2024 : une année marquée par des catastrophes climatiques sans précédent

L’année 2024 a été particulièrement chargée en évènements climatiques extrêmes. En France, le Pas de Calais est resté près de deux mois les pieds dans l’eau en janvier et février. A l’automne, la vallée du Giers et du Rhône ont subi des intempéries dévastatrices avec des villes ravagées et la perte d’une vie humaine. Plus récemment, c’était au tour de la Bretagne de se retrouver submergée par les eaux.

Le coût croissant des catastrophes : une réalité sous-estimée

Au-delà des images médiatiques, du flux d’informations saturé par les micros-trottoirs et des témoignages poignants des habitants déclarant que « de mémoire d’homme, nous n'avons jamais vu ça », une donnée cruciale reste peu évoquée : le coût global des indemnisations mobilisées par les assureurs et avant tout, par l’Etat.

 Cette dimension financière, passée sous silence, est pourtant fondamentale car l’inaction en matière d’adaptation, aggravée à chaque coup de rabot sur le fond vert, entraine des coûts qui augmentent de façon exponentielle. La Cour des comptes l’a d’ailleurs souligné dans son rapport annuel 2024 intitulé « L’action publique en faveur de l’adaptation au changement climatique ».

Des territoires sous pression constante

Ces aléas climatiques ne sont certes pas nouveaux. Certaines villes comme Esbly, en Seine et Marne, subissent plusieurs inondations par an. Mais la multiplication, l’imprévisibilité et l’intensité de ces phénomènes menacent désormais la viabilité et l’habitabilité même de ces territoires. Esbly vient d’ailleurs de lancer une étude de réduction de sa vulnérabilité.

Le fond Barnier, mis en place en 1995, se trouve aujourd’hui sous tension face à l’ampleur considérable des sommes concernées. La tempête Xynthia de 2010, qui avait causé 47 décès et généré environ 1,5 milliards d’euros d’indemnisation, coûterait aujourd’hui entre 2 et 3 milliards d’euros dans le contexte actuel des prix du foncier et de l’immobilier, mais aussi des développements urbains ces dix dernières années.

Prévention ou réparation : un choix crucial

Le rapport d’I4CE « S’adapter, ne rien faire… combien ça coûte ? » estime à 2,3 Mds€ par an le coût des 18 mesures d’adaptation jugées matures.

Ces chiffres prennent une résonnance particulière quand on se souvient de l’avertissement de  Henri De Castries, alors président d’Axa (premier assureur mondial), lors de la COP21 en 2015 à Paris. Ce dernier indiquait alors que les enjeux climatiques étaient tels que certains pourraient devenir inassurables, et que le monde le serait certainement à +4°C.

Dès lors, qui serait prêt à habiter un territoire non assurable au risque de tout perdre au prochain évènement ?

Sommes-nous réellement prêts à abandonner des quartiers, des villes, des villages, des territoires entiers parce que nous n’aurions pas anticipé l’adaptation de ces territoires ?

L’urgence d’une adaptation territoriale ambitieuse

La question mérite d’être posée dans un contexte politique et budgétaire plus qu’incertain, et à l’heure d’une remise en cause, par certains, de l’utilité des agences de l’Etat accompagnant la transition écologique et énergétique.

Il est important de garder à l’esprit les conséquences du réchauffement climatique, soit une augmentation des risques naturels quelles que soient leurs traductions : inondation, sécheresse, feux de forêts, éboulements dans les montagnes, retrait et gonflement des argiles, etc.

La simple désimperméabilisation des trottoirs ou la végétalisation des cours d’écoles, bien que nécessaires ne suffiront pas. Il importe d’envisager des mesures plus radicales pour se préparer à l’impensable, pour anticiper les évènements les plus extrêmes : planifier le retrait stratégique, programmer la renaturation de certains espaces bâtis voire de quartiers entiers exposés à des risques.

Le cas de Mayotte post Chido illustre parfaitement ces enjeux. La reconstruction ne peut/ne doit pas se faire à l’identique, et elle ne relève pas seulement d’un problème de résorption de l’habitat informel. Il est indispensable de reconstruire en mettant les populations à l’abri des risques, notamment de submersion ou du recul du trait de côte. A cet égard, repartir d’une quasi-page blanche rend plus faciles des choix tranchés et des renoncements. Cette situation dramatique doit nous conduire à repenser intégralement l’aménagement de nos territoires, en particulier les plus vulnérables et les plus exposés.

Conclusion

Dans le contexte actuel de débat budgétaire et d’ouverture des discussions sur le projet de loi TRACE, il est crucial de maintenir une vision à long terme de la transition de nos territoires. Les projets d’adaptation représentent certes un investissement conséquent, mais la non-adaptation, en plus de rendre plus difficile la vie des habitants, entrainera des coûts humains et financiers bien plus lourds à supporter.

Cette exigence d’adaptation, trop souvent reléguée au second plan, doit désormais devenir une priorité dans l’aménagement et la gestion de nos territoires.