Refaire de l’industrie un projet de territoire

L’absence de déterminisme

Vitré et Les Herbiers sont les archétypes des territoires qui ont mis l’industrie au cœur de leur projet de territoire pour parvenir à un taux de chômage bas. D’autres territoires moins connus connaissent un certain dynamisme en matière d’emplois industriels, on peut citer notamment Cognac ou Alsace centrale. D’autres encore, comme Nord Poitou, misent sur leur esprit entrepreneurial et leur tissu ancien de petites entreprises industrielles pour retrouver des indicateurs économiques au vert. Si cet effort ne s’est pas forcément encore traduit dans les chiffres, il signale une mobilisation et un projet autour de l’industrie.

Derrière cette diversité de situations, ces territoires nous apprennent que les facteurs tels que la spécialisation industrielle et l’agglomération géographique des activités n’expliquent qu’en partie leurs performances en matière industrielle. D’autres facteurs conditionnent le dynamisme des territoires à commencer par les conditions héritées de la géographie (la localisation frontalière par exemple), de l’histoire (comme les conflits politiques), de l’environnement socio-économique (les politiques de rééquilibrage territorial), du capital social (l’esprit entrepreneurial, les liens locaux de solidarité) et de la construction antérieure des ressources par les acteurs locaux. Si ces facteurs ne déterminent pas seuls le dynamisme industriel d’un territoire, ils rappellent que l’industrie ne se décrète pas. Son développement dépend des initiatives des entrepreneurs, des stratégies individuelles des entreprises du territoire ainsi que des stratégies collectives des acteurs locaux, des infrastructures et de l’environnement global (règlements, normes, fiscalité).

Pour une industrialisation choisie par les territoires

Il n’y a pas de recette unique pour construire un territoire industriel à la fois dynamique économiquement et résilient. Mais il y a un ingrédient indispensable : la mobilisation des industriels, des élus, des services des collectivités territoriales ou des associations de riverains autour d’un projet commun qui traduit leur volonté de faire ou de refaire de l’industrie un élément fort de l’identité du territoire. C’est à cette condition que pourront ensuite être mis en place une feuille de route et des leviers d’action. Les collectifs d’acteurs et leur gouvernance varient d’un territoire à un autre et se forment à partir de concertation institutionnalisée, des réseaux interpersonnels et du partage de valeurs. Les acteurs doivent ensuite imaginer les dispositifs qui mèneront à la réalisation du projet commun ; leur mise en place sera facilitée par des animateurs et/ou des entrepreneurs locaux.

La multiplication d’actions locales en faveur de l’industrie

Compétences, foncier, mobilité et accès au logement, innovation, réseaux, infrastructures, financement sont autant de ressources que doivent construire ou renouveler les acteurs locaux. Bien sûr, ils ne peuvent pas agir simultanément sur l’ensemble de ces domaines bien qu’ils soient très fortement connectés les uns aux autres. La disponibilité de la main-d’œuvre est ainsi liée à la qualité de vie offerte par le territoire ; l’implantation de nouvelles usines est conditionnée à l’existence de foncier. Ensuite, certaines ressources ne peuvent pas être développées à partir des seules forces locales. Par exemple, la question des infrastructures de transport dépasse souvent le périmètre d’action des décideurs. Parfois, les territoires ont hérité de relations tissées dans le passé avec les territoires voisins. Les acteurs imaginent alors des solutions à l’échelle interterritoriale qui leur permettent de mutualiser leurs forces ou de bénéficier du dynamisme des autres territoires. Enfin, les initiatives locales en matière d’industrie présentent des modalités de mise en œuvre très différentes, notamment en matière de moyens humains et financiers mobilisés ainsi que de délais. Les politiques publiques peuvent parfois faciliter leur mise en place.

Ainsi, les acteurs locaux ont déjà commencé à réfléchir et à engager des actions pour répondre aux besoins spécifiques de leur territoire. Sur les territoires caractérisés par une pénurie de main-d’œuvre formée aux métiers industriels comme dans le Choletais, on a vu se développer les écoles de production – dispositif né au XIX^e siècle dans la région lyonnaise – ou la création par les entreprises de leur école interne. Sur les territoires caractérisés par une raréfaction du foncier à vocation industrielle, la réhabilitation de friches par les intercommunalités et leur location à des industriels constituent une solution.. Dans d’autres registres comme celui de la qualité de vie, des territoires comme Niort confortent l’attractivité de leur territoire en veillant à bien accueillir les détenteurs de compétences et leur famille, avec un ensemble de services qui les aident à se loger, à trouver un emploi pour le conjoint et les accompagne dans leurs démarches administratives. Pour favoriser enfin le développement de l’innovation, on peut citer la création d’espaces de partage de matériel numérique et d’échanges d’idées , tels que le Lab’Innovation à Lamballe.

^{L’observatoire des Territoires d’industrie associe la Banque des Territoires, l’Institut pour la recherche de la Caisse des Dépôts, La Fabrique de l’industrie, l’Agence nationale de la cohésion des territoires, Intercommunalités de France, la Fondation Mines Paris et Régions de France.}

^{Aller plus loin}

Pour en savoir plus sur ces dispositifs, vous pouvez lire la Note Refaire de l'industrie un projet de territoire et consulter les comptes rendus des séminaires ainsi que les vidéos.