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Crédit ©Peshkova/ Adobe stock
L’attractivité des places financières est devenue une donnée cruciale pour les décideurs du secteur financier, publics comme privés. Elle regroupe l’ensemble des facteurs qui permettent à un territoire de concentrer des ressources humaines comme économiques pour rayonner financièrement à l’international. Un nouveau classement, développé par l’Institut Louis Bachelier (ILB) et le Center for Financial Studies (CFS), propose de mesurer l’attractivité des places financières à partir d’une méthodologie scientifique.
À partir des années 1980, Londres et New York se sont imposées comme les principales places financières mondiales. Elles se sont appuyées sur des infrastructures et des institutions solides, des flux financiers dynamiques et des bourses de premier plan.
Mais de nombreux facteurs ont remis en cause l’hégémonie de ces deux métropoles. D’une part, l’émergence économique de nouveaux pays a conduit au développement de places financières en Asie du Sud-Est (Shanghai, Tokyo, Singapour, Hong Kong). D’autre part, le Brexit a affaibli le Royaume-Uni, ce qui a permis d’accroître le poids d’autres villes européennes (Paris, Francfort, Dublin etc.).
Dans ce contexte de redéfinition des centres de la finance mondiale, disposer d’un outil de mesure de l’attractivité est indispensable. L’objectif est d’offrir aux investisseurs, aux multinationales et aux entrepreneurs une grille d’analyse pour éclairer leurs choix d’investissements. Le Brexit a montré l’importance de l’attractivité financière, les autres capitales européennes s’étant disputées la relocalisation de certaines activités.
Cependant, les indices actuels ont montré leurs limites. D’une part, la méthodologie de ces indices est généralement peu transparente. Les indices sont souvent fondés en partie sur des enquêtes d’opinion, par définition subjectives, et la méthode de traitement des données n’est pas toujours rendue publique. D’autre part, certains classements sont très volatils, évoluant beaucoup d’années en années en opposition avec les attentes des experts qui considèrent que ce phénomène est doté d’une certaine inertie.
Partant de ce constat, l’Institut Louis Bachelier (ILB) à Paris a uni ses forces avec le Center for Financial Studies (CFS) de l’Université de Goethe à Francfort pour développer un nouvel indice. Le lancement de l’outil OFEX (Open Financial Ecosystem indeX) a été effectué le 22 novembre 2023, après plusieurs années de travaux. L’indice se fonde sur deux grandes catégories d’indicateurs, le développement économique et financier, ainsi que l’environnement de travail. La première regroupe 22 indicateurs (volume des transactions, taille du marché financier, croissance économique…). La seconde est divisée en trois sous-thèmes : environnement des affaires, capital humain et qualité des infrastructures de transports ou de télécommunication. Le score final, en base 100, pondère autant les critères financiers que ceux liés à l’environnement de travail.
Pour chacun des indicateurs, des données pertinentes issues des recherches de l’ILB, du CFS ou d’organisations internationales ont été collectées puis analysées. Seules les métropoles de rang mondial pour lesquelles suffisamment de données étaient disponibles ont été classées. L’agrégation des résultats suit une méthodologie rigoureuse, conforme aux recommandations de l’OCDE sur les indicateurs composites. La méthode d’analyse est publique pour assurer la transparence de l’indice. L’indice permet de classer les 47 principales places financières situées dans 44 pays.
Le classement fait apparaître un groupe de tête constitué de New York (score de 100), Chicago et Londres. Ces résultats rejoignent des attentes des experts du secteur. New York et Londres se distinguent, en particulier, s’agissant des volumes des échanges financiers. Parmi les 10 premières places financières, on retrouve 3 villes européennes : Paris (5e), Francfort (6e) et Zurich (9e). Paris et Francfort s’appuient sur une économie développée, alors que Zurich profite d’un environnement des affaires de grande qualité.
Le reste des 10 premières places est occupé par des villes asiatiques (Tokyo, Séoul, Singapour) et une ville canadienne (Toronto). En dépit d’un très fort dynamisme financier et économique - Shenzhen et Shanghai sont respectivement 4e et 6e sur les indicateurs financiers, les villes chinoises pâtissent d’un environnement de travail moins performant et ne se situent qu’après la quinzième place sur cet indicateur. Hong-Kong, dont le statut économique et politique est particulier, se classe 12e. Enfin, les 20 premières places soulignent l’attractivité des métropoles de l’Union européenne avec la présence d’Amsterdam, Stockholm, Madrid, Copenhague, Helsinki et Dublin. À l’inverse, aucune place financière du Moyen-Orient n’atteint les 20 places de tête.
L’indice OFEX permet de considérer l’ensemble des critères qui font le succès des décisions d’investissement. Il complète utilement les classements existants, en proposant une méthode objective, transparente et vérifiable. L’indice sera régulièrement mis à jour afin de suivre les tendances de l’économie mondiale. La méthodologie devrait aussi être améliorée selon des nouveaux critères, notamment pour prendre en compte la finance verte dans l’analyse. Une base de données spécifique pourrait être constituée à cet effet. Rendez-vous en 2024 pour la prochaine édition du classement OFEX de l’attractivité des places financières.
Pour en savoir plus et consulter l’intégralité du classement OFEX :
https://ofex.institutlouisbachelier.org/
Pour voir ou revoir le replay de la présentation de l’indice OFEX du 22 novembre 2023 :