cicéron
c'est poincarré
Crédit Aerogondo/Adobe Stock
D’abord parce que trop souvent, les objectifs poursuivis par la collectivité dans l’exercice de participation citoyenne ne sont pas assez clairement exprimés : pourquoi nous concertons ? Qu’attendons-nous de la concertation ? Comment va-t-elle impacter le projet accompagné, la décision publique ? Il ne peut y avoir de bon exercice de concertation sans une commande explicite, et aucune de ces questions ne devrait rester sans réponse.
Ensuite parce que si la concertation publique a été rendue obligatoire dans toujours plus de procédures, ses modalités restent libres. Or, en la matière, le choix de dispositifs adaptés, la mobilisation des moyens suffisants, conditionnent grandement leur bon déroulement et la légitimité de leurs résultats. Trop souvent encore, ce n’est pas le cas.
Enfin, parce que le management de la concertation, l’accompagnement de toutes les parties prenantes, est un exercice difficile qui réclame des compétences et de l’expérience qui sont trop rarement mobilisées : quand le débat se contracte, quand le champ des possibles se referme prématurément, quand le temps est venu de synthétiser une aide à la décision politique.
Si au terme d’exercices de concertation, de nombreux participants – aussi bien du côté des collectivités que des citoyens - manifestent de la frustration malgré l’évidente bonne volonté de toutes les parties, c’est parce que la procédure s’est avérée fragile.
Autre dimension du problème, les méthodes et procédures de participation citoyennes doivent être renouvelées pour susciter un nouvel élan d’adhésion. Non seulement elles doivent être plus claires, plus opérationnelles, et mieux accompagnées, mais elles doivent aussi se révéler plus expérimentales, innovantes et apprenantes.
De ce point de vue, la capacitation des citoyens, leur montée en compétence et responsabilité, rendue possible par de nouvelles instances (jury citoyen, conventions, assemblées territoriales) ou ressources (budget citoyen), est un enjeu fondamental des concertations fructueuses. Cette capacitation doit aussi permettre de mettre en œuvre des objectifs importants de la concertation, comme l’inclusivité (associer tous les publics) ou l’opérationnalité (produire une réflexion, des idées, utilisables).
Il convient aussi de s’interroger sur des démarches moins « ouvertes » - au sens de l’information d’un grand public élargi -, plus immersives et sensibles, et de fait plus qualitative et moins quantitatives. La participation va au contact du savoir d’usage, se déplace in situ, emprunte les chemins de la médiation artistique etc. Autant de formats qui permettent de mieux appréhender le contexte et de développer des rapports confiants.
La capitalisation et le retour sur expérience sont deux éléments qui contribuent à valoriser, légitimer et travailler à l’amélioration continue des pratiques participatives. En ce sens, l’évaluation, notamment démocratique (ou de co-évaluation collectivité/citoyens), permet – en tirant les enseignements de ce qui a fonctionné ou pas - de développer localement une véritable culture de la concertation efficiente.
A la mesure de ces efforts de professionnalisation (donc d’investissement) et d’innovation, la démocratie participative peut parfaitement se révéler un facteur de régénération de l’exercice politique local.
Pour en savoir plus : egallot@citadia.com