cicéron
c'est poincarré
Crédit © navarro raphael/Adobe stock
Les équipes des programmes Action Cœur de Ville (ACV) et Petites villes de demain (PVD) le constatent au quotidien : les villes petites et moyennes jouissent d’un faisceau d’atouts et d’un fort potentiel d’attractivité auprès des Français. Eclairage.
Si la crise sanitaire a pu porter un coup dur aux collectivités déjà fragilisées, elle a aussi permis d’opérer un changement de regard sur ces communes, ainsi qu’en témoignent plusieurs sondages récents.1 Parmi les critères de popularité des petites villes, priment le caractère de proximité immédiate, la facilité d’accès à la nature ainsi qu’un prix du foncier inférieur à celui des grandes villes – le tout, en conservant un bon niveau d’équipements publics. À cela peut s’ajouter la dimension patrimoniale du bâti, de nature à augmenter la qualité du cadre de vie de la commune. Les villes moyennes se distinguent par leur offre de services à la population, notamment en matière d’accès aux soins.
Le potentiel des villes petites et moyennes se voit encore renforcé par l’attachement particulier des Français pour leurs centres-villes ou centres-bourgs2. Le centre-ville reste en effet un point de référence historique à l’échelle individuelle. Les lieux de natalité sont ainsi fréquemment placés en cœurs de ville. Par la suite, les centres s’imposent comme des lieux de vie privilégiés grâce à la multiplicité de leurs fonctions : éducative, commerciale, sportive et de loisirs, ou encore religieuse.
Malgré ces atouts, les défis restent nombreux pour les petites communes et les villes moyennes et leurs centralités. En effet, bien qu’elles puissent être sources de dynamisme économique, patrimonial, culturel voire social, elles sont également plus fragilisées. Beaucoup d’entre elles peinent à surmonter les difficultés liées à leur perte d’attractivité, la dégradation de leur bâti ou leur dévitalisation commerciale.
Cette déprise a pour corollaire un déséquilibre territorial qui s’exprime de multiples façons avec, en premier lieu, un appauvrissement visible des centralités (détérioration de l’habitat et des équipements, hausse de la vacance) et une augmentation des inégalités sociales. En 2021, le taux de vacance de longue durée des logements privés s’élève par exemple à 5,4 % dans les Petites villes de demain contre 3,5 % sur l’ensemble du territoire français3. Ces villes réunissent aussi en moyenne une proportion plus forte de seniors et de personnes en recherche d’emploi. L’accès aux consultations médicales y est inférieur, les zones rurales étant davantage impactées par la désertification médicale4.
La vacance commerciale dans les centres-villes est une conséquence de leur perte d’attractivité, qu’il s’agisse des territoires en déprise ou de la concurrence avec la périphérie qui entretient leur appauvrissement. Lorsque le centre-ville devient moins attractif, on y retrouve des populations plus captives dans de petits logements (jeunes ménages et populations plus âgées), tandis que les populations familiales tendent à s’installer en périphérie, dans le tissu pavillonnaire. Tout l’enjeu est donc de régénérer l’attractivité des centres-villes ou centres-bourgs grâce aux équipements publics, à une offre de logements de qualité et à une reprise de l’activité économique.
Les programmes PVD et ACV soutiennent et accompagnent les collectivités dans la construction d’un projet de territoire adapté à leurs enjeux locaux, puis dans l’opérationnalisation des actions. Pour sortir des spirales de déclin, les petites villes et les centres-villes des villes moyennes doivent non seulement recouvrer leur attractivité et leur fréquentation, mais également inscrire cette reconquête dans une dynamique durable.
Or, pour enclencher efficacement cette transformation territoriale, les programmes ACV et PVD mettent en évidence l’importance de la synergie entre les actions menées. Pour s’inscrire pleinement dans chaque programme et éviter que leurs projets urbains ne se déploient sans cohérence, les collectivités doivent mûrir puis enclencher plusieurs sortes d’actions coordonnées. Cela les mène naturellement à interroger certains chantiers de manière transversale (mobilités, végétalisation, requalification d’espaces, réaménagement d’îlots…), afin de garantir le succès de leurs transformations.
En plus de lutter contre les fractures territoriale et sociale, les programmes PVD et ACV accompagnent les collectivités dans leurs trajectoires de transitions énergétiques et environnementales. Ces deux dimensions sont structurantes pour les deux programmes nationaux. La cohésion territoriale et sociale est indissociable de la transition écologique.
Cette dimension écologique représente un levier important mais elle n’est pas toujours une clé d’entrée évidente pour aborder les sujets de redynamisation. Elle nécessite de s’interroger sur les manières de partir de l’existant et de l’améliorer pour dessiner une trajectoire vertueuse et durable.
Pour atténuer la complexité de ces projets et aider à la décision des élus, la Banque des Territoires proposent plusieurs outils. Dans le cadre du programme ACV, ce sont par exemple les missions d’ingénierie SGREEN puis SGREEN+ qui permettent respectivement de déceler les potentiels de transformation écologique sur le territoire, puis d’enclencher les actions. Le programme PVD, quant à lui, mise sur l’accompagnement dans la recherche de financements, avec PVD+, pour aider les petites villes à accéder aux financements verts en améliorant la qualité environnementale de leurs projets. Cela prend la forme de prestations (co-financées par la Commission Européenne dans le cadre du programme Invest EU) de recherche de financements, d’analyses techniques pour mieux intégrer les éco-conditionnalités, voire d’aides à la rédaction des dossiers pour les actions les plus matures.
Les programmes nationaux de redynamisation ACV et PVD
Ces programmes ont été déployés respectivement en 2018 et 2020 par le Gouvernement. Leur ambition conjointe est de participer à l’amélioration de la qualité de vie des habitants et au renforcement de l’attractivité des communes qui assurent, dans leur bassin de vie, des fonctions de centralités, avec une priorité affirmée de redynamisation des centres-villes dans les villes moyennes et les centres-bourgs. Le programme ACV s’adresse aux villes moyennes (comptant entre 20 000 et 100 000 habitants) et réunit 244 territoires bénéficiaires. Le programme PVD se destine quant à lui aux petites villes (moins de 20 000 habitants) et totalise actuellement 1 644 territoires lauréats. En les accompagnant dans leurs transformations et en les soutenant dans une démarche de transition énergétique et environnementale, ces deux programmes participent activement à la redynamisation des territoires. Le Plan de Relance, initié en 2020, a constitué un accélérateur pour accompagner les collectivités fortement impactées par la crise sanitaire à trouver un nouvel élan, voire connaître un regain de popularité.