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Pour faire face aux enjeux du changement climatique, l’UE a adopté le Pacte vert et ambitionne d’être le premier continent neutre en carbone. Mais à côté de la décarbonation, d’autres actions sont nécessaires pour une croissance durable : ainsi l’économie circulaire, qui constitue un modèle sobre et économe en ressources. Son adoption suppose une implication de tous les acteurs, au premier rang desquels les investisseurs de long terme qui financent le monde de demain.
Au modèle historique « extraire, fabriquer, consommer, jeter » appelé « linéaire », il est devenu nécessaire de substituer un modèle « circulaire » dans lequel le réemploi devient la norme.
Idéalement le cercle est fermé, c’est-à-dire que le processus ne prélève aucune ressource nouvelle, qu’il s’agisse de matière première ou de source d’énergie.
L’économie circulaire promeut un système économique et industriel doublement sobre : d'une part en carbone et en énergie, et d'autre part en ressources naturelles non renouvelables ou difficilement renouvelables.
L’économie circulaire inclut bien entendu la valorisation des déchets, en fin de chaine, mais elle est loin de s’y limiter ; en effet, elle concerne tous les maillons de la chaine depuis la source. Selon l’ADEME, elle comporte sept piliers :
L’économie circulaire, c’est donc pêle-mêle la lutte contre l’obsolescence programmée, l’emploi de matériaux recyclés et recyclables, l’utilisation d’énergies renouvelables, une moindre utilisation de l’eau, la mise en place d’informations pour le consommateur, la consignation des emballages, la lutte contre le gaspillage alimentaire, le recours à la production locale et l’utilisation de circuits courts, de nouveaux modes de tri des déchets…
C’est en 2015 que la Commission prend ses premières mesures pour l’économie circulaire, en adoptant un plan d’action de 54 mesures. En juin 2018 le paquet « économie circulaire » est adopté. Il est composé de quatre directives[1] mettant à jour le cadre législatif sur les déchets et le recyclage pour lequel des objectifs ambitieux sont fixés. Ces directives portent sur les voitures hors d’usage, piles et accumulateurs, déchets électriques et électroniques ; les décharges ; les déchets ; les emballages et leurs déchets. Elles comportent aussi un volet de réduction à la source.
En mars 2020, la Commission européenne, a adopté un plan d’action pour l’économie circulaire[2]. Elle y annonce une initiative législative, dont l’objectif sera de généraliser à tous les secteurs l’obligation d’écoconception (qui se limite actuellement à l’énergie) et le respect des principes de l’économie circulaire. Elle visera en priorité les filières les plus consommatrices de ressources : matériel électronique, TIC et textiles, mais aussi meubles et produits intermédiaires à fort impact tels que l’acier, le ciment et les produits chimiques.
L’approche communautaire vient ainsi appuyer les mesures prises au niveau national dès 2007 (Grenelle de l’environnement) et renforcées récemment : feuille de route pour une économie circulaire publiée en 2019, comprenant 50 mesures indicatives, et loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (loi AGEC) du 10 février 2020, complétée par une ordonnance du 29 juillet 2020 relative à la prévention et à la gestion des déchets.
Qui dit transformation radicale de l’économie, dit financements massifs pour la rendre possible. Les investisseurs européens de long terme ont donc un rôle majeur à jouer dans cet immense travail, aux côtés des pouvoirs publics, des entreprises et des consommateurs. L’économie circulaire commence à faire son apparition dans les décisions d’investissement, à l’instar des critères ESG (environnement, social et gouvernance). Il convient de rappeler que l’économie circulaire n’est pas un secteur économique, mais – pour les entreprises – un mode de production et de vente.
En juillet 2019 a ainsi été lancée la « Joint initiative on circular economy » par la Caisse des Dépôts et ses homologues européens (KfW allemande, CDP italienne, BGK polonaise, ICO espagnole et Banque Européenne d’Investissement). Cette initiative va apporter 10 milliards d’euros de financement aux projets d’économie circulaire d’ici 2023. Dès la première année (2019), c’est un total de 2,7 milliards d’euros de financement qui a été injecté dans des projets d’économie circulaire dans des secteurs variés : l’agriculture, l’industrie et les services, la mobilité, le développement urbain, la gestion des déchets et de l’eau. Ils couvrent toutes les étapes de la chaîne de valeur et du cycle de vie des produits et des services, de la conception à la récupération de valeur circulaires.
Parmi les entreprises et projets récemment soutenus figurent :
Pour favoriser le développement d’initiatives de ce type, un référentiel est en cours d’élaboration par la Commission européenne, afin de permettre une définition commune pour tous les investisseurs. La labellisation des investissements « circulaires » semble promise à un bel avenir.