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Réalisée au printemps 2020, la dernière vague de l’enquête Pat€r (PATrimoine et préférences vis-à-vis du TEmps et du Risque) a fourni l’occasion d’interroger un échantillon représentatif de Français sur la façon dont ils appréhendent le risque de devenir un jour dépendants, quelles modalités de prise en charge ils anticipent et de quelles ressources ils pensent disposer pour financer une éventuelle perte d’autonomie.
Les réponses font tout d’abord apparaître que la perte d’autonomie est un risque bien identifié : 7 répondants âgés de moins de 80 ans sur 8 estiment à au moins 50 % leur risque de devenir un jour dépendants (graphique 1). L’âge ne joue guère sur cette perception. En revanche les personnes les plus diplômées, celles se déclarant en mauvaise ou en très mauvaise santé ainsi que celles qui ont déjà été confrontées à la perte d’autonomie d’un proche sont davantage susceptibles de considérer comme probable qu’elles deviennent un jour dépendantes. 63 % des répondants déclarent avoir déjà été confrontés à la perte d’autonomie d’un proche.
Graphique 1. Répartition des répondants selon leur évaluation de 0 à 10 du risque qu’ils deviennent un jour dépendants
Si 60% des personnes âgées de moins de 80 ans jugent probable ou très probable d’avoir besoin d’aide pour les tâches ménagères (ménage, préparation des repas, courses) à 80 ans, ce chiffre n’est que de 35% pour les soins personnels (toilette, habillage, prise des repas), 32% pour les tâches administratives (gestion du budget, s’occuper des papiers…) et 22% pour de l’aide en lien avec des troubles cognitifs.
Interrogés sur leurs préférences en matière de prise en charge d’une éventuelle perte d’autonomie, les répondants rejettent massivement l’idée que leurs enfants puissent être amenés à consentir des sacrifices personnels ou professionnels ou bien les aider financièrement s’ils deviennent dépendants. L’implication du conjoint est en revanche beaucoup plus facilement acceptée. Ainsi, 45% des personnes en couple déclarent en revanche que, si elles devaient avoir besoin de deux heures d’aide quotidienne, elles privilégieraient le recours à leur conjoint, loin devant d’éventuels aidants professionnels (20%, graphique 2). Cette acceptabilité d’une implication du conjoint peut traduire à la fois des préférences intrinsèques (difficulté à accepter l’irruption d’une personne extérieure dans son intimité) et une conscience aiguë des coût potentiellement élevés de la prise en charge de la perte d’autonomie : seulement 20 % (resp. 9 %) des répondants en couple refuseraient que leur conjoint consente des sacrifices personnels ou professionnels pour les aider, si cela permettait de ne pas payer une aide à domicile (resp. une maison de retraite).
Graphique 2. Intervenant privilégié par les répondants s’ils avaient besoin d’être aidés 2 heures tous les jours de la semaine
Les répondants dans leur ensemble se font une idée relativement exacte des coûts de prise en charge de la perte d’autonomie en établissement. 9 répondants sur 10 pensent ne pas pouvoir payer une maison de retraite avec uniquement leur pension, et les deux tiers pensent ne pas y arriver même en mobilisant l’ensemble de leurs ressources. Interrogés sur les financements qu’ils anticipent pouvoir mobiliser pour payer une maison de retraite, seulement 39 % des répondants mentionnent les aides publiques comme l’APA (graphique 3). Si ce constat peut s’expliquer pour les personnes les plus aisées dans la mesure où le montant de l’APA décroît significativement avec les ressources, le fait que 50 % des répondants avec moins de 20 000 € de revenu annuel net mentionnent les aides publiques traduit probablement une grande méconnaissance des règles d’attribution des aides à la perte d’autonomie, et plus particulièrement de l’APA.
Graphique 3. Intervenant privilégié par les répondants s’ils avaient besoin d’être aidés 2 heures tous les jours de la semaine
Vous pouvez retrouver l’étude complète réalisée par Ronan Mahieu sur Comment les Français envisagent-ils le risque dépendance ? Une analyse à partir des données de l’enquête Pat€r 2020 dans Questions Politiques Sociales – Les études n°34, ainsi que les données des graphiques sur le site https://politiques-sociales.caissedesdepots.fr/ à la rubrique Publications et statistiques. Y sont disponibles l’ensemble des publications de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts.