Les réalités immersives : quel apport possible pour les territoires ?

Quelles sont ces technologies immersives ?

L’appellation « technologies immersives », que l’on abrège souvent par le terme « XR » est un terme générique décrivant un ensemble de technologies qui « améliorent » ou « enrichissent » l'environnement réel et nos sens soit en intégrant du contenu numérique dans le monde réel, soit en créant un nouvel environnement virtuel venant remplacer l'environnement réel.

Vecteurs d’une transformation de contenus en 2D à des contenus en 3D, les technologies immersives se répartissent en trois grandes technologies principales :

• La Réalité Virtuelle (VR) qui permet d’immerger totalement l’utilisateur dans une réalité reconstituée, interactive, calculée et différente de la sienne. Elle est réalisée essentiellement à l’aide d’images de synthèse diffusées par le biais de casques dédiés ou d’écrans. L’environnement virtuel peut alors être imaginaire ou réel, à une époque ou sur un site différent de ceux de l’utilisateur.
• La Réalité Augmentée (AR), elle, consiste à superposer en temps réel des informations virtuelles (en 2D ou en 3D) à la perception du réel afin de créer une « réalité enrichie ». Les smartphones, les tablettes, les lunettes permettent de vivre cette réalité augmentée.
• La Réalité Mixte (MR), enfin, consiste en une hybridation entre le réel et le virtuel. Elle passe par l’intégration dans le monde réel d’objets virtuels interactifs avec l’utilisateur et l’environnement réel.

Si la dernière technologie est moins connue, l’usage de la réalité virtuelle porté par des acteurs technologiques majeurs, se démocratise fortement depuis quelques années. Selon une étude dédiée au sujet par le CNC en avril 2019[1], près de 41% des français ont déjà eu une expérience en réalité virtuelle et 7% d’entre eux disposent d’ores et déjà d’un casque.

Source : CNC - 2019

Derrière les Etats-Unis et la Chine, le marché européen de la XR bénéficie d’une croissance forte avec des revenus qui devraient passer de 8 à 32 milliards d’euros entre 2020 et 2025 avec un marché tiré par l’Allemagne suivie du Royaume-Uni et de la France[2].  

Que peuvent-elles apporter aux territoires ?

Dans le domaine, la France possède de nombreux atouts et un certain dynamisme porté notamment par les secteurs patrimonial et culturel. On retrouve ainsi un grand nombre d’expériences immersives permettant une mise en valeur du patrimoine architectural ou la découverte d’un site protégé, que ce soit à proximité ou à des milliers de kilomètres de distance. A ce titre, les technologies XR peuvent intervenir à différentes étapes de la chaîne de valeur touristique : soit pour accroître l’attractivité et développer une identité d’un territoire, soit pour améliorer l’expérience client sur place en renouvelant une offre touristique existante. A titre d’exemple, peut être citée l’expérience FlyView Paris[3] ou la visite de la grotte de Lascaux via son jumeau virtuel[4].

Au-delà du tourisme, les technologies immersives présentent des atouts dans d’autres domaines de compétences des collectivités. Au travers d’un guide[5] dédié non exhaustif, la Banque des Territoires a ainsi identifié en France des projets qui font ressortir plusieurs domaines de prédilection pour les technologies immersives : la communication, la concertation citoyenne, la formation ou encore le développement économique.

Ainsi pour des projets d’aménagement et d’urbanisme notamment, les technologies immersives peuvent s’avérer un atout précieux pour la communication de la collectivité lors de la transformation d’un quartier ou la réaffectation d’un espace public. La simulation permise par des solutions issues du secteur du jeu vidéo permet de faciliter l’aide à la décision pour les élus, d’améliorer l’information dans le cadre d’un débat public ou plus simplement d’appréhender des transformations encore imaginaires.

A titre d’exemple, la métropole d’Aix-Marseille a développé une expérience immersive dans le domaine des transports pour concevoir des rames de métro accessibles aux personnes à mobilité réduite[6].

En matière de formation, toute collectivité se doit d’accompagner ses agents tout au long de leur carrière. Or, ce temps de formation peut s’avérer important et il est reconnu qu’une formation en réalité virtuelle améliorera la rétention d’informations grâce à une plus grande concentration et une forme d’empathie développé par le stagiaire. Cet avantage est tout à fait adapté à l’apprentissage des savoir être ou pour sensibiliser les agents à certains comportements comme l’agressivité ou le harcèlement par exemple.

Bien entendu certaines de ces formations sont transposables dans le domaine scolaire mais avant tout la réalité virtuelle pourra permettre de projeter les élèves dans une époque, une œuvre ou encore un métier pour lequel ils ont montré un intérêt. A ce titre, les XR représentent un outil pédagogique puissant pour des enseignants en recherche de nouvelles méthodes d’apprentissage.

Et demain ?

S’il est compliqué de prédire l’avenir des technologies immersives, il est sûr que les XR ont le potentiel de substituer la notion même de territoire : demain, grâce à ces dernières, un territoire sera accessible en permanence et partout dans le monde et ainsi donc améliorer son attractivité et son influence. Commencer dès aujourd'hui à comprendre et utiliser la XR pourrait permettre aux collectivités d'en faire un allié puissant de la transformation de leurs territoires.

Et qui sait ? Alors que plusieurs communes françaises avaient tenté l’expérience 2^nd Life au début du 21^ème siècle, on est naturellement tenté de se demander : à quand la première collectivité dans le metaverse promis par M. Zuckerberg ?

Aller plus loin

La Banque des Territoires a publié un guide qui propose un tour d’horizon de ces technologies immersives et analyse leur intérêt pour les acteurs territoriaux.

Téléchargez le guide Technologies immersives, une opportunité pour les collectivités locales ?