Dans le cadre de la 28e Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) qui a pour thématique cette année « Handicap et parcours professionnel : comment assurer une vraie égalité des chances ? », retour sur la situation des travailleurs en situation de handicap en France aujourd’hui.

Des avancées notables

En France, environ 12 millions de personnes vivent avec un handicap, parmi lesquelles 3,1 millions bénéficient d’une obligation d’emploi. Elles représentent 7,5 % de la population totale des 15-64 ans, un chiffre en légère augmentation par rapport à l’année précédente (7,1 % - source : Agefiph). Le taux de chômage des personnes en situation de handicap a également nettement reculé entre 2015 et 2023 passant de 17 % à 12 % pour atteindre son plus bas niveau (Source : Dares et Agefiph).

De nombreuses mesures ont été prises en faveur des personnes handicapées depuis la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances des personnes en situation de handicap, dite « loi handicap », qui a posé les principes de l’accessibilité et de la compensation.

Parmi ces mesures, des mesures phares issues de la loi de 2018 dont l’obligation pour les entreprises et les administrations de plus de 20 salariés d'employer au moins 6 % de personnes handicapées, ou encore, l’obligation pour les entreprises de plus de 250 salariés de désigner un référent handicap pour mieux orienter, informer et accompagner les travailleurs handicapés.

Si l’arsenal juridique permet aux personnes en situation de handicap de bénéficier de dispositions spécifiques en faveur de l’emploi (accès facilité à la fonction publique, aides et dispositifs de formation, accompagnement par des organismes spécialisés…) ou pour le conserver (aménagement du poste de travail, des horaires…), leur situation sur le marché du travail demeure fragile.

Par rapport à l’ensemble de la population, leur taux d’activité (en emploi ou au chômage) est nettement plus bas (44 % contre 74 %) et, parmi les actifs, le taux de chômage est plus élevé (12 % contre un peu plus de 7 %), et le chômage plus souvent de longue durée (5 % contre 2 %) – source : dares.

Malgré des avancées notables , l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés demeure un défi majeur. D’autant que 75 % des personnes en situation de handicap estiment que leur parcours professionnel a été freiné par leur handicap (source : étude Ifop pour l’Agefiph, Ladapt et et le Fiphfp).

Des freins persistants

Les difficultés d’intégration des personnes handicapées dans le monde du travail sont multiples.

Du côté des employeurs, elles s’expliquent notamment par :

  • un manque de sensibilisation : les employeurs méconnaissent souvent les différents types de handicap, notamment les handicaps invisibles (80 % des cas) ;
  • des stéréotypes persistants : certains pensent qu’intégrer une personne handicapée alourdit les contraintes organisationnelles, alors que de nombreuses adaptations sont simples à mettre en œuvre. Selon le rapport annuel d’activité 2023 du Défenseur des droits, le handicap constitue la première cause de discrimination en France ;
  • l’inadaptation de certains postes de travail : les employeurs doivent nécessairement prendre les mesures appropriées pour permettre aux salariés handicapés d'accéder à un emploi correspondant à leurs qualifications ou de conserver un emploi qu'ils occupent ;
  • un manque d’accessibilité : malgré les réglementations en vigueur, certains locaux ou outils numériques non accessibles aux personnes handicapées, limitent l’accès à certains postes ;
  • une méconnaissance des aides et des services proposés aux employeurs par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph) et le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (Fiphfp).

Du côté des travailleurs handicapés, cette situation s’explique en particulier par :

  • un niveau de diplôme et de formation inférieur à la moyenne ;
  • une méconnaissance des avantages offerts par la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) alors même que cette reconnaissance leur ouvre de nombreux droits pour faciliter leur insertion sur le marché de l’emploi, leur intégration en entreprise,  leur maintien dans et en emploi ;
  • un manque d’information : nombreuses sont les personnes qui ignorent leurs droits, les aides auxquelles elles peuvent prétendre, les mesures existantes en matière de compensation du handicap en emploi ou en formation, ou celles qui ne savent pas comment en bénéficier ni à qui s’adresser.

Le site Mon Parcours Handicap, développé par la Caisse des Dépôts pour le compte du Service public de l’autonomie, constitue une réponse aux difficultés que rencontrent les personnes pour accéder à des informations fiables, claires et actualisées sur de nombreux sujets.

Mon parcours handicap, un outil au service des personnes handicapées

Lancé le 6 mai 2020 avec une première série de contenus dédiés à l’emploi et à la formation, le site Mon Parcours Handicap a pour vocation de simplifier le quotidien et les démarches des personnes handicapées et de leurs aidants en leur offrant un point unique d’information, d’orientation et de services.

Avec près de 6 millions de visiteurs en 2023, le site s’enrichit chaque année de nouvelles rubriques d’information thématiques avec l’objectif de couvrir, à terme, tout le parcours de vie des personnes handicapées. Répondant aux exigences d’accessibilité numérique, ce site co-construit avec des partenaires officiels, des personnes en situation de handicap et leurs aidants, donne accès, par ailleurs, à :

Le site Mon Parcours Handicap s’inscrit en complémentarité de nombreuses initiatives en faveur des personnes handicapées.

Emploi des personnes handicapées, des leviers pour agir

Pour favoriser l’emploi des personnes handicapées, il est essentiel d’amplifier les efforts d’information et de sensibilisation afin de déconstruire les stéréotypes. Lutter contre les stéréotypes permettra d’éviter les risques de discrimination et le phénomène d’autocensure des personnes en situation de handicap. De nombreuses personnes éligibles à la RQTH sont freinées par de multiples peurs, liées aux préjugés que véhicule parfois le handicap : peur de la stigmatisation, de voir ses compétences dépréciées, d’être isolé, crainte d’une stagnation de la carrière professionnelle. Conduire des actions de sensibilisation au handicap doit permettre aux entreprises comme aux établissements publics de réviser leurs représentations du handicap, de ne pas surestimer l’impact du recrutement d’une personne handicapée et donc d’avoir la capacité d’agir en faveur de l’emploi des personnes handicapées.

Parmi les opérations qui jouent un rôle clé en ce sens :

  • la SEEPH qui vise à sensibiliser le grand public et les entreprises aux enjeux du handicap en milieu professionnel ;
  • le DuoDay qui permet aux personnes handicapées de découvrir un secteur d’activité ou un métier, et aux employeurs de sensibiliser leurs équipes au handicap, de déconstruire les stéréotypes et d’ouvrir le dialogue sur les bénéfices d’une culture inclusive.

Parallèlement au DuoDay, le dispositif d’immersion professionnelle constitue également une belle opportunité pour les personnes qui souhaitent, sur une période plus longue (un mois), tester un métier en situation réelle avant de s’engager dans une démarche de formation ou de reconversion du fait de leur situation de handicap.

Les événements dédiés au recrutement de travailleurs handicapés ou à l’accompagnement de ces personnes vers l’emploi (ex. : salon Hello Handicap, Forum Talents Handicap) jouent également un rôle primordial. Ils permettent aux personnes de rencontrer des employeurs ouverts et sensibilisés au handicap, et aux employeurs de sourcer des candidats et de s’engager dans une démarche de recrutement réellement inclusive.

Autre levier : la formation. Le niveau de diplôme des personnes handicapées est inférieur à la moyenne du fait, bien souvent, d’une scolarité plus difficile. Les actions de formation en direction de ce public doivent être soutenues pour élever le niveau de qualification des personnes, favoriser leur embauche, leur projet d’évolution ou de reconversion ; et ce, malgré une baisse des entrées en formation des demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi de 10 % entre janvier-septembre 2022 et janvier-septembre 2023 (source : Agefiph). Le compte personnel de formation est un outil précieux pour toutes les personnes qui souhaitent se développer professionnellement. D’autant que depuis 2019, les personnes bénéficiaires de l’obligation d’emploi ont droit à une majoration financière de leurs droits à la formation de 300 euros (500 euros pour les non bénéficiaires) dans la limite d’un plafond annuel de 8 000 euros (5 000 euros pour les non bénéficiaire).[lien vers Mon Parcours Handicap].

La collaboration des équipes de France Travail et de Cap emploi ainsi qu’avec les autres acteurs du service public de l’emploi doit, par ailleurs, se poursuivre et s'amplifier pour favoriser l’embauche et le retour à l’emploi des travailleurs handicapés, les soutenir et les accompagner dans leurs projets de formation, mais aussi inciter les employeurs à embaucher des travailleurs ou des apprentis en situation de handicap, les accompagner dans leurs démarches de recrutement et d’intégration. Chaque employeur du secteur privé et public comme chaque travailleur handicapé peut bénéficier d’un accompagnement spécifique par un conseiller Cap emploi-France Travail en lien avec les aides et services proposés par l’Agefiph ou le Fiphfp. Sans oublier, les référents handicap qui jouent, au sein des établissements privés comme publics, un rôle essentiel dans l’accès et le maintien en emploi et dans l’emploi des travailleurs handicapés.

Enfin, en réponse à certains besoins exprimés par les usagers du site, une offre de services pourrait être directement rendue accessible sur le site Mon Parcours Handicap, , en lien avec les acteurs du service public de l’emploi, de la compensation du handicap, du compte personnel de formation, de la plateforme immersion facile, via un système d’interconnexion avec leurs propres services.

Ex. : accès au catalogue des aides et à la plateforme de demande d’aide de l’Agefiph, accès à un joboard recensant toutes les offres d’emploi proposées par des employeurs handi-accueillants, accès à une cvthèque anonymisée pour permettre aux employeurs de sourcer, etc. En complémentarité de cette offre de services numériques et des informations déjà offertes sur Mon Parcours Handicap, donner accès aux internautes à un service de pair-accompagnement comblerait une réelle attente exprimées par les personnes qui rencontrent des difficultés pour effectuer leurs démarches, se sentent isolées ou perdues, etc.

Par ces actions combinées, il devient possible de créer un environnement favorable à l’inclusion dans l’emploi des personnes en situation de handicap.

À l’aube des 20 ans de la « loi handicap » , une consultation citoyenne a été lancée en octobre 2024 par le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) pour recueillir des propositions sur les droits des personnes handicapées, y compris dans le domaine de l’emploi. Une opportunité pour toutes les personnes qui souhaitent faire entendre leur voix.