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La perte d’autonomie concerne aujourd’hui 2,5 millions de personnes et concernera 4 millions de séniors en 2050. Cet état de dépendance peut être associé à des maladies neurodégénératives, dont la fréquence d’apparition augmente considérablement avec l’âge, et qui requièrent une prise en charge spécifique, « bientraitante » et plus respectueuse des patients.
L’étude que nous avons réalisée avec les soutiens de l’Institut pour la Recherche et de la direction des politiques sociales de la Caisse des Dépôts, vise à recenser et comparer sept dispositifs de formation de bientraitance des soignants en EHPAD ainsi que la littérature permettant d’évaluer l’impact de ces formations sur le bien-être des patients et des soignants.
La France fait face à un vieillissement démographique sans précédent. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus va augmenter de manière croissante, tout comme le nombre de personnes âgées touchées par la perte d’autonomie[1]. Le sujet de la prise en charge de la perte d’autonomie devient alors une source de préoccupation majeure pour les décideurs publics. Les inquiétudes se cristallisent en particulier sur la prise en charge professionnelle et sur un métier du grand âge : les aides-soignants exerçant en structure dans la prise en charge de personnes âgées dépendantes.
Cette profession se caractérise par des conditions précaires, un salaire faible et un taux élevé d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Les conditions de travail sont aussi bien pénibles physiquement que psychologiquement et peuvent affecter la bientraitance des personnes âgées. Dès lors, tout faire pour améliorer l’attractivité de ce métier est une priorité ; il fait partie des métiers les plus demandés par les employeurs alors même que l’on constate les plus grandes difficultés de recrutement.
Des formations de bientraitance à destination des soignants en structure de prise en charge de personnes âgées se sont développées et peuvent constituer une première piste pour améliorer l’attractivité de ce métier et la prise en charge de la perte d’autonomie.
L’étude compare sept formations ; trois destinées aux personnes âgées dépendantes (Label Etablissement Bien-Traitant, Humanitude, Snoezelen), trois destinées aux personnes atteintes de la maladies d’Alzheimer et démences apparentées (Carpe Diem, Montessori, Récupération Espacée) et une formation destinée aux personnes âgées désorientées, atteintes de la maladie d’Alzheimer et en fin de vie (la Validation).
Une littérature scientifique conséquente montre les impacts bénéfiques des formations sur les personnes âgées et les soignants. Elles permettent de diminuer les troubles du comportement, et notamment les comportements agressifs chez les patients. Elles améliorent significativement les capacités cognitives, les capacités à communiquer, à s’alimenter seul des personnes âgées et permettent de reconnecter le patient au réel. Elles montrent des effets bénéfiques sur la santé des personnes âgées, leur bien-être et diminuent les états dépressifs et in fine la consommation de neuroleptiques et psychotropes chez les personnes âgées dépendantes. Elles permettent par ailleurs une amélioration des relations entre soignants et patients âgés, avec une meilleure acceptation des soins. Les conditions de travail pour les soignants sont améliorées ; grâce à ces formations, ils gèrent mieux les situations de conflits, ils se sentent moins stressés et davantage heureux sur leur lieu de travail.
Ces formations peuvent présenter des similitudes aussi bien par leurs philosophies que leurs méthodologies. Deux formations proposent ainsi une démarche de labellisation et d’amélioration continue des pratiques des structures de prise en charge de la perte d’autonomie (Label Etablissement Bien-Traitant et Humanitude). Deux formations (Carpe Diem et Montessori) visent à exploiter les capacités préservées des personnes âgées mais en utilisant des approches différentes. Carpe Diem se fonde sur la psychologie humaniste de Carl Rogers qui vise à responsabiliser l’individu, tandis que la formation Montessori favorise l’éveil dans des activités manuelles spécifiques. La formation de la Validation est, tout comme Carpe Diem, fondée sur une relation de confiance entre soignant et personne âgée. Elle utilise l’empathie pour reconnaître les émotions des personnes âgées et essayer de les reconnecter à la réalité. Comme Montessori, deux autres formations visent à réhabiliter les capacités cognitives des personnes âgées. L’une, Snoezelen, est une expérience qui vise à mettre en éveil les sensations physiques, tandis que l’autre, Récupération espacée, vise à enseigner une méthode de mémorisation d’informations.
Tableau 1 : Comparaison des publics et des philosophies des formations
Si toutes ces formations peuvent être mises en place en intra, au sein d’un même établissement, elles peuvent cependant se différencier par le nombre de modules proposé, si la formation propose un projet d’établissement au-delà du soin, si elle est portée par le chef d’établissement, si elle peut être enseignée en inter, aux structures intervenant au domicile des personnes âgées, aux autres équipes que les équipes soignantes, aux bénévoles et proches aidants.
De toutes ces formations, nous avons isolé trois qualités qui nous semblent primordiales parmi les multiples caractéristiques des formations. En premier lieu, ancrer l’établissement dans un projet de bientraitance, ensuite, former les non professionnels, aidants informels et bénévoles qui ont eux aussi besoin de ces formations, et pour finir assurer un suivi des enseignements de la formation pour qu’elle soit toujours bien appliquée après plusieurs années.
Lire le rapport Analyse des dispositifs de formation des soignants en EHPAD
[1] Insee (2019) « 4 millions de seniors seraient en perte d’autonomie en 2050 », Insee Première, n°1767.