cicéron
c'est poincarré
Crédit ©Viktor Tanasiichuk/Shutterstock
Dans une société dictée par le numérique, le flot d’informations continu que constituent les données peut parfois donner le tournis. Au centre de ce tourbillon, la donnée se révèle cependant être un puissant accélérateur analytique, en particulier du point de vue de la planification territoriale, lorsqu’elle est correctement traitée.
La donnée géographique joue un rôle clef dans la planification territoriale en offrant des informations précieuses et des combinaisons infinies pour l’intelligibilité des enjeux du territoire et leur spatialisation. Cela étant dit, la donnée en elle-même est inerte et n’a qu’une faible valeur. Si elle n’est pas référencée, sourcée, traçable, accompagnée d’une méthodologie de production ou de collecte explicite, elle n’est pas intelligible et par conséquence inexploitable. Le département géomatique de Citadia s’attache précisément à sourcer, collecter, traiter et diffuser ces données géographiques, qui permettront ensuite d’orienter les projets de territoire.
Mêlant le numérique et la géographie, la géomatique regroupe l’ensemble des connaissances et des technologies nécessaires à la production, au traitement et à la diffusion des données numériques servant à décrire et analyser le territoire. Elle est manipulée par de très nombreux corps de métiers. Le géomaticien, en construisant des systèmes d’information géographique (SIG), technologie permettant l’interopérabilité et le croisement des données géographiques, est amené à travailler dans de très nombreux secteurs. Il est à la fois cartographe et analyste spatial, enquêteur et modélisateur, toujours garant de la traçabilité de la donnée, son intelligibilité et son interopérabilité. Certaines normes permettent l’échange et l’analyse de certaines données cruciales. Le Géoportail de l’Urbanisme, en imposant la norme CNIG et la numérisation des plans de zonage donne accès aux règlements d’urbanisme des territoires depuis une plateforme commune sur l’ensemble du territoire.
La donnée est au cœur de notre métier d’aménageur du territoire. Grâce aux avancées technologiques, notamment avec les systèmes d'information géographique (SIG) et l’explosion des données « open source », la géomatique est devenue un outil incontournable de la planification urbaine.
Prenons l’exemple du ruissellement : le croisement des données de pente avec celles de l’occupation des sols de l’IGN nous aide à déterminer les territoires d’action pour limiter ce risque. On peut également y agréger des données comme la population ou les équipements pour déterminer les enjeux. Les croisements de données sont quasiment infinis, et offrent des perspectives innovantes. Pour le compte d’une foncière logement, nous avons proposé d’utiliser les données open source disponibles sur internet pour identifier le potentiel de densification que représentent les entrées de ville.
Depuis peu, la production satellitaire s’accélère et s’agrège à cet agglomérat de données. Les progrès en technologies spatiales, corrélés à la demande croissante en données géospatiales, expliquent l’explosion du nombre d’images satellites.
Le programme COPERNICUS, de surveillance satellite de la Terre par l’Agence Spatiale Européenne, vise à fournir des données géospatiales de haute qualité en libre accès. Ces données permettent le suivi de phénomènes spatiaux dans le temps. Le recul du trait de côte et le phénomène de submersion marine en est un exemple d’exploitation. L’imagerie satellitaire donne également une vision 3D du territoire, apportant une visibilité des ruptures territoriales et des disparités. Dans une intercommunalité qui regroupe des communes de plaine et de montagne, représenter le territoire dans sa dimension verticale permet de souligner les enjeux d’accessibilité. La visualisation en trois dimensions ou en réalité augmentée permet de rendre les données géographiques plus immersives et accessibles. La carte classique ne rend pas compte de ces dimensions aux conséquences pourtant très concrètes dans le quotidien des habitants.
L’intelligence artificielle prend une place croissante dans le domaine de la géomatique. L’IA, notamment grâce au machine learning permet d’automatiser l’analyse de données géographiques massives, comme les images satellite par l’analyse de séries temporelles, par exemple, pour suivre les évolutions de certains phénomènes. Actuellement, la production de l’OCS GE (Occupation du sol à grande échelle) par l’IGN est en cours de conception par une IA. Elle est capable de classer automatiquement les données issues des satellites pour identifier des objets, des bâtiments, des forêts, ou des cours d'eau. Les données produites par l’IA font l’objet d’une boucle de correction par les connaisseurs du territoire. Preuve en est de l’importance d’intégrer ces nouvelles technologies pour produire de la donnée et continuer à faire progresser notre compréhension des territoires. L’IGN a d’ailleurs rendu ouvertes, au-delà du produit final, les ressources de deep learning pour permettre aux experts IA de développer des modèles IA adaptés aux territoires, pour les territoires.