrutées dans la fonction publique.

Le Fiphfp est un acteur essentiel de la politique handicap dans la fonction publique. Les contributions versées par les employeurs publics soumis à l’obligation d’emploi des personnes en situation de handicap accompagnent la mise en œuvre d’une politique incitative favorisant l’insertion professionnelle et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap dans les trois fonctions publiques.

L'emploi des personnes en situation de handicap évolue positivement dans la fonction publique territoriale puisqu'il a dépassé le taux de 6% obligatoire pour atteindre 6,7% (source déclaration effectuée en 2021).

Et maintenant ?

 

Garantir à chaque citoyen une égalité de traitement, quelle que soit sa situation et l’endroit où il se trouve sur le territoire : cet objectif renvoie aux fondements même de notre Pacte républicain.
Des solutions existent pour réussir une meilleure intégration dans la société des personnes en situation de handicap tout comme, par extension, des personnes ayant des besoins particuliers. Car la question de l’accompagnement de proximité des personnes vers l’autonomie est un enjeu qui va prendre plus d’ampleur encore avec le vieillissement de la population. Il est nécessaire de faire converger les acteurs pour leur assurer des parcours plus fluides et mieux adaptés. L’important est de comprendre que les écueils ne résident pas seulement dans les moyens mais beaucoup dans les mentalités. 

Les choses bougent, comme le prouve la médiatisation de la campagne pour la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés en 2021, résultat d’une mobilisation citoyenne et associative de grande ampleur. Les politiques publiques doivent faire de l’accessibilité un vecteur de protection sociale garantissant l’égalité de tous les citoyens.

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