Une série de 4 articles consacrée à la réalisation du quartier des Quinconces au cœur du Village des Athlètes à Saint-Ouen-sur-Seine par le Groupement Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, CDC Habitat et Icade.

Le 1er article concerne la réversibilité des bâtiments du Village des Athlètes. Les Quinconces seront transformés en un véritable quartier de ville imaginé pour ses habitants et ancré dans son territoire. Ce programme immobilier est inédit par ses ambitions environnementales élevées, son bilan carbone a été divisé par 2 par rapport à une opération classique ! c’est le thème du 2ème article. Le suivant traitera du sujet de la biodiversité et du paysage, qui ont été au centre de la conception de ce nouveau quartier. Le projet paysager des Quinconces contribue à créer un milieu urbain plus sain, plus durable et particulièrement résilient face aux défis environnementaux. Enfin, le dernier article sera axé sur le bâtiment « Cycle ». Véritable vitrine des pratiques innovantes en matière de gestion des ressources et de «zéro déchet», il vise à limiter les impacts environnementaux du bâti et à faire des progrès conséquents dans la gestion des déchets et de l’eau à l’échelle d’un immeuble.

SOMMAIRE

> Des immeubles réversibles
> Un démonstrateur aux ambitions élevées
> Place à la biodiversité
> Le bâtiment CYCLE

Le Village des Athlètes a été, dès sa conception, pensé comme un démonstrateur de la transition écologique de la ville à horizon 2050. L’objectif est de laisser en héritage des ouvrages témoignant de l’excellence française en matière environnementale.

L’exigence du cahier des prescriptions d’excellence environnementale de l’aménageur, la SOLIDEO, a poussé les acteurs à innover pour réduire à la fois l’empreinte carbone du projet et s’adapter aux dérèglements climatiques. Concrètement le groupement constitué de la Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, CDC Habitat et Icade a divisé par deux son bilan carbone par rapport à une opération classique en dépassant les objectifs fixés par l’aménageur à 740 kg/CO²/m². Le bilan carbone est réalisé sur un cycle de vie complet (ACV) sur une durée de 50 ans.

Une empreinte écologique réduite grâce au recours au bois massif

Pour atteindre cet objectif, le recours au bois a été massif dans les choix de mode constructifs avec six des treize bâtiments construits en structure bois (poteaux/poutres et planchers) et 100% des bâtiments en façades ossature bois avec un isolant bio sourcé en laine de bois.

L’origine du bois a été tracé et issu à 100% de forêts gérées durablement et certifiées PEFC (Programme de reconnaissance des Certifications Forestières) ou FSC (Forest Stewardship Council) et 59 % du volume de bois structurel est d’origine française dépassant l’objectif initial qui était de 30%.

Bâtiments en bois au cœur du village des athlètes

©Fleur Mounier

Innovation en construction : l’impact positif du béton bas carbone

Les bétons utilisés ont été conçus bas carbone avec des formulations adaptées. Les entreprises générales ont travaillé en amont du chantier sur les caractéristiques du béton à employer, pour qu’il puisse présenter un impact carbone faible fixant à 157 kg eq CO2/m3 maximum la quantité d’émissions carbone du béton à produire. Pour répondre à cet objectif ambitieux, elles ont proposé l’installation d’une centrale à béton directement sur le chantier pour produire les plusieurs dizaines de m3 nécessaires à l’ensemble du projet. Ce choix permettait de maîtriser la production du béton et de réduire les flux circulatoires nécessaires à l’approvisionnement du béton sur le chantier, dans une logique de réduction des émissions de CO2 liées au transport.

Avec le support des bureaux d’études, dix formulations de béton ont été identifiées. Elles correspondent aux différentes spécificités techniques du projet, intègrent les facteurs météorologistes et les cadences/rotations de production.

Des laitiers de haut-fourneau[1] issus des déchets sidérurgiques ont été utilisés pour remplacer une partie du ciment, dont la cuisson à haute température génère une forte pollution. Les équipes ont privilégié des fournisseurs détenant des carrières en France, en maximisant les apports par voie fluviale.

Une anticipation du climat 2050 avec des mesures d’adaptation fortes

Disposition des bâtiments en quinconces, doubles orientations systématiques des logements, balcons, dimensions des vitrages, occultations par persiennes, brises soleil ou stores, sont autant de dispositifs mis en place dès la conception du projet pour faire circuler l’air et se protéger du soleil.

A cette conception bioclimatique s’ajoute un système de rafraîchissement par le sol produit par une centrale de géothermie mise en place par l’aménageur à l’échelle du Village des Athlètes.

De plus, la présence d’une forêt fraîche de 3 000 m² en cœur d’îlot offre une place importante à la nature et au vivant permettant également d’abaisser de quelques degrés la température ambiante en cas de fortes chaleurs.

Enfin, une attention forte a également été portée à la gestion des eaux pluviales qui a été intégrée aux réflexions sur la biodiversité et les sols. Les eaux étant considérées comme une ressource dans le projet et une réponse aux enjeux de résilience et d’adaptation. 

Le recours au réemploi : un autre levier pour réduire l’empreinte carbone d’un projet immobilier

Raisonner en circularité des ressources est structurant pour optimiser la matière et réduire l’impact des déchets. Désignant à la fois la réutilisation de matériaux avant le chantier et la seconde vie des matériaux après celui-ci, le réemploi a permis de réduire drastiquement l’empreinte carbone du Village des Athlètes. 

  • Pour les éléments intérieurs, après la phase des Jeux, 75% des matériaux tels que les cloisons provisoires, la moquette et la peinture devront être réemployés.
  • Dans la conception du projet, 10% des matériaux en masse devaient être en réemploi. Pour y parvenir des initiatives ont été mises en place telles que l’utilisation des chutes de céramique des façades pour créer des murs de type gabion ou la récupération de bois provenant des ports de Hollande pour fabriquer du mobilier extérieur.

Si le réemploi des matériaux de construction pose de nombreux défis, notamment en raison des dépenses induites par la dépose, le nettoyage, le reconditionnement, le stockage et le transport de quantités réduites, « les Quinconces » prouvent qu’il est possible de faire autrement.

Avec ce projet, le groupement constitué de la Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, CDC Habitat et Icade ambitionne de faire évoluer la réglementation pour ouvrir la voie à des projets plus respectueux de l’environnement et une construction plus responsable.

Véritable laboratoire à ciel ouvert des nouvelles façons de construire, le chantier des Quinconces a notamment permis de lever un volume inédit de contraintes en un temps record, en particulier sur l’usage du bois, faisant ainsi évoluer le cadre légal afin que la construction durable devienne la norme.

 

« Les Quinconces » – Chiffres clés

- 52 000 m² de surface de plancher répartis sur 13 bâtiments (douze de logements/un de bureaux)
- En phase héritage : 643 logements pour tous (accession libre, locatifs intermédiaires, sociaux, une résidence étudiante, résidence sociale), des espaces dédiés au sport, à la culture, aux services de proximité, co-working…

 

Notes

[1] Les Laitiers de hauts-fourneaux, sont des matériaux majoritairement vitreux, sous-produits de l’élaboration de la fonte résultant de la réduction des minerais de fer (Hématite Fe2O3 ou Magnétite Fe3O4) par le coke (combustible et agent réducteur) pour obtenir de la fonte (alliage de fer-Carbone, saturé en carbone ; Fonte = pig-iron). Source : infociments.