Aujourd’hui, les territoires littoraux et de montagne sont les premiers soumis aux effets et conséquences du dérèglement climatique, ce qui les expose tout particulièrement à des crises immédiates et de long terme, imposant de reconsidérer leurs contextes géographiques, économiques et sociaux, de revoir en profondeur leurs logiques historiques et traditionnelles d’organisation territoriale et leurs « logiciels » d’aménagement du territoire.

 

Un niveau de préparation et de planification lacunaire face à la nouvelle donne climatique

Les territoires littoraux et de montagne partagent de longue date des potentialités et contraintes communes, parmi lesquelles la grande qualité de leurs sites, milieux et paysages, leur grande sensibilité géomorphologique et leur vulnérabilité face à l’érosion, mais aussi leur non moins grande attractivité touristique et résidentielle.

Fort de ce constat, l’Etat a, au mitan des années 80, édicté presque simultanément la Loi Montagne (1985) et la Loi Littoral (1986) qui comportent des dispositions réglementaires très similaires, dont les principales : préservation des espaces naturels et agricoles caractéristiques, et principe de continuité de l’urbanisation (pas d’étalement).

Toutefois, l’examen des dynamiques à l’œuvre sur les territoires de montagne et du littoral démontrent que nous ne sommes pas encore collectivement engagés dans une stratégie unifiée pour ces espaces sous pression. C’est aujourd’hui encore  l’approche technique qui est la clé d’entrée de ces enjeux, sans requestionner plus largement les dynamiques de développement à l’œuvre qui se traduisent par la densification des actifs (logement principal ou saisonnier, équipements touristiques et de loisirs…),  au sein de territoires qui vont être impactés de plein fouet par le dérèglement climatique. Le sujet n’est pas simplement un sujet d’adaptation mais bien un projet de territoire dans son ensemble car le dérèglement climatique va bouleverser très largement le modèle économique des territoires de montagne et du littoral fortement basé sur l’économie de la neige d’un côté et l’économie de la mer de l’autre.

Un rapport à ces territoires à enjeux à reconstruire

Alors que nous constatons déjà ses effets, les phénomènes démonstratifs vont se multiplier au cours des prochaines années. La prise de conscience est donc indispensable pour engager pleinement ces territoires dans un pivot réel pour leur développement à venir

Il est nécessaire, plus qu’ailleurs, d’y repenser un nouvel équilibre entre les sociétés et leurs milieux ; en puisant dans la grande ressource positive du récit historique de ces territoires qui ont démontré une formidable capacité de leurs sociétés humaines à s’adapter aux conditions souvent rudes et changeantes de leur environnement, à transformer en atouts des contraintes physiques pour y développer successivement l’agriculture, l’industrie, le tourisme et l’économie résidentielle.

Une tradition de résilience qui est aujourd’hui à nouveau convoquée, pour faire émerger de nouveaux modèles de développement face aux défis de l’anthropocène.

Une bifurcation est nécessaire. Un nouveau regard doit être porté sur les territoires, moins utilitariste, moins démiurgique - « il faut arrêter de modeler la montagne » -, mais toujours respectueux des équilibres humains en présence – « pouvoir continuer à accueillir une population permanente et touristique »-, qui doit structurer une nouvelle génération de documents d’urbanisme réglementaire, SCOT et PLU.

La structuration de cette vision n’est pas un exercice facile, elle doit nécessairement bénéficier d’un accompagnement technique qui permette qu’elle soit solide et partagée. La participation citoyenne est en effet une dimension clef de la transition territoriale : la vie des territoires après les sports d’hiver, ou avec moins ou pas de plages du fait de l’érosion littorale, ne peut s’envisager et se développer qu’avec les populations concernées. Mais la mise en œuvre de cette vision nécessite de nouvelles formes de gouvernance et de coopération.

De véritables projets de sociétés doivent être développés à des échelles plus géographiques qu’administratives : celle d’une vallée ou d’un continuum littoral plutôt que celle d’une communauté de commune ou d’agglomération. Ces projets doivent aussi être beaucoup plus (pré)opérationnels que ne l’ont été jusqu’à présent les SCOT et PLU : la sensibilité particulière de ces espaces, l’intensité des pressions économiques et sociales qu’ils subissent, imposent le développement de véritables master-plans spatialisés, quantifiés, phasés permettant d’apporter des réponses concrètes et rapides aux effets du dérèglement qui se multiplient sous nos yeux.

Contrairement à certaines idées reçues, les outils (méthodes, procédures…) ne manquent pas, mais la technicité oui. Les visions innovantes et les politiques responsables doivent nécessairement mobiliser une ingénierie mobilisée. Personne ne peut en douter aujourd’hui.

 

Pour un décryptage complet :

 

Le livre blanc « Montagnes et littoraux : en première ligne face au dérèglement climatique » réalisé par le groupe SCET, épaulé par sa filiale Citadia, établit un état de lieux sans fard des impacts actuels et prévisibles du dérèglement climatique sur les territoires littoraux et de montagne. Les analyses des experts se concentrent sur les dimensions économiques et sociales, et tout particulièrement immobilières, de la problématique. De même, des objectifs d’avenir sont identifiés, parmi lesquels la redirection et diversification économique, meilleure protection des écosystèmes et développement local au service d’une qualité de vie à l’année (et non plus saisonnière).