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Crédit ©SCET
La 2e édition du Baromètre de l’attractivité des territoires, publié en février par la SCET et Ancoris, revient sur le contexte économique actuel et évoque les leviers qui permettraient de redresser la barre à l’échelle locale, mais aussi internationale.
En 2024, le nombre total de projets détectés a diminué de 5 % par rapport à 2023, passant de 1694 à 1595. Cette tendance s’inscrit dans une dynamique baissière amorcée depuis le pic exceptionnel de 2021, où 1 871 projets avaient été enregistrés.
Dans le détail, les projets industriels ont chuté de 17 %, (392 en 2023 contre 325 en 2024), et des secteurs comme le tertiaire et les projets d’investissements directs étrangers ont plongé à seulement 4 % en 2024 (contre 12 % en 2020-2021), signalant une perte d’attractivité internationale critique pour le développement économique.
Ces évolutions appellent des efforts soutenus pour engager, voire ré-engager, une dynamique forte d’investissement. Les territoires doivent mobiliser leurs ressources et leurs acteurs pour créer un environnement favorable aux projets structurants, tout en ciblant stratégiquement les secteurs porteurs et en anticipant les attentes des investisseurs.
Après une remise en cause relative au sortir du Covid, notamment dans les métropoles qui connaissaient des dynamiques démographiques et économiques favorables, les enjeux d’attractivité reviennent fortement sur le devant de la scène. Les territoires interrogés dans le cadre de l’enquête SCET / Ancoris[1] sont 52% à qualifier ces enjeux de prioritaires (+5 points vs 2024/2023). Et malgré les difficultés rencontrées, les décideurs territoriaux restent très confiants en l’avenir : 85% des décideurs se disent optimistes ou très optimistes pour le développement de leur territoire.
Pourtant, les obstacles sont nombreux, dont deux en particulier. Tout d’abord, la faible disponibilité du foncier économique ; il ne s’agit plus uniquement de créer de nouveaux espaces mais aussi de valoriser les potentiels dans les zones d’activités existantes, de mobiliser le foncier sous-utilisé et de proposer des solutions immobilières plus intenses. Ensuite, les difficultés de recrutement, sachant que plus de 60000 emplois restent non pourvus rien que dans l’industrie.
Les territoires appellent à une stratégie économique et industrielle ambitieuse à toutes les échelles, en particulier française et européenne. A l’échelle territoriale, les initiatives telles que France Relance, les sites clés en main, et le programme Territoires d’Industrie doivent être consolidées et amplifiées pour répondre aux besoins spécifiques des entreprises industrielles. La territorialisation de ces actions est primordiale afin de tenir compte des spécificités locales et maximiser leur impact.
Pour les industriels, la simplification et la stabilité des règles et des politiques publiques est une condition essentielle pour se projeter sur le long terme et prendre des décisions d’investissement. Cette stabilité doit prévaloir face à des reformes incessantes qui peuvent fragiliser leur capacité à planifier.
Par ailleurs, lorsque l’on observe les stratégies ambitieuses mises en œuvre par des économies comme les États-Unis (avec l’IRA) et la Chine, une réponse s’impose à l’échelle nationale et européenne. C’est à cette échelle que doivent être décidées les actions structurantes et les décisions stratégiques d’intérêt supérieur pour la France et ses entreprises. Et ce n’est qu’en renforçant les coopérations à toutes les échelles que la France pourra rivaliser dans la course mondiale à l’investissement et à l’innovation.
Sur le long terme, la capacité à planifier le développement de la France et de ses territoires, à l’image des stratégies développées après-guerre, sont indispensables dans un environnement économique de plus en plus compétitif. Et ce, pour offrir aux citoyens, salariés et entreprises les conditions nécessaires au développement, à la qualité de vie et à la transition environnementale.
Dans le même temps, la disponibilité de l’offre foncière et la qualité de l’offre immobilière demeurent des leviers prioritaires pour accueillir les entreprises en 2025, avec respectivement 67 % et 56 % des décideurs territoriaux les considérant comme des axes clés[2].
Le risque, dans un contexte économique incertain, est de baisser la garde sur les objectifs de décarbonation. Après trois années de progression, la part des entreprises annonçant une démarche RSE dans leurs projets d’implantation diminue en 2024, à 23 % contre 27 % en 2023. En effet, dans ce contexte incertain, les entreprises priorisent la sécurisation de leur trésorerie au détriment de projets d’engagement environnemental, sociétal ou d’économie circulaire.
Les territoires doivent malgré tout garder le cap pour ne pas obérer l’avenir et conserver une approche stratégique et sélective dans les entreprises de leur territoire qu’ils souhaitent soutenir ainsi que dans les nouveaux projets qu’ils choisissent d’accueillir.
Téléchargez la 2ème édition du Baromètre de l’attractivité des territoires