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Depuis la promulgation de la Loi Climat et Résilience et la stipulation d’un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) pour 2050, les discussions sur l'interprétation de cette loi ont été nombreuses, notamment autour du terme de renaturation. Dans la loi, le terme est défini d'une part par une composante qualitative qui se réfère aux fonctions écologiques du sol. La renaturation est ainsi comprise comme l'amélioration ou la restauration de ces dernières. D'autre part, le texte de loi indique que cette amélioration qualitative du sol résulte de la transformation d'une surface artificialisée en une surface non artificialisée. En effet, l'objectif zéro net d'ici 2050 signifie qu’à partir de cette date, les surfaces nouvellement artificialisées et désartificialisées, c'est-à-dire renaturées, doivent s'équilibrer. Or, cette répartition binaire des surfaces entre « artificialisées » et « non artificialisées » ne tient pas compte de critères qualitatifs, puisque seule l'occupation et l'utilisation du sol sont prises en compte dans l'évaluation. Si la loi décrit bien la renaturation comme une revalorisation qualitative des sols, elle ne précise pas que c’est la condition de transformation d'une surface artificielle en une surface non artificielle.
Face à ce paradoxe, des doutes subsistent quant à la signification du terme renaturation au-delà d'une modification de la couverture du sol et/ou du type d'utilisation. Ces doutes sont accentués par le manque d’une définition claire de la renaturation dans le monde scientifique. Ainsi, un grand nombre de publications scientifiques soulignent la diversité des interprétations, liée à l'appropriation du terme par un nombre croissant d'acteurs différents pour des projets de plus en plus nombreux et variés. Si dans les années 2000, le terme était encore en grande partie défini dans le cadre de la réhabilitation des écosystèmes fluviaux, à partir du milieu des années 2010, le discours se déplace progressivement vers un contexte urbain, jusqu'à ce que, depuis la proclamation de l'objectif ZAN, une majorité de textes scientifiques francophones définissent la renaturation dans ce contexte.
Parallèlement à cette évolution du contexte spatial d’évocation de la renaturation au cours des 20 dernières années, on assiste également à une évolution de la définition du terme. Alors que dans les années 2000, le terme était davantage compris comme un retour ou un rapprochement d'un écosystème vers un état préexistant, à partir de la deuxième moitié des années 2010 un nombre croissant de publications décrivent la renaturation comme l'intégration d'espaces verts dans un espace urbain. La renaturation se distingue ainsi des approches traditionnelles de végétalisation axées sur l'esthétique en ce sens qu'elle conçoit les espaces verts au prisme de leurs fonctions écologiques et qu'elle favorise les synergies entre ces fonctions et les systèmes urbains existants.
Cette définition de la renaturation reste, comme nous l’avons précisé, une définition parmi d'autres, qui se caractérise toutefois par une plus grande fréquence par rapport aux autres définitions mentionnées. Ainsi, la proportion de publications décrivant la renaturation comme un retour ou un rapprochement d'un écosystème vers un état préexistant diminue au cours des vingt dernières années. Cette définition se réfère clairement à la notion de restauration écologique, un terme scientifiquement reconnu dans le domaine de l'écologie de la restauration. La restauration écologique y est définie comme le processus d'aide à la restauration d'un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit, l'objectif étant de restaurer l'intégrité des écosystèmes indigènes.
Si dans le contexte de l'amélioration écologique des écosystèmes fluviaux, la renaturation était fréquemment comprise dans les années 2000 comme la restauration d'un état préexistant d'un écosystème, le discours autour de ce terme met de plus en plus l'accent sur la restauration des fonctions écologiques. La définition énoncée dans la loi Climat et Résilience, qui se réfère à l'amélioration ou à la restauration des fonctions écologiques des sols, semble donc cohérente avec ces évolutions. Pour rapprocher la renaturation des termes existants en écologie de la restauration, il convient de recourir à celui de la réhabilitation écologique. Ce terme concerne particulièrement les écosystèmes dégradés et décrit une restauration ou une amélioration des fonctions écosystémiques. En ce sens, les définitions de la renaturation qui prévalent ces dernières années dans la littérature scientifique, ainsi que celle du ZAN, présentent de fortes similitudes avec celle de la réhabilitation.
Ces parallèles ne sont pas particulièrement surprenants, puisque la renaturation dans le ZAN est explicitement une mesure qui constitue une réponse à la destruction ou à la dégradation des habitats naturels. En effet, à l'avenir, les artificialisations doivent pouvoir être compensées par des désartificialisations, synonymes de renaturation. Au-delà de la critique d'une justification de l'artificialisation des surfaces naturelles par des mesures de compensation qui, selon plusieurs études, n'ont jusqu'à présent que rarement conduit à des compensations effectives des pertes de biodiversité, les parallèles entre la notion de renaturation et celles issues du domaine de l'écologie de la restauration peuvent inciter à intégrer les bonnes pratiques de l'écologie de la restauration dans les projets de renaturation. Ces pratiques reposent en principe sur la restauration de dynamiques ou de processus naturels.
La restauration et l’amélioration des sols sont de plus en plus au centre des débats sur la renaturation. En effet, le sol a souvent été négligé dans l'écologie de la restauration dans le passé, raison pour laquelle de plus en plus de publications scientifiques insistent sur l'intégration de connaissances écologiques sur les processus du sol et les communautés biologiques du sol dans les pratiques de restauration écologique. De même, on observe que, suite à la promulgation de la loi Climat et Résilience, une grande partie des publications francophones comprend la renaturation comme une restauration ou une amélioration des fonctions du sol, ce qui est fréquemment accompagné de l'idée d'un retour à la « pleine terre ». Dans ce contexte, le terme de refonctionnalisation des sols, qui décrit une restauration des fonctions écologiques des sols et se rapproche ainsi fortement de la définition de la loi ZAN, est régulièrement évoqué.
La disparité des définitions semble dépendre, entre autres, du contexte spatial dans lequel le terme est employé et de la profession des acteurs qui le mobilisent. Néanmoins, certaines tendances peuvent être identifiées : une association d’idées entre intégration des espaces verts dans l'espace urbanisé et récupération des fonctions écologiques ; ou encore une focalisation accrue sur les fonctions du sol. Dans ce sens, l'utilisation du terme renaturation dans le ZAN n’est pas non plus déplacée, puisqu'elle fait référence à l'amélioration ou à la restauration des fonctions écologiques des sols. Les critiques sur la définition de la renaturation dans la loi ne portent donc pas tant sur la description qualitative de la notion de renaturation, que sur la catégorisation binaire des surfaces en artificielles et non artificielles. S’il est souhaitable que cette loi survive aux gouvernements futurs, il serait pertinent d’y ancrer des critères d'évaluation qualitative permettant de déterminer les surfaces renaturées.
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Initiée par un partenariat entre la Fondation Université Gustave Eiffel et l’Institut de la Transition Foncière, la Chaire Transition Foncière est portée scientifiquement au sein de l’Université Gustave Eiffel, par le biais de deux de ses écoles composantes, l’École nationale supérieure d'architecture Paris-Est (ENSA Paris-Est) et l’École des ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP). Soutenue par l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, la Chaire Transition Foncière se veut un lieu de rencontre et de mise en commun autour de la recherche sur la question foncière, axée sur la gestion durable des sols, de la gestion foncière quantitative à la préservation qualitative des sols vivants.