cicéron
c'est poincarré
De façon très simple et pour paraphraser wikipedia, un réseau électrique intelligent, ou « smart grid » en anglais, est un réseau de distribution d'électricité qui favorise la circulation d'information entre les fournisseurs et les consommateurs afin d'ajuster le flux d'électricité en temps réel et d'en permettre une gestion plus efficace.
Autrement dit, le numérique et les technologies de l’information au service du réseau électrique pour optimiser la production, la distribution, la consommation, et éventuellement le stockage de l'énergie afin de mieux coordonner l'ensemble des mailles du réseau électrique, du producteur au consommateur final.
Cela peut permettre notamment de lisser et « tamponner » les pointes de production et de consommation, en diminuant les capacités de production en pointe qui sont les plus coûteuses, avec pour effet d'accroître la sécurité du réseau et d'en réduire le coût.
L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) a une définition officielle un peu plus complexe que celle de wikipedia, mais qui résume bien tous ces aspects : les « smart grids » sont des systèmes énergétiques capables d’intégrer, de prévoir et d’inciter efficacement et de manière intelligente les actions et comportements des différents utilisateurs, consommateurs et producteurs (industriels, tertiaires et résidentiels) qui y sont raccordés, et ce afin de maintenir une fourniture d’énergie efficace, durable, économique et sécurisée.
La transition énergétique, ainsi que la diversification des sources de production ont modifié en profondeur le secteur de l’énergie au cours des dernières décennies. Par ailleurs, sous l’impulsion d’initiatives nationales ainsi que d’accords internationaux comme le Grenelle de l’environnement en 2007 et la Cop21 en 2015, le déploiement d’éoliennes, de panneaux solaires ou de centrales biomasses se sont accélérés dans de nombreux pays.
Mais ces productions décentralisées et aux rendements souvent irréguliers ont des conséquences : pour les intégrer, il faut revoir de fond en comble le mode de gestion de l’énergie et du réseau énergétique.
Et c’est en cela que les smart grids montrent toute leur utilité, car ils permettent, grâce aux technologies de l’information, de coordonner tous les acteurs de la production électrique et de mettre en communication fournisseurs et consommateurs.
Grâce au smart grid, comme on l’a vu au début de cet article, il devient possible d’optimiser au plus haut niveau la production, la distribution et le stockage de l’énergie, le tout en temps réel.
Les gains sont évidemment multiples : la production est maitrisée, la sécurité du réseau est renforcée, les coûts sont réduits, tout comme in fine les émissions de gaz à effet de serre.
Ainsi, imaginons une ville où la majorité des bâtiments neufs sont autosuffisants dans leur production d’énergie, et même excédentaires. Des panneaux photovoltaïques sont installés sur tous les toits, des éoliennes sont édifiées sur les mers et dans les campagnes, et les véhicules électriques sont devenus majoritaires. L’exploitation des énergies fossiles et du nucléaire a peu à peu cédé la place à des sources nettement ayant moins d’impacts sur l’environnement.
Un tel projet, bien qu’il soit extrêmement ambitieux, n’est nullement utopique à un échelon de temps de quelques dizaines d’années.
La promesse des Smart grids est d’être justement la technologie qui permettra de réguler ces sources d’énergie décentralisées. Chaque foyer, chaque bâtiment sera ainsi équipé de compteurs « intelligents » permettant de gérer la répartition d’une énergie régulée par de puissants systèmes d’information. Des milliards d’euros pourraient ainsi être économisés, tout en réduisant les rejets de gaz à effet de serre.
Concrètement, au lieu de faire des investissements importants dans les mises à jour ou extensions de réseau par exemple, l’alternative offerte par les smart grids s’appuie, comme on l’a vu, sur une gestion de proximité du réseau, avec pour objectif l’équilibre local entre production et consommation, en utilisant des outils numériques d’observation, de collecte, de supervision, et d’ « intelligence ». L’intelligence distribuée permet d’harmoniser les apports des différentes sources de production et de faire converger les différents réseaux d’énergie pour les anciens et les nouveaux usages :
On peut définir ces réseaux intelligents selon quatre grandes caractéristiques :
Tout ceci fonctionne en mettant en place un certain nombre d’éléments :
Tout ceci est évidemment très complexe à mettre en œuvre, et la création d’un smart grid nécessite la mobilisation de nombreux acteurs :
Certains pays comme les Etats-Unis ou le Japon se sont montrés particulièrement volontaristes dans la mise en place de smart grids. Cela a d’ores et déjà permis de montrer le concept est non seulement réalisable, mais aussi parfaitement viable et fonctionnel. Si les investissements représentent des sommes très élevées, l’amortissement à moyen terme semble désormais acquis, de par les économies effectuées dans un secteur où les coûts se chiffrent en milliards.
Les collectivités, garantes d’une politique énergétique globale, ont un rôle clé à jouer dans la mise en œuvre de déploiements smart grids sur leur territoire ! Elles sont au cœur de ces enjeux. D’ailleurs la loi TEPCV (Territoire à Energie Positive et Croissance Verte) et dès 2015, les conventions « Territoires à énergie positive pour la croissance verte » témoignent de l’importance croissante donnée aux territoires dans la mise en œuvre des objectifs de la transition énergétique. L’ambition est claire : il s’agit de faire des collectivités territoriales les maîtres d’œuvre de la construction du futur modèle énergétique français.
Et c’est dans la continuité de ces convention que sont nés les Contrats Territoriaux de Transition Ecologique (CTE) entre l’Etat et les collectivités territoriales.
Les régions et EPCI (Etablissements Publics de Coopération Intercommunale) sont les principaux acteurs de la politique énergétique locale, même si, dans les faits, celle-ci demeure répartie entre tous les échelons territoriaux. La Loi relative à la Transition Energétique et à la croissance verte décrit précisément le nouveau rôle des EPCI :
Les bonnes raisons pour les collectivités de s’engager dans ces projets sont multiples, mais on peut au moins en retenir trois :
Sous le pilotage de la collectivité, les réseaux énergétiques peuvent être orchestrés en synergie, et par la suite exploités avec un système intelligent combinant les différents fluides.
La collectivité ou l’aménageur peuvent ainsi saisir l’opportunité de la création d’un nouveau quartier, ou d’une opération de rénovation urbaine, pour mutualiser les travaux de tranchées inter-réseaux, à la fois énergétiques (électricité, gaz, chaleur) et de télécommunications. Il peut également s’avérer pertinent d’étudier les complémentarités entre réseaux pour limiter le renforcement d’un ou plusieurs réseaux lorsque le dimensionnement des autres réseaux le permet.
Des démonstrateurs, en particulier ceux soutenus par l’ADEME dans le cadre du Programme d’Investissements d’Avenir (PIA), ont permis d’expérimenter des technologies interopérables en conditions réelles, en passant par différentes phases de validation (maturité, modèle d’affaires, acceptabilité)
Les démonstrateurs permettent de tester des modes de collaboration entre métiers ou activités historiquement séparés, et ce à plusieurs niveaux entre structures publiques (y compris de recherche) et privées. Ces projets permettent de casser des silos et favorisent des avancées significatives et constructives.
Pour conclure, on notera que les smart grids ne sont pas encore déployés massivement et de manière industrielle en France : notre pays a en effet la chance de disposer d’un réseau électrique de bonne qualité et le parc de production est peu émetteur de CO2. Cela n’incite pas forcément à des objectifs très ambitieux et peut expliquer que nous soyons plus lents que certains de nos voisins européens.
Mais l’heure viendra, n’en doutons pas, de la mise en place à large échelle de Smart grids qui contribueront à une meilleure gestion de l’énergie et à une atteinte d’objectifs ambitieux pour la TEE et le climat.
Cet article s’est inspiré d’un très bon guide réalisé par le FNCCR, territoire d’énergie, l’ADEME et thinksmartgrids qu’on trouvera en téléchargement ici :
https://www.fnccr.asso.fr/article/guide-recommandations-pour-des-collectivites-smart-grids-ready/
Télécharger le guide :