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Crédit ©Sebastien ORTOLA/REA
L’humanité aurait-elle atteint un point de bascule ? C’est sur cette alerte que s’est ouvert le Congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui s’est tenu pour la première fois en France, du 3 au 11 septembre, à Marseille. Le monde s’accorde de plus en plus à reconnaître le lien inextricable entre érosion de la biodiversité, dérèglement climatique et leurs conséquences sur l’économie et le social, nos modes vies, la santé… une connexion que la pandémie de COVID-19 a rendue encore plus visible.
Rappelons en préambule, qu’il s'agit de la première union environnementale à l’échelle mondiale dédiée à la préservation de la nature. Créée en 1948, elle a pour objectif « d’encourager la coopération internationale et de fournir des connaissances et des outils scientifiques en vue de conserver l’intégrité et la diversité de la nature ainsi que de garantir un usage équitable et durable des ressources naturelles »[1].
Organisé tous les quatre ans, le Congrès mondial de la nature de l’UICN rassemble plusieurs milliers de hauts responsables politiques, de représentants des administrations publiques, de la société civile, des communautés autochtones, du secteur privé et de l’enseignement supérieur et de la recherche, pour décider collectivement des mesures à prendre face aux défis les plus pressants en matière de restauration écologique et de développement durable.
Après 9 jours d’échanges, le congrès s’est conclu samedi 11 septembre, proposant une feuille de route claire pour les enjeux de conservation et de restauration de la biodiversité pour la décennie à venir.
[1] Source : https://www.iucn.org/fr/une-breve-histoire-uicn
Cette année, le Congrès mondial de la nature s’est focalisé sur trois thèmes :
Le Congrès de l’UICN a instamment appelé les gouvernements à mettre en œuvre une reprise post-pandémie fondée sur la nature, en investissant au moins 10% des fonds mondiaux pour la reprise dans des projets liés à la nature, en s’appuyant sur les solutions fondées sur la nature. Les membres de l’UICN ont adopté une série de résolutions et d’engagements visant à lutter de manière urgente contre les crises interconnectées du climat et de la biodiversité.
Les débats ont été intenses et ont permis de porter collectivement un manifeste audacieux ouvrant désormais la voie à une COP 15 Biodiversité alignée sur les objectifs portés par les scientifiques.
« Promouvoir les investissements en faveur de la nature. Avec les gouvernements désormais engagés à investir pour stimuler les économies, il existe une opportunité unique de créer des emplois durables, d’accélérer la juste transition vers une économie décarbonisée… et rediriger les investissements directs vers des projets positifs pour la nature. L’UICN exhorte les gouvernements à mettre en place un “plan de relance fondé sur la nature” et pour se faire, les gouvernements doivent déployer des investissements publics et encourager le secteur privé ainsi que la société civile à investir à leur tour. Transition vers une économie respectueuse de la nature. Si le recours aux solutions fondées sur la nature pour aider les pays à se relancer est fortement encouragé, nous devons également nous projeter sur le long terme. La réforme des systèmes financiers, économiques et réglementaires est essentielle, tout comme la fin des subventions néfastes à la nature. L'adoption d'une approche économique plus circulaire pourrait aider à préserver des biens communs mondiaux d'une importance capitale, comme l'environnement marin. L'UICN exhorte les gouvernements à supprimer les incitations négatives et les subventions néfastes qui nuisent à l'environnement naturel, et à mettre en place des incitations positives qui profitent à la nature. De même, l'UICN appelle solennellement les entreprises et autres investisseurs à analyser l'impact et la dépendance des nouveaux investissements sur la nature, à dissuader ceux qui pourraient nuire à la nature et à donner la priorité à ceux qui lui sont bénéfiques. »
En marge du Congrès, la Journée de la nature du 7 septembre organisée par la Caisse des Dépôts a été l’occasion de mobiliser largement l’ensemble du groupe Caisse des Dépôts autour du thème de la biodiversité, et de structurer les prochaines étapes de la feuille de route présentée à l’occasion du One Plant Summit de janvier 2021. Cette journée a tenu toutes ses promesses ouvrant des perspectives à la fois transversales et concrètes.
Parallèlement, les interventions de CDC Biodiversité et de ses partenaires à Marseille, en particulier sur les sujets de la mesure d’empreinte biodiversité des entreprises et des portefeuilles ont particulièrement attiré l’attention des experts et participants.
De même les programmes de long terme, comme Nature 2050, soulignent l’importance des valeurs du groupe pour relever les défis de la transition environnementale, ainsi que les solutions développées par la Mission Économie de la Biodiversité.
Les études conduites sur les risques financiers liés à la biodiversité en France par CDC Biodiversité en collaboration avec la Banque de France, l’Agence française de développement (AFD), l’Office français de la biodiversité (OFB), l’Université Sorbonne Paris Nord, le Centre d’économie et de gestion de Paris Nord (CEPN), l’École normale supérieure (ENS) de Paris, citées par Christine Lagarde en ouverture du congrès ont particulièrement interpellé les congressistes.
Dans l’article Un “printemps silencieux” pour le système financier ? Vers une estimation des risques financiers liés à la biodiversité en France, les auteurs explorent les risques financiers liés à la biodiversité à travers un cadre analytique permettant de saisir la dynamique des "biodiversity-related financial risks (BRFR)". Ils insistent sur la complexité et l'incertitude en jeu ainsi que la substituabilité limitée du capital naturel. S'appuyant sur la méthodologie “Biodiversity Impacts Analytics”[2] ils proposent ensuite des premières estimations quantitatives des dépendances du système financier français à différents services écosystémiques, et de ses impacts sur la biodiversité.
[2] BIA-GBS - développée conjointement par CDC Biodiversité et Carbone 4 Finance
42% du montant des actions et obligations détenues par des institutions financières françaises est émis par des entreprises qui sont fortement ou très fortement dépendantes d’au moins un service écosystémique.
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Si beaucoup reste à faire et que les délais de mise en œuvre sont désormais particulièrement courts, il apparaît que la capacité à travailler en partenariat de façon transversale, associée aux valeurs intrinsèques et aux capacités des financement du groupe Caisse des Dépôts, le place en première ligne pour accompagner la transition environnementale nationale.