La question taraude les décideurs publics et les investisseurs : à quel point la crise sanitaire a-t-elle rebattu les cartes du développement économique local ? Pour répondre à cette question la SCET et Ancoris[1], ont croisé leurs expertises pour dresser un état des lieux croisé des réalités de terrain. Ensemble, elles ont réalisé une enquête auprès de 257 collectivités et acteurs locaux[2] qui a permis de cerner les attentes et priorités des territoires, et traité 8000 entretiens téléphoniques avec des dirigeants d’entreprises françaises et internationales qui ont permis de caractériser leurs intentions de développement et d’implantation. Les résultats de ces consultations ont fait l’objet d’un Livre Blanc dont il ressort plusieurs idées forces.

 

1 - La résistance du marché malgré les crises

Depuis la fin de la crise du COVID, les réalités des territoires comme celles des entreprises ont profondément changé : urgence à transformer les modèles, décarbonation des process, difficulté de recruter dans un marché tendu, hausse des coûts, inflation etc. Dans ce contexte, le début de l’année 2023 s’annonçait particulièrement problématique : crise émergente du retail, explosion des factures énergétiques, situation géopolitique mondiale anxiogène…

Pourtant le marché résiste.

2 - La résilience des stratégies d’investissement des entreprises qui continuent de s’engager

Les entreprises continuent de porter des projets de développement avec des niveaux sensiblement équivalents à ceux de 2022 et même supérieurs à ceux de 2019.

Les territoires parviennent à concilier la baisse des dotations et la mise en œuvre des nécessaires transitions, dont celle de la sobriété foncière.

Des deux côtés, l’optimisme est de rigueur.

3 - Une année 2023 qui confirme la fin d’un cycle de rattrapage

Avec 10 % de projets en plus qu’en 2019, l’année 2023 a probablement marqué la fin du cycle de rattrapage des conséquences de la crise sanitaire. Cela démontre la résilience des stratégies d’investissement des entreprises, qui continuent de s’engager, portées par les dynamiques de projets industriels qui représentent désormais 23 % des projets d’implantation (+2%). Les projets tertiaires ne semblent pas affectés par les nouvelles formes d’organisation du travail, mais les besoins évoluent (localisations plus centrales, surfaces réduites). La logistique apparait comme la grande « mal-aimée » des territoires, ses projets grands consommateurs de foncier font face à une acceptabilité de plus en plus faible localement. Le BTP est pour sa part en berne, mais le secteur est mobilisé pour s’engager dans une réinvention face aux défis environnementaux.

Dans ce contexte, les entreprises françaises continuent de tirer l’essentiel du volume d’investissement dans les territoires : la part des projets d’implantation d’activités à capitaux étrangers en France est passée de 12% en 2020 à 8% en 2023.

4 - Un quart des projets d’implantation démontre un engagement RSE

L’attractivité demeure une priorité pour les territoires mais se transforme pour répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux.

93 % des territoires témoignent d’un intérêt marqué vis-à-vis des projets à impact social et environnemental ; cette tendance, observée depuis plusieurs années, rencontre désormais une réponse des entreprises, traduisant un changement profond de paradigme : dans un contexte de raréfaction foncière et de débats sur l’acceptabilité économique et sociale des projets de développement, les entreprises doivent démontrer les vertus de leurs activités pour convaincre les territoires. En 2023, 22% des projets d’implantation étaient inscrits dans au moins l’une des dimensions de la RSE (engagement sociétal, engagement environnemental, économie circulaire), contre 3 % en 2021.

5 - Des deux freins majeurs : La disponibilité du foncier et les difficultés de recrutement

Si la raréfaction des terrains disponibles demeure le principal obstacle à l’implantation ou au développement des entreprises (73%), la question des ressources humaines locales (niveau de formation, disponibilité) est de plus en plus prégnante (54%).

6 - Cinq défis à relever par les territoires en 2024

  1. Cibler les secteurs d’activités liés aux priorités économiques et industrielles nationales 
  2. Répondre aux besoins d’accompagnement et d’implantation des activités endogènes
  3. Poursuivre le développement des solutions d’accueil immobilières et foncières en s’adaptant aux nouveaux enjeux
  4. Proposer un accompagnement complet pour favoriser la concrétisation des projets les plus complexes
  5. Poursuivre les efforts et initiatives pour améliorer la qualité du cadre de vie pour les habitants et salariés.

 

Pour aller plus loin :

 

Télécharger le Livre blanc « Baromètre de l’attractivité des territoires Attractivité, la nouvelle donne ? »

Ce Livre Blanc est éclairé par les témoignages de Charles Rodwell, Député, Rapporteur de la mission sur l’attractivité économique, Sylvain Waserman, Président de l'ADEME, Sébastien Martin, Président d’Intercommunalités de France et Laurent Saint-Martin, Directeur Général de Business France.

 

 

 

Notes :

[1] Filiale de la Caisse des Dépôts rattachée à la Banque des Territoires, le groupe SCET accompagne les initiatives locales publiques et privées sur les nouveaux enjeux des territoires, des équipements et leurs transitions – La société Ancoris est un acteur européen de référence dans la détection de projets d’implantations d’entreprises et l’accompagnement des territoires dans leurs transitions.

[2] Interrogés en novembre et décembre 2023