cicéron
c'est poincarré
Chaque année, plus de 150 000 offres d’emploi restent non pourvues faute de candidats qualifiés selon les données de Pôle emploi. Partant de ce constat, comment identifier, à l’échelle d’un territoire, les besoins de mutations des compétences et qualifications ? Comment former les nouvelles générations aux métiers d’aujourd’hui et de demain dans un contexte mutant ? Comment les informer et leur donner envie de s’investir dans des parcours qui aboutiront à des métiers d’avenir, parfois encore en émergence, et des filières d’excellence françaises ?
Des postes non pourvus et des salariés en recherche d’emploi
La première préoccupation d’un chef d’entreprise qui recrute sur un territoire donné, c'est l'adéquation d’un profil de candidat avec un poste et un environnement précis.
Or les stratégies d'entreprises, les politiques publiques, mais aussi la progression individuelle de chaque salarié, et l’évolution des territoires et des filières, ne sont pas interconnectées et n’entrent pas en résonnance au niveau pertinent, l’individu et le territoire.
Face à ce défi, il est indispensable de mettre en synergie tous les acteurs d’une filière économique et de l’éducation d’un territoire pour apporter une réponse concrète aux besoins de formation et de main d'œuvre, centrée sur des filières spécifiques et sur un secteur d'activité correspondant à un enjeu économique national ou régional.
C’est précisément l’objet des « Campus des Métiers et des Qualifications » (CQM), qui s’inscrivent dans la continuité des initiatives menées jusque-là en faveur de la formation professionnelle. Leur vocation est de fédérer à l’échelle territoriale un large réseau d'acteurs d'excellence de formations pour accélérer la hausse du niveau de qualification des candidats, et anticiper et accompagner les mutations économiques et technologiques des territoires.
Des méthodes de travail innovantes et partenariales
Les CMQ de « nouvelle génération », les campus d’excellence, sont destinés à faciliter l'insertion des jeunes dans l'emploi et à fluidifier les parcours vers l'enseignement supérieur. Réseaux ouverts et coopératifs, ils sont porteurs de méthodes de travail partenariales et d'innovations au niveau territorial, en faveur d'une politique éducative, de formation et d'insertion professionnelle.
Ces CQM-e vont changer radicalement la donne en favorisant des partenariats durables autour d'objectifs partagés dans un même bassin ou filière, entre entreprises, organismes publics, de formation et de recherche (universités, IUT, écoles, lycées, CFA ou organismes privés) auxquels participeront des organisations professionnelles et des collectivités territoriales. Le porteur de projet, un lycée professionnel ou une université, va piloter un consortium regroupant des établissements d’enseignement du secondaire ou du supérieur, des laboratoires de recherche publics et privés, des entreprises, des CFA (Centres de Formation des Apprentis), des organisations professionnelles et des acteurs locaux.
Une réponse juste et adaptée aux besoins
Là où chaque acteur travaillait en silo, des plateformes mutualisées ou des approches collectives vont permettre de faire émerger les métiers nouveaux et les besoins mutuels à l’échelle d’un territoire, comme par exemple le besoin de compétences en impression 3D qui peut être commun à plusieurs filières présentes sur un territoire. Le CMQ-E va alors créer si nécessaire de nouvelles formations adaptées à ce besoin ou calibrer des parcours personnalisés à partir de formations existantes.
Les formations proposées vont du CAP jusqu’au doctorat, dans les filières des métiers de tradition comme de l’innovation technologique.
Le CMQ-E travaille également avec les collèges et lycées à travers la mise en place de campagnes de sensibilisation aux métiers des filières présentes sur le territoire. Ces actions sur le terrain prennent différentes formes qui vont du témoignage de salariés venus présenter en classe leur savoir-faire à des élèves, à des journées des métiers organisées au sein des établissements scolaires ou des visites d’entreprises.
Un suivi régulier dans le temps
Le gouvernement vient d’annoncer début février la sélection des 12 campus lauréats de l’appel à projets « CMQ », qui s’inscrit dans l’action « Territoires d’innovation pédagogique » du troisième volet du PIA dont la Banque des Territoires est l’opérateur.
Doté d’une enveloppe de 80 millions d’euros sous forme de dotations décennales et/ou de subvention, cet appel à projets va donner aux CMQ les plus innovants les moyens de conforter leur rôle d’accélérateur des actions engagées pour répondre aux besoins de compétences des territoires.
Les 12 campus sélectionnés bénéficieront d’un montant total de financement de 26 millions d’euros. Ils feront l’objet d’un suivi régulier et rigoureux.
L’appel à projet reste ouvert jusqu’au 30 avril 2021 avec deux dernières vagues de sélection pour un montant de 54 millions d’euros.
Au cœur du « Projet Numérique et Photonique » de Lannion
Le projet Numérique et Photonique est lauréat de la troisième vague de l’Appel à Projets du 10 octobre 2019. Depuis le 6 février, ce campus, labellisé depuis 2016 « campus des métiers et des qualifications », spécialisé dans le numérique et la photonique, s’est vu attribuer le label d’excellence, et bénéficiera d’un programme d’investissements doté de 4,2 millions d’euros sur cinq ans. Il est porté par l’Université Rennes 1, pour un déploiement sur toute l’académie de Rennes, soit les quatre départements bretons.
Avec les sociétés ancrées sur le territoire, Lannion représente un écosystème complet et attractif qui lui a valu d’être sélectionné. Les écoles existent, et il répond au besoin d’une main-d’œuvre formée, qui va du CAP au doctorat, exprimé par les entreprises dans les secteurs du numérique et de la photonique.
Il s’agit d’un programme ambitieux comprenant le développement de nouvelles formations, de créations de plateformes technologiques et de nouveaux outils numériques. Fibres optiques, lasers et LED, imageurs, capteurs, photovoltaïque, écrans,… les apports de la photonique sont nombreux et offrent de nouvelles perspectives d’innovation sociétales importantes. Que ce soit sur ces domaines ou qu’il s’agisse de réalité augmentée, de cybersécurité, d’objets connectés, d’imagerie ou de tourisme, une des missions du Campus numérique consistera à communiquer sur ces métiers, pour attirer des demandeurs d’emploi parfois peu informés sur ces secteurs, et œuvrer à intégrer les femmes, encore minoritaires dans le numérique.