cicéron
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Crédit ©Morgane Chambrion
RÉSILIENCE. Encore un terme à la mode, au point d’être devenu un lieu commun ? Ce concept désigne pourtant la capacité d’un individu à rebondir après un traumatisme et fait particulièrement sens dans la période que nous traversons. Entre les aléas associés au changement climatique, ceux liés à la dégradation de nos écosystèmes et les risques inhérents à la qualité de l’air, de l’eau et des sols, nos territoires se heurtent aujourd’hui à une triple crise : du climat, de la biodiversité et des ressources.
Nos territoires sont-ils capables de résilience ? Peuvent-ils l’aborder autrement que par une bifurcation radicale de leurs modèles de développement, un « big bang » des territoires ? Autrement dit, l’urgence de la situation peut-elle s’accommoder de petits pas ? La nécessaire mutation de nos sociétés vers une économie bas carbone et plus territorialisée, ne fait plus débat aujourd’hui. En réalité, plus que la portée et l’ampleur des transformations à mener, c’est la question de l’urgence de l’action qui doit primer. Ces enjeux exigent des efforts considérables pour parvenir à infléchir la trajectoire actuelle. Celle du scénario où nous dépasserons les +1,5 °C. Les travaux du GIEC le montrent bien : viser la neutralité carbone à l’horizon 2050 ne suffit pas. Il faut engager des transformations radicales au cours des 10 prochaines années. Cet état des lieux nous invite à les engager sans délai pour rendre nos territoires plus résilients.
Nous en sommes capables et c’est LA leçon à retenir de cette crise sanitaire mondiale. La pandémie a eu pour effet de pointer les priorités et de remettre au centre de l’agenda la question de la « durabilité ». Cette crise a aussi été l’occasion pour les territoires de démontrer leur résilience, avec des capacités de mobilisations et de transformations immédiates. Mais agir vite ne doit pas être synonyme de précipitation. Le renversement de nos modèles constitue un processus de changement qui s’inscrit dans le temps long. Contrairement à la crise sanitaire, la crise énergétique et écologique constitue un choc délétère dont les effets ne sont pas toujours palpables ni instantanés, d’où notre difficulté à les appréhender à leur juste mesure.
À l’évidence, la résilience ne pourra s’obtenir qu’à la condition de recourir à des mesures dépassant l’opposition « big bang/petits pas », et à des actions engagées à la fois sur le très court et le long terme. Pour y parvenir, en appui du plan de relance ambitieux lancé par l’État, la Caisse des Dépôts est aux avant-postes avec des investissements massifs. Plus de 26 milliards d’euros sont mobilisés pour permettre le déploiement rapide, dans les territoires, de mesures engageant résolument notre pays vers la transition énergétique et écologique. Enfin, face à l’urgence climatique, le financement d’une économie bas carbone est une priorité absolue. En tant qu’investisseur et gestionnaire d’actifs, nous nous sommes engagés à exclure tout investissement néfaste pour le climat et l’environnement tout en accroissant nos financements en faveur de projets verts.
La tâche est ardue et les chantiers qui sont devant nous sont immenses, mais je crois profondément que nous en sommes collectivement capables. À nous de rendre ce futur possible et désirable.
Cette tribune d’Eric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts, est extraite du premier numéro du magazine : L’Eclaircie publié par Novethic et la Caisse des Dépôts.